Soudan: 6 morts dans des heurts après des progrès dans les négociations

Cinq manifestants et un militaire ont été tués dans la nuit de lundi 13 au mardi 14 mai à Khartoum, quelques heures après une percée dans les pourparlers entre les représentants de la contestation soudanaise et les généraux au pouvoir sur la transition politique.

Soudan: 6 morts dans des heurts après des progrès dans les négociations

Le 14 mai 2019 à 9h35

Modifié le 10 avril 2021 à 21h10

Cinq manifestants et un militaire ont été tués dans la nuit de lundi 13 au mardi 14 mai à Khartoum, quelques heures après une percée dans les pourparlers entre les représentants de la contestation soudanaise et les généraux au pouvoir sur la transition politique.

Les deux parties doivent poursuivre mardi ces discussions jugées cruciales pour le pays, un peu plus d'un mois après la chute sous la pression de la rue du président Omar El-Béchir, au pouvoir durant trois décennies.

Mardi matin, la situation était calme dans la capitale soudanaise, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Au cours de la soirée précédente, selon le Conseil militaire, "des éléments non identifiés qui voulaient saboter les négociations" ont ouvert le feu devant le QG de l'armée, où se tient depuis plus d'un mois un sit-in des contestataires.

Plusieurs civils ont été tués, ainsi qu'un commandant de la police militaire, a annoncé lors d'une conférence de presse en milieu de nuit le Conseil militaire. Trois soldats ont aussi été blessés, a-t-il ajouté.

Sans donner de détails, le Conseil militaire a affirmé que "des hommes armés" avaient été signalés "parmi les protestataires".

Des sources médicales proches du mouvement de contestation ont rapporté la mort de cinq manifestants, dont au moins un devant le QG de l'armée.

Poursuite des pourparlers

Ces incidents sanglants avaient été précédés par de premières tensions: dimanche soir, des manifestants avaient bloqué une grande artère de la capitale -la rue du Nil- en accusant les militaires d'avoir fermé un pont menant à leur sit-in permanent.

Trois manifestants avaient été ensuite blessés par balles lundi lors de heurts avec des forces de l'ordre, selon le Comité des médecins.

Les paramilitaires de la Force de soutien rapide (RSF) avaient en outre dispersé à coups de bâton des manifestants dans plusieurs endroits de Khartoum, et démantelé des barricades, d'après la même source.

Le Conseil militaire avait jugé "totalement inacceptable" le blocage de la rue du Nil.

Les violences meurtrières de la nuit sont elles intervenues quelques heures après l'annonce d'un progrès dans les négociations.

"Au cours de la réunion d’aujourd’hui (lundi), nous nous sommes mis d'accord sur la structure des organes (de transition) et leurs prérogatives", a déclaré à l'AFP un porte-parole des protestataires, Taha Osman.

Ces organes sont un "Conseil souverain, un cabinet et une assemblée législative", a-t-il précisé.

M. Osman a indiqué que les discussions se poursuivraient mardi, notamment "sur la durée de la période de transition et la composition du (nouveau) conseil" et des deux autres organes.

Le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamsedddine Kabbachi, a confirmé les termes de l'accord.

"Demain (mardi), nous allons discuter des pourcentages de représentation (au sein des organes) et de la durée de la transition", a-t-il dit.

Jusqu’ici, les deux parties divergeaient notamment sur la composition d'un Conseil souverain appelé à remplacer le Conseil militaire de transition qui a pris le pouvoir après l'éviction de M. Béchir le 11 avril.

L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, veut qu'il soit dominé par les civils tandis que l'armée cherche à ce qu'il comprenne une majorité de militaires.

Les généraux souhaitent en outre une période de transition de deux ans, tandis que les protestataires veulent que cette période dure quatre années.

Les militaires veulent en outre garder la charia (loi islamique) comme source de la législation pendant la période de transition.

Béchir inculpé

A la tête du Soudan pendant près de 30 ans, le président Béchir a été destitué à l'issue d'une série de manifestations populaires qui ont débuté le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays en proie déjà à une grave crise économique.

Lundi, le procureur général a annoncé l'inculpation de M. Béchir, actuellement emprisonné à Khartoum.

"Omar el-Béchir et d'autres (personnalités) ont été inculpés pour incitation et participation au meurtre de manifestants", a-t-il indiqué dans un communiqué, en recommandant l'"accélération des enquêtes sur les meurtres d'autres manifestants".

Selon une association de médecins proche de l'ALC, 90 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre depuis le début des manifestations le 19 décembre. Les autorités parlent d'un bilan de 65 morts.

L'ancien chef de l'Etat fait également l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui souhaite le voir répondre à La Haye d'accusations de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre lors du conflit au Darfour (ouest).

Fin avril, le Conseil militaire de transition avait indiqué refuser un transfert vers La Haye, laissant cette éventuelle décision à un futur gouvernement civil.

Dans la nuit de lundi à mardi, il a par ailleurs souligné qu'un frère du président déchu ne se trouvait pas en détention, contrairement à une annonce faite précédemment.

Le 17 avril, le Conseil militaire avait fait état de l'arrestation de deux des cinq frères de M. Béchir, Abdallah Hassan el-Béchir et Al-Abbas Hassan el-Béchir.

Si le premier a bien été arrêté ce jour-là, il est apparu que le second se trouve "en Turquie", a déclaré le général Kabbachi.

D'après lui, Ankara a refusé jusqu'à présent son transfèrement.

(Avec AFP)

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