Samir: Qui sont les quatre cavaliers d'Al Amoudi, condamnés à la liquidation?

A l'instar de Hussein Al Amoudi et de Mohamed Jamal Ba-amer, quatre autres administrateurs de la Samir ont également été condamnés à l'extension de la liquidation à leurs biens personnels. Qui sont-ils ?  Et quels sont leurs liens avec le PDG de la Samir ?

Samir: Qui sont les quatre cavaliers d'Al Amoudi, condamnés à la liquidation?

Le 9 novembre 2018 à 14h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

A l'instar de Hussein Al Amoudi et de Mohamed Jamal Ba-amer, quatre autres administrateurs de la Samir ont également été condamnés à l'extension de la liquidation à leurs biens personnels. Qui sont-ils ?  Et quels sont leurs liens avec le PDG de la Samir ?

Si les dirigeants ont mené la Samir à la liquidation, menons la liquidation contre ces dirigeants. Ainsi peut-on résumer la sanction rendue le 5 novembre par le tribunal de commerce (Casablanca). Quand, du haut de l’estrade, il dévoile les noms des responsables épinglés, le juge Mehdi Salem commence par Mohammed Hussein Al Amoudi (PDG) et Mohamed Jamal Ba-amer (DG), deux personnages notoires au Maroc. Il enchaîne ensuite avec des noms plus discrets, mais, à son sens, tout aussi impliqués dans la déroute de la raffinerie marocaine.

Jason Tadwell Milazzo, Bassam Felix AburdeneLars Nelson et George Salem sont les quatre autres administrateurs concernés par la procédure d’extension. Comme les  deux premiers, et sauf décision contraire en appel, leurs biens devront être localisés, répertoriés, évalués et vendus au profit des créanciers. Mais qui sont ces personnes ?

Lire aussi: Samir : La difficile identification des biens de Ba-amer au Maroc

Une recherche, même superficielle, permet de dresser un premier constat : Les intéressés font partie intégrante de la sphère Al Amoudi, dont ils gèrent plusieurs business. Leurs noms mènent souvent à celui du supposé « milliardaire » saoudien, et donc à ses biens.  

Le philanthrope

C’est le cas de Felix Bassam Aburdene.  En dehors de la Samir, ce britannique d’origine palestinienne occupe/occupait des postes d’administrateur ou d’associé dans de nombreuses sociétés appartenant à Al Amoudi. Aburdene apparait, entre autres, dans les tableaux de Corral Petroleum Holding (détentrice de Preem, la plus grande société pétrolière de Suède), Fortuna Holdings Company, sa société mère Moroncha Holdings et Hikmacure LTD.

Cet ancien gestionnaire d’investissement à la Banque industrielle du Koweït, passé également par Aggad (Ryad), dirige aussi des affaires personnelles.  Depuis 1996, il est à la tête du groupe Capital Trust LTD, société basée à Londres et opérant dans l’intermédiation financière. Il y officiera en tant qu’actionnaire principal jusqu’au 13 septembre 2017, où il cède à sa femme, Olga, la totalité des actions (1.500.000) qu’il détenait dans Capital Trust Holdings. Cette entité incorporée aux Antilles britanniques est la société mère de CT.

En 2017,  Capital Trust a dégagé un bénéfice net de plus de deux millions de livres sterling, selon les documents versés aux autorités anglaises. La même année, la firme a versé « une donation politique »  au Conservative Middle East Council. Bassam Aburdene est connu du milieu caritatif. Il est l’un des dirigeants de l’organisation « Action autour de Beit Lehem (Palestine), enfants handicapés ».

La main droite

Quid de Jason T. Milazzo ?  Des six dirigeants épinglés, il est le plus jeune (56 ans). Comme M. Aburdene, il est lui aussi basé à Londres. C’est du moins l’adresse que retiennent les rapports à l’origine de la décision d’extension.

M. Milazzo est omniprésent dans le réseau d’Al Amoudi, où il apparait comme la main droite. Il occupe le poste d’administrateur à Bridgeport LTD, société de conseil en gestion basée à Londres et détenue à 75% par le Cheikh. Surtout, il est  vice-président des Conseils d’administration de Corral Petroleum Holdings AB et de sa filiale de Fuel, Preem.

L’homme d’affaires est par ailleurs administrateur dans Svenska Petroleum Exploration AB, filiale de Petroswede AB où on retrouve encore Al Amoudi et Ba-amer en tant que membres du CA.

