Intelligence artificielle: le Maroc est encore en phase préliminaire

Selon le Forum économique mondial, les robots réaliseront 52% des tâches professionnelles courantes des humains dès 2025. Un chiffre qui promet des transformations majeures sur le marché de l’emploi. Où en est le Maroc? Quels secteurs sont les plus susceptibles à accueillir la technologie robotique? L’emploi est-il menacé? Contacté par Médias24, Yassine Sekkat, directeur associé de Mckinsey Casablanca et spécialiste de la transformation digitale, fait le point.

Intelligence artificielle: le Maroc est encore en phase préliminaire

Le 6 octobre 2018 à 17h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Selon le Forum économique mondial, les robots réaliseront 52% des tâches professionnelles courantes des humains dès 2025. Un chiffre qui promet des transformations majeures sur le marché de l’emploi. Où en est le Maroc? Quels secteurs sont les plus susceptibles à accueillir la technologie robotique? L’emploi est-il menacé? Contacté par Médias24, Yassine Sekkat, directeur associé de Mckinsey Casablanca et spécialiste de la transformation digitale, fait le point.

Quelques résultats de l'étude 

L’enquête du Forum économique mondial a été menée auprès des directeurs des ressources humaines et des responsables de la stratégie au sein d’entreprises dans 12 secteurs d’activité. Et ce, au sein de 20 économies développées et émergentes.

Voici la liste des secteurs concernés par l’étude:

Automobile, aéronautique, chaîne d'approvisionnement et transport

Aviation, voyages et tourisme

Chimie et biotechnologie

Énergie

Services financiers

Santé

Technologies de l'information

Infrastructure

Mines et métaux

Services professionnels

L’étude conclut que les machines accompliront 52% des tâches professionnelles quotidiennes à l’horizon 2025 contre 29% aujourd’hui.

Selon le même rapport, d'ici 2022, 54% de la main d’œuvre nécessitera une reconversion.

S’agissant de l’évolution du nombre d’heures de travail effectuées par les humains:

            -71% en 2017 vs 29% pour les robots.

            -58% pour les humains en 2022.

            -48% en 2025.

Les résultats de l’étude montrent que 75 millions d’emplois pourraient être reconvertis et 133 millions de nouveaux emplois pourraient émerger.

Où en est le Maroc?

On ne peut toujours pas parler d’intelligence artificielle au Maroc, en tout cas pour la majorité des entreprises.

Le pays est encore en phase de «Data Engineering». Les entreprises aujourd’hui travaillent sur les données, essaient de les collecter, de les digitaliser, d’y faciliter l’accès et de les analyser. C’est l’étape qui précède l'implémentation d'un système d’intelligence artificielle.

«Avant l’intelligence artificielle, il faut faciliter l’accès aux données. Les données pertinentes et de qualité,» explique Yassine Sekkat, directeur associé à Mckinsey Casablanca.

Selon ce spécialiste en transformation digitale, les données existent chez les entreprises ou sur d’autres plateformes. «L’accès à ces données est le réel enjeu de cette étape.»

«Nous devons réaliser les refontes d’architectures Data, en installant de nouveaux systèmes qui permettront un meilleur accès aux données, et qui faciliteront en même temps leur collecte.»

La pertinence des données est un facteur clé. Les entreprises souhaitant rejoindre la tendance devront commencer par des cas d’utilisation (Use Case). L’historique des opérations effectuées par l’entreprise, le comportement de sa clientèle dans des cas antérieurs, les chiffres relatifs à chaque conjoncture sont des facteurs qui pourront être utilisés pour distinguer les données les plus pertinentes et qualitatives.

Les données pertinentes seront ainsi stockées de manière optimale.

Les secteurs qui se prêtent le mieux à l’intelligence artificielle au Maroc

Au Maroc, tous les secteurs ne bénéficient pas du même degré de maturité pour pouvoir accueillir ce type de technologies.

