C’est dans les locaux au design atypique de Numa, un incubateur de jeunes startups basé à Casablanca, que s’est déroulé un débat opposant Hakim Marrakchi et Assia Benhida à une audience de jeunes entrepreneurs, un public dont la majorité n’est pas membre de la confédération, et donc ne présente presque aucune voix à collecter.

''Les jeunes aujourd’hui voulant se lancer dans l’entrepreneuriat subissent tellement de pression qu’ils finissent par abandonner". Ainsi s’exprima Marrakchi. Il affirme vouloir démocratiser l’acte d’entreprendre, en agissant sur l’environnement patronal et administratif et minimiser les risques rencontrés par les jeunes entrepreneurs.

"J’ai envie que mes enfants continuent la tradition de l’entrepreneuriat, et ce dans leur pays, le Maroc…". La position de Marrakchi est claire, peut-être que l’ADN de l’entrepreneuriat ne manque pas, puisque selon ses dires; "360.000 Marocains entreprennent à l’étranger, alors que les diplômés entrepreneurs au Maroc ne dépassent pas les 1%".

Hakim Marrakchi s'est positionné comme entrepreneur dans sa course à la présidence de la CGEM. Ce positionnement qui correspond à la réalité de son parcours, est mis en avant avec comme message implicite d'insister sur le fait que Mezouar n'a pas été entrepreneur mais DG d'une société de textiles et ministre.

Les mesures d’implication prévues pour le mandat de Marrakchi

Dans un contexte économique où les PME dépassent en nombre les grandes entreprises, les jeunes "startuppers" se demandent ce que fait la CGEM pour les impliquer dans le plan de développement, et plus important encore: ce que compte faire l’éventuelle CGEM sous la présidence de Marrakchi pour les impliquer d'avantage.

Une question à laquelle a répondu Assia Benhida Aiouch, qui dirige Optimum Conseil, un cabinet de conseil en management qu'elle a fondé il y a 20 ans: pour arriver au but ultime de la CGEM, il faudrait "réorganiser la confédération en interne en concentrant des équipes conseillères et accompagnatrices et en impliquant davantage la jeunesse dans le management"….

Face aux arguments du candidat et de sa colistière, l'audience n’a pas perdu de vue l’objectif ultime de la rencontre: qu’est-ce que cette éventuelle présidence de la CGEM prévoit réellement pour les startups?

Le programme "Go Ahead" pour opposer les "startuppers" aux Business Angels

Le candidat à la présidence a parlé d’un programme appelé "Go Ahead" qui peut se traduire par "Va de l’avant". Un programme où les jeunes entrepreneurs rencontreront des Business Angels pour remédier à la difficulté financière des startups. Le binôme compte également proposer des tarifs d’adhésion avantageux, pour encourager les jeunes entrepreneurs à venir à la CGEM.

Ceci étant, l’audience restait sceptique par rapport aux dires de Hakim Marrakchi et Assia Benhida. La question qui se pose est de savoir si les candidats pensent avoir le pouvoir de "libérer l’entreprise" et de faire de la CGEM une plateforme d’accueil pour les startups.

Benhida insiste sur le rôle de la confédération en tant que représentant de l’entreprise marocaine auprès de toutes les parties prenantes, et c’est justement pour cette fin qu’elle se doit d’accompagner les projets prometteurs.

"Les startups n’ont pas besoin de coup de pouce… ni de croche-pied. Tout ce que nous voulons, c’est un arbitre neutre"

"C’est pour cette raison que je me présente à la présidence, je suis neutre et indépendant, je ne représente personne, contrairement à mon rival… J’opère dans le marché marocain, que je surveille de près. Je suis au courant des réglementations existantes. J’opère également à l’étranger, ce qui me permet à travers la comparaison des contextes de travailler sur des axes d’amélioration". Ainsi s’exprima Hakim Marrakchi en ajoutant qu’il faut prêter attention aux questions de réglementation.

Entre les difficultés de financement et les contraintes juridiques rencontrées par les startups, Hakim Marrakchi et Assia Benhida proposent un programme qui met la PME et la TPE au centre de ses préoccupations. Une chose est sûre, accompagner et encourager les startups donnera un réel coup de pouce à l’innovation, l’avancement technologique et la création d’emploi.

A l'issue de la rencontre, nous avons sollicité l'avis de Said Sebti, un jeune Guru du web, fondateur de Webplatform:

"Quand nous parlons d’entrepreneuriat, nous ne pouvons passer à côté de la variable innovation.

"Nous avons donné raison au plan Maroc Vert, aux mesures prises pour le secteur du tourisme… Mais jamais un plan national n’a pris en compte le développement technologique, qui a pourtant de forts potentiels en termes de création d’emploi et d’ouverture sur les marchés africains".