Le villageois

Place à Lars Nelson.  Les rapports judiciaires localisent son adresse à Fiskebäckskil, bourgade située en Suède. L’homme de 77 ans a bâti sa carrière dans l’or noir. M. Nelson a occupé les postes de directeur général, président et directeur général chez Preem Petroleum de 1996 à 2003. Au préalable, il avait présidé Skandinaviska Raffinaderi AB Scanraff.

Il est administrateur de SAMIR et de Midroc Industries AB, une filiale de Midroc Scandinavia, elle-même filiale de Midroc (Mohammed International Development Research and Organization Companies), entité touche à tout d’Al Amoudi. Administrateur à Corral Petroleum Holdings AB depuis 1996, il quitte ce poste le 22 mars 2017.

L’homme d’influence

Qui est George Salem ? Basé à Washington, la Maison blanche ne semble avoir aucun secret pour lui. Sur son site officiel, ce juriste renommé  s’affiche avec les présidents Ronald Reagan, Barack Obama, George W. Bush ou encore Bill Clinton.

« M. Salem a joué un rôle clé dans les campagnes Reagan-Bush 1984, Bush Quayle 1988 et Bush Cheney 2000 », lit-on sur le même site. Au nom de l’administration Bush, M. Salem a exercé les fonctions d’observateur officiel aux élections palestiniennes de février 2005 et de représentant du Président George W. Bush aux obsèques du président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat.

Un homme d’influence ? George Salem a fait ses armes à Akin, Gump, Strauss, Hauer & Feld, LLP, cabinet d’avocat international et l’une des plus grandes maisons de lobbying aux Etats-Unis. En 2017, cette firme affiche des revenus de plus d’un milliard de dollars!

Plus généralement, M. Salem se présente comme expert dans les questions relatives au travail et du Moyen-Orient. Au nom de divers clients du Moyen-Orient, « M. Salem a dirigé les équipes juridiques chargées de l’acquisition d’actifs majeurs, notamment des raffineries ». Nous ne disposons d’aucune information indiquant que le juriste est impliqué dans le rachat, par Al Amoudi, de la Samir.

Sans en être membre, M. Salem sert actuellement le cabinet DLA Piper en tant que conseiller stratégique.

Le casse-tête de l’exécution

Un jugement n’a de sens que lorsqu’il est exécuté.  Mais comment appliquer une décision prononcée ici, au Maroc, sur des individus ayant leurs biens à l’étranger ?  L’exequatur est le mécanisme qui revient le plus souvent dans la bouche de juristes.

« Il est tout à fait possible d’obtenir l’exequatur contre les dirigeants sanctionnés dans tout pays dans lequel ils ont des biens », nous affirme une source de haut niveau. Si le jugement de liquidation est exécutoire de plein droit (article 761 du code de commerce post-réforme du livre V), «  l’exequatur n’est pas envisageable tant qu’il n’est pas devenu définitif », c'est-à-dire confirmé en appel, voire même en cassation selon certains.

Désormais, tout repose sur les épaules du syndic, qui doit déclencher la procédure avec l’aide des créanciers (contrôleurs). C’est le syndic qui avait initié la demande d’extension, « c’est donc lui qui, au nom de la masse, doit demander l’exequatur », observe notre source.

L’extension de la liquidation donne lieu à une procédure parallèle, quasiment indépendante de celle que subit l’entreprise débitrice. Avant de se pencher sur l’exequatur, le syndic ouvrira le nouveau « dossier pour permettre aux créanciers de faire ou de parfaire leurs déclarations de créances », annonce notre source.

« L’extension donne toujours de nouvelles chances de recouvrement même si cela, comme en l’espèce, n’est pas sans difficulté ». En effet, si biens il y a, encore faut-il les identifier et les répertorier. « Pour le Maroc, Ba-amer et Al Amoudi  disposent de biens par l’intermédiaire de sociétés en hôtellerie mais aussi par des participations en cascade qui permettent de remonter jusqu’à eux », explique notre interlocuteur, qui représente l’un des principaux créanciers de la Samir. Dans le cas du patrimoine situé à l’étranger, les difficultés seront d’un tout autre ordre.

Il faudra également espérer que les biens en question n’aient pas été cédés. A ce titre, on se demande si, pour annuler d’éventuelles cessions douteuses, le syndic peut invoquer la période suspecte. En prononçant l’extension, le juge a décidé d’aligner la date de cessation de paiement des dirigeants sur celle de la Samir, c'est-à-dire octobre 2014.

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