Le Plan de déplacements urbains (PDU) mis en place en 2004 n’a pas vu le jour dans sa globalité. L’étude menée par Casa Transports durant la période janvier-mai 2018 a permis de dégager les principaux enseignements du bilan du PDU 2004 :

- Difficulté de mettre en œuvre le niveau opérationnel en l’absence de maturité institutionnelle et de financement.

- Le PDU 2004 comportait à la fois le stratégique et l’opérationnel alors qu’un PDU est avant tout un document de cadrage qui doit sécuriser les socles stratégiques et tactiques.

- Une prise en considération locale et nationale de la thématique des déplacements urbains, à un moment où tout était à construire y compris les dispositifs de gouvernance et les mécanismes de financement.

- Casablanca dispose aujourd’hui d’un socle institutionnel lui permettant de mettre en œuvre des mesures opérationnelles sur les transports collectifs alors qu’en 2004, le niveau de maturité ne le permettait pas.

14 ans plus tard, la ville réfléchit à son nouveau PDU qui doit prendre en considération les projets réalisés ou en cours tout en se projetant dans le développement futur de l’agglomération.

Le contexte a également changé. « Les plans de transports collectifs font désormais partie des prérogatives des communes », rappelle Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca présent lors de la journée d’étude sur le plan de déplacements urbains organisée par Casa Transport le mercredi 16 janvier.

C’est sur cette base que les 18 communes du grand Casablanca se sont constituées en groupement. L’établissement de Coopération intercommunale a vu le jour et a mandaté la SDL Casa transports pour la gestion et l'accompagnement dans ce chantier stratégique qu’est la mobilité.

Ce n'est pas peu dire que l’enjeu est de taille. « Dans 15 ans, Casablanca sera aussi grande que si on lui annexait une ville de la taille de Marrakech », avance Nabil Belabed, directeur général de Casa Transports.

Les Casablancais effectuent 7,8 millions de déplacements par jour dont plus de 1,47 million de voyages par jour en transport collectif :

- 690.000 voyages par jour en grands taxis.

- 660.000 voyages par jour en bus dont 37.000 sur le réseau des concessionnaires.

- 124.000 voyages sur la ligne T1.

Il faut ajouter à cela, une grande part de Casablancais qui font leur trajet à pied par manque de dessertes de transport en commun ou manque de moyens financiers pour les emprunter.

Ces chiffres sont amenés à augmenter au regard du développement économique et démographique de l’agglomération.

La population casablancaise est estimée à environ 4,3 millions d’habitants en 2015. Ce chiffre augmentera pour atteindre 5,5 millions d’habitants.

Cela a un impact sur le besoin en mobilité. Selon l’étude menée par Casa Transport, il faut compter 2,4 millions de déplacements supplémentaires à l'horizon 2030.

D’où l’importance pour le futur PDU de prendre en compte tous ces paramètres.

Le cabinet mandaté par Casa Transport pour réaliser l’étude a identifié un certain nombre d’enjeux à prendre en considération pour le plan à horizon 2030 :

- Donner plus de place aux piétons en cohérence avec l’usage constaté car plus de 60% des déplacements dans l’ensemble du périmètre de l’ECI se font en marche à pied et sur des distances élevées.

- Développer des capacités du transport collectif à toutes les échelles du territoire : maillage dans Casablanca et extension à la périphérie. Avec une densité de 2.640 hab./km2, une superficie de 1.615 km2 et 4,3 millions d’habitants, la ville est dotée d’une seule ligne de tram de 31 km et 77 lignes de bus. A titre de comparaison, la ville de Naples en Italie dispose de deux lignes de métro de 20,3 km, de trois lignes de tram et de 135 lignes de bus pour une densité de 1.950 hab./km2, une superficie de 2.260 km2 et 4,4 millions d’habitants.

- Développer de l’intermodalité physique et tarifaire.

- Utiliser le potentiel des grands taxis en meilleure complémentarité avec l’ensemble des autres modes de transports collectifs.

- Redéfinir le rôle des petits taxis comme transport privé réglementé afin d’en améliorer le niveau de service.

- Mettre en place les transports collectifs en même temps que la réalisation des projets urbains.

- Maîtriser le trafic entrant dans la métropole.

- Préserver l’espace public et des piétons tout en améliorant la gestion du stationnement pour favoriser les bons usages aux bons endroits.

- Limiter la place de la voiture là où on développe les transports collectifs.

- Rendre accessibles les transports collectifs aux usagers les plus modestes.

- Prendre en considération l’aspect durabilité en améliorant la qualité de l’air et des nuisances sonores.

Les études sont encore dans la phase diagnostic et maîtrise des enjeux. Les experts mandatés par Casa transport travaillent encore sur les scénarios et propositions à même de résoudre cette importante équation relative au transport dans le grand Casablanca.

Une équation que les experts eux-mêmes résument ainsi : « Comment définir, construire et exploiter un système de transport multimodal et multiservices qui soit capable de satisfaire à horizon 2030,  2,5 millions de déplacements quotidiens supplémentaires dans un contexte de périurbanisation croissante et d’augmentation de la motorisation des ménages casablancais, tout en garantissant une métropole plus durable, plus sociale, plus sûre et plus accessible ? »