Le FMI recommande l'élargissement de la bande de fluctuation du dirham “sans tarder”

Dans son nouveau rapport consacré au Maroc, le FMI revient sur les thèmes connus tels que le chômage des jeunes, le budget ou la dette. Il consacre surtout une large place au processus de flexibilisation des changes, recommandant un nouvel élargissement de la bande de fluctuation de la monnaie nationale "sans tarder". Jouahri et Benchaâboune s'y engagent, sans toutefois annoncer de date.

Le FMI recommande l'élargissement de la bande de fluctuation du dirham “sans tarder”

Le 25 janvier 2019 à 7h33

Modifié 11 avril 2021 à 2h51

Dans son nouveau rapport consacré au Maroc, le FMI revient sur les thèmes connus tels que le chômage des jeunes, le budget ou la dette. Il consacre surtout une large place au processus de flexibilisation des changes, recommandant un nouvel élargissement de la bande de fluctuation de la monnaie nationale "sans tarder". Jouahri et Benchaâboune s'y engagent, sans toutefois annoncer de date.

“Les autorités ont l'intention de passer à la prochaine phase de cette réforme [la flexibilisation des changes] à des fins préventives dès que les conditions économiques le permettront (…)“.  C’est ce qu’annoncent Mohamed Benchaâboun et Abdellatif Jouahri dans une lettre à Christine Lagarde insérée dans le nouveau rapport du FMI sur le Maroc.

Les autorités monétaires et financières marocaines confirment donc leur intention d’élargir de nouveau la bande de fluctuation du Dirham, portée à +/– 2,5% en janvier 2018. Mais aucune date n’est annoncée quant à cette étape.

Une source officielle et autorisée marocaine contactée par Médias24 nous a affirmé : “aucune décision n’a été prise“, concernant la date du prochain élargissement. En 2018, le premier élargissement avait été annoncé au cours du week-end.

Selon nos sources, la situation des finances publiques et le creusement du déficit commercial incitent les autorités à une certaine prudence. Ce qui est en cause, c’est la crainte d’une dépréciation du Dirham qui importerait de l’inflation, dans une situation sociale délicate.

Les arguments en faveur d’un passage rapide à cette seconde phase sont plus nombreux : donner un signal positif et montrer de l’assurance ; le faire à titre “préventif“ comme l’écrivent Benchaâboun et Jouahri ; cela, sachant qu’un élargissement peut être modéré, par exemple passer à +/- 5%. En maintenant une fourchette limitée, on contient le risque de dépréciation et donc d’inflation importée.

Le FMI l’écrit dans son rapport: une dépréciation de la monnaie nationale aurait “un effet bénéfique sur les exportations et donc sur l’emploi“. Le taux de change effectif réel s’est apprécié au cours des dernières années selon le FMI.

Poursuite de la flexibilisation des changes: "Le staff du FMI a recommandé d'aller de l'avant sans retard inutile à des fins préventives, afin de protéger les réserves, de rendre l'économie plus en mesure d'absorber les chocs extérieurs potentiels et de préserver la compétitivité. Plus généralement, cette réforme encouragera la diversification des exportations et le développement des PME, ce qui favorisera la création d'emplois et de revenus pour les pauvres et les classes moyennes (90% des entreprises sont des PME). Les autorités restent déterminées à poursuivre la transition du taux de change, qui consisterait à élargir davantage la bande de fluctuation du dirham, lorsque les conditions le permettront et dans le contexte d'une stratégie de communication bien structurée", écrit le rapport.

Inflation faible et stable: "L'inflation a été inférieure à 10% au cours des cinq dernières années. Le taux est resté faible à 1,1% sur douze mois en septembre 2018 et devrait se stabiliser à environ 2% à moyen terme. Le cadre de la politique monétaire continue de reposer sur un ancrage du taux de change vis-à-vis d’un panier composite comprenant l’euro et le dollar américain. La transition vers une plus grande flexibilité des taux de change amorcée en janvier 2018 devrait permettre de cibler l'inflation dans les années à venir, permettant ainsi à l'économie de mieux absorber les chocs externes. Selon le staff du FMI, cette transition devrait se dérouler sans heurts, car les conditions préalables sont largement réunies et le Maroc passe d'une position de force en raison de marges de sécurité budgétaires et externes raisonnables, d'un secteur financier résilient et de restrictions des sorties de capitaux des résidents".