Les secteurs qui se prêtent le mieux au phénomène technologique sont la banque/assurance, les opérateurs télécoms, une partie de l'industrie, la grande distribution et le secteur public.

Selon Yassine Sekkat, les premiers programmes ont déjà été introduits et sont opérationnels (3 cas: une banque, un assureur et une entreprise qui œuvre dans l’industrie chimique).

«S’agissant des opérateurs télécoms, aucun programme n’a été mis en place, mais il y a des projets en cours», déclare-t-il.

Le secteur public, notamment les services proposés par l’administration marocaine aux citoyens est un secteur qui a énormément besoin d’être digitalisé en premier lieu, et ensuite robotisé.

Des cas concrets d’implémentation de la technologie au Maroc

«J’ai eu la chance d’assister et de travailler sur 3 cas concrets et aboutis d’IA au Maroc, qui ont tous eu de très bons impacts financiers,» nous déclare M. Sekkat.

Les premiers cas concernent le secteur bancaire et celui de l’assurance. L’objectif dans ces cas-là est d'obtenir des prédictions du comportement client (produits bancaires, contrats d’assurance…).

Pour pouvoir implémenter des programmes d’intelligence artificielle dans ces 2 secteurs, il a fallu miser sur la force de calcul.

Plus le nombre de données sur le client est grand, plus le programme donnera des résultats concluants.

«Le software est déjà en place pour les 2 exemples cités. Nous avons testé le programme sur un échantillon 1.000 clients réels et nous sommes parvenus à un résultat qui s'est avéré juste à 85%», révèle notre interlocuteur.

Pour illustrer: Prenons 1.000 clients dont le contrat d’assurance prendra fin le lundi prochain. Le programme est capable de prédire à 85% près, qui d’entre eux renouvellera son contrat et qui quittera la compagnie.

Cette technologie peut également prédire les produits qui seront achetés par le client ou qui susciteront son intérêt, en se basant sur l’historique des achats et autres comportements. "Ceci permet à la banque ou à l’assureur de proposer au client le produit qui va immédiatement l’interpeller", selon M. Sekkat.

Concernant l'industrie chimique, les unités de productions se basent énormément sur les mélanges des produits avec des quantités bien précises, à des températures et à des niveaux de pression adéquats. «Nous avons pu aujourd’hui aider les managers de ces lignes de production à choisir les combinaisons de facteurs qui augmenteront de façon efficace leur productivité, en se basant sur l’historique des opérations. Les quantités mélangées, la température, la pression, qui ont permis de réaliser tel ou tel chiffre d’affaires seront reproduits. Nous nous retrouvons ainsi avec des programmes qui agissent directement sur le bénéfice net», explique-t-il.

L’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi au Maroc

La thématique est fortement corrélée à la problématique de l’emploi. L'opinion dominante, c'est que des métiers disparaîtront, que des départements d’entreprises seront supprimés, que des gens se verront remplacer par des robots pour exécuter quelques tâches.

"Détrompons-nous. Le fait d’introduire l’intelligence artificielle va donner naissance à des opportunités énormes, particulièrement en ce qui concerne l’emploi et la formation. J’estime que le Maroc gagnera 10 fois plus qu’il ne perdra," promet M. Sekkat.

Selon lui, la demande en termes d’ingénieurs et de mathématiciens s'accroîtra.

"Il n'y a pas de menaces pour l’emploi. Il n'y a pas de départements qui vont disparaître. En revanche, certaines directions vont devoir changer, et recruter de nouveaux profils plus adéquats" continue-t-il.

"Des opportunités énormes se présentent au Maroc s’agissant des logiciels d’intelligence artificielle, mais qu’est-ce que nous faisons pour nous y préparer? Malheureusement, le pays n’est pas en train de se positionner, et nous ne faisons rien pour suivre la tendance mondiale" se désole notre interlocuteur.

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