Le FMI prévoit, sur la base de ses échanges avec les responsables marocains, une amélioration progressive de la croissance au cours des prochaines années ainsi qu'une maîtrise du déficit budgétaire, notamment grâce à la hausse des recettes fiscales. De la sorte, le ratio dette publique/PIB devrait baisser. EXTRAITS:

"La croissance est restée robuste en 2018 et devrait s'accélérer progressivement à moyen terme, sous réserve de l'amélioration des conditions extérieures et de la mise en œuvre résolue des réformes.

"Néanmoins, les perspectives demeurent sujettes à des risques de dégradation externes externes, notamment des risques géopolitiques accrus, une croissance lente des principaux partenaires commerciaux du Maroc et la volatilité des marchés financiers mondiaux.

"Sur la base des progrès réalisés dans le cadre des arrangements antérieurs PLL, un nouvel assainissement budgétaire va contribuer à réduire le ratio dette publique / PIB à moyen terme tout en garantissant la priorité aux investissements et dépenses sociales. Ces efforts devraient être basés sur les impôts et la fonction publique ainsi qu'une décentralisation budgétaire saine, un contrôle renforcé des entreprises appartenant à l'État et meilleur ciblage des dépenses sociales.

"L'accent est également mis sur la réduction des inégalités sociales et régionales et l'amélioration de l'accès aux services publics et de la qualité de ceux-ci.

"On prévoit une hausse progressive de la croissance, une inflation modérée (...) à moyen terme. Ces résultats sont fondés sur la mise en œuvre soutenue de réformes, notamment pour améliorer l'environnement des entreprises, accroître la productivité et augmenter les recettes fiscales.

"Plusieurs réformes sont nécessaires pour assurer la viabilité des finances publiques à moyen terme et réduire les risques budgétaires.

La Réforme fiscale: "une réforme complète du système fiscal est nécessaire pour accroître son équité et réduire les distorsions, tout en augmentant le recouvrement des impôts de 0,8% du PIB d’ici 2020 (et de 1,3% du PIB à moyen terme). Cette stratégie devrait refléter la nécessité d'aligner les taux de TVA réduits sur les biens manufacturés et les services au taux de TVA standard; réduire les exonérations fiscales; mieux faire payer les impôts des professions libérales et indépendantes; abaisser et simplifier le taux d'imposition des sociétés; et augmenter les taxes foncières. Au début de 2019, [les assises] de la fiscalité seront l’occasion de concevoir une stratégie de réforme fiscale et le FMI sera prêt à fournir support technique.

La nécessaire maîtrise des salaires publics: "Les autorités ont l'intention de maintenir la masse salariale publique en dessous de 10,5% du PIB à moyen terme afin de ne pas compromettre les dépenses prioritaires. Plus largement, étant donné la masse salariale publique élevée au Maroc, une réforme de la fonction publique est nécessaire pour générer
des économies durables tout en renforçant l'efficacité et la qualité des services publics. Les autorités ont introduit plusieurs mesures qui doivent encore être mises en œuvre, telles que la mobilité du personnel. Des mesures supplémentaires, y compris la progression de carrière basée sur le mérite et une simplification du statut de la fonction publique seront également nécessaires.

"La décentralisation budgétaire sera importante pour améliorer l'accès aux services publics. La loi de finances organique adoptée en 2015 a défini les contours de ce processus et renforcé la gouvernance locale. Un projet de loi visant à renforcer le rôle des centres régionaux d'investissement CRI et à mieux prendre en compte les besoins locaux dans les décisions d'investissement a été soumis au Parlement en octobre 2018.

"Enfin, avec l’augmentation des transferts de ressources publiques aux entités locales, des mécanismes permettant d’assurer une gestion financière saine à tous les niveaux sont essentiels: une charte de déconcentration, à mettre en œuvre en 2019, contribuera à clarifier les compétences locales, à introduire des critères transparents pour les transferts intergouvernementaux, à atténuer les risques de responsabilité éventuelle (...).

Entreprises publiques. "Un projet de loi visant à renforcer la gouvernance et le contrôle des entreprises d'État et à améliorer leurs performances devrait être soumis au parlement lors de la session d'avril 2019. Les entreprises d'État alignent leurs pratiques comptables sur la Norme internationale d'information financière et les autorités préparent des données de bilan consolidées pour les entreprises d'État. Le prochain programme de privatisation contribuera également à améliorer la performance des entreprises d'État, notamment en recentrant leurs activités sur les missions principales".

Le conseil d’administration du FMI avait approuvé lei 17 décembre 2018, un accord sur deux ans en faveur du Maroc au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL), pour un montant de 2,1508 milliards de DTS (environ 2,97 milliards de dollars, ou 240 % de la quote-part du pays).

 

>>Lire aussi: Dirham: le prochain élargissement de la bande de fluctuation pas avant 2019?

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