Robotisation: Les ouvriers vont-ils disparaître?

"Selon nos estimations, les deux tiers des emplois qui existent aujourd’hui dans les pays en développement seront détruits par l’automatisation." C’est le président de la Banque mondiale, qui annonce ces alarmantes prévisions. Quelle est l’incidence de l’irruption des robots sur l’emploi industriel? Est-ce une menace pour le Maroc? Quels sont les secteurs les plus exposés? La robotisation offrira-t-elle en échange, de nouvelles opportunités? Comment s’y préparer le cas échéant?

Robotisation: Les ouvriers vont-ils disparaître?

Le 5 février 2018 à 18h49

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

"Selon nos estimations, les deux tiers des emplois qui existent aujourd’hui dans les pays en développement seront détruits par l’automatisation." C’est le président de la Banque mondiale, qui annonce ces alarmantes prévisions. Quelle est l’incidence de l’irruption des robots sur l’emploi industriel? Est-ce une menace pour le Maroc? Quels sont les secteurs les plus exposés? La robotisation offrira-t-elle en échange, de nouvelles opportunités? Comment s’y préparer le cas échéant?

Pour répondre à ces questions, il convient de se focaliser sur les deux industries nationales, les plus généreuses en termes de création d’emplois: le textile et l’automobile.

Des industries

Les tâches répétitives risquent de disparaître. Les robots sont utilisés pour l’assemblage des différentes pièces d’un produit industriel à l’aide du soudage au laser ou d’un collage étanche. Plus encore, toutes les manipulations dans la transformation des matériaux métalliques et non métalliques, pour diverses industries, peuvent être assurées par des robots.

Ils peuvent supporter de lourdes charges et agissent plus rapidement qu’un humain. Ils ne se fatiguent pas et grâce aux capteurs et aux vérins qui composent leurs bras mécaniques, ils sont aussi connus pour leurs actions hautement précises. Forts, rapides et précis. Tel est le portrait-robot de ces drôles de machines.

Le couple Mercedes/Kuka systems est un des pionniers de la robotisation. En 1971 déjà, la première ligne de soudage robotisée est installée pour la fabrication de la Classe S de Daimler-Benz.

Aujourd’hui, les robots de KUKA sont utilisés par les plus grands constructeurs automobile et cette entreprise affiche un CA de 3 MM€. Ses ingénieurs étudient au préalable le poste à automatiser, avant d’élaborer la solution automatique idoine, afin de se passer des emplois manuels.

L'industrie automobile

La fabrication des voitures est une activité très concurrentielle. Le Maroc a dernièrement rejoint le club des producteurs automobiles, suite aux récentes installations de marques françaises.

Certes les incitations pécuniaires, le soutien de l’Etat, la sécurité et la stabilité politique, ont été importants pour convaincre ces multinationales, mais ils n’étaient pas les facteurs décisifs car ils ne sont guère l’apanage du Maroc. En effet, d’autres pays s’en prévalent: Roumanie, Bulgarie, Turquie,…etc. L’apport spécifique du Maroc est davantage une proximité géographique, couplée à des ressources humaines disponibles et peu onéreuses.

A l’échelle internationale, la question de l’accélération ou non de la robotisation dans les lignes de production automobile, devient cruciale pour un pays comme le Maroc. Le royaume lie sa politique industrielle, aux perspectives de délocalisation des industries occidentales, ou chinoises ciblant le marché européen. Une automatisation poussée chez ces derniers, remettrait aux calendes grecques les délocalisations vers des pays à bas coûts de leurs sites industriels.

En 2015, trois ans après l’ouverture de son usine de Tanger, Renault/Dacia annonçait son intention de porter le taux d'automatisation de son usine roumaine de 5 à 20 %.
En 2016 et plus globalement, le nombre de robots installés par l'industrie automobile française a augmenté de 22%, pour atteindre 1.400 unités.

L’Allemagne détient la première place pour la densité de robots en Europe, avec environ 1.150 robots pour 10.000 employés. C’est 20% de plus que les marques françaises. Les marges d’automatisation sont donc encore grandes pour Renault et Peugeot, et cela risque d’impacter les créations d’emplois projetés au Maroc.
Toutefois, le taux de robotisation moyen de l’industrie automobile européenne (1 robot pour 10 employés), montre que l’élément humain y est encore prépondérant. En effet, même si le nombre de robots double dans les prochaines années, on aura toujours besoin de 5 ouvriers pour chaque robot. 

L'industrie de l’habillement

Les unités de confection au Maroc sont les premières pourvoyeuses d’emplois dans le secteur industriel. Le taux élevé de manipulations manuelles, dans les processus de couture est structurel. En effet, les formes changent d’un vêtement à un autre et les modèles se succèdent d’un mois à l’autre.

Rien à voir avec l’industrie automobile où les modèles restent plusieurs années sur les chaînes de montage. Ces contraintes de changements perpétuels peuvent cependant être surmontées facilement avec les dernières technologies de digitalisation.

Le véritable frein à l’automatisation dans les confections est la difficulté de manipuler les empiècements de tissus avant leur assemblage. Dans les industries mécaniques, les parties sont facilement malléables, car elles sont solides et aux formes fixes. 

C’est sur cette principale difficulté que des chercheurs américains avaient planché ces dernières années. Au lieu de travailler sur le robot pour améliorer son niveau de manipulation des morceaux de tissus, ils cherchèrent plutôt à rigidifier ces derniers, pour faciliter leur maniement. 

En enduisant le tissu d’une matière thermoplastique soluble dans l’eau, les empiècements deviennent comme des morceaux de cartons facilement manipulables. Les robots de Sewbot utilisent en plus une combinaison de caméras et d'aiguilles pour suivre l'emplacement du tissu avant de coudre les vêtements à un niveau de précision supérieur à celui de l'œil humain.

Une fabrique de tee-shirt a déjà adopté la nouvelle technologie et avant la fin de l’année 2018, 800.000 tee-shirts sortiront de ses 21 chaînes entièrement automatisées (temps de fabrication: 22s contre 4 minutes en manuel). L’entreprise Sewbot travaille actuellement sur l’automatisation intégrale des chaînes de fabrication du pantalon denim. Il se trouve que ce dernier est le principal produit, dans les exportations marocaines d’habillement.

Perspectives

L’automatisation est en train de s’accélérer à l’échelle mondiale, la fédération internationale de robots table sur la mise en place de 1,7 millions de robots supplémentaires d’ici 2020.
Un signe qui ne trompe guère: La Chine est devenue le premier marché pour l’industrie robotique avec l’achat de pas moins de 87.000 robots en 2016 (27% de croissance). La même année, la société chinoise Midea rachète le géant de la robotique allemand KUKA et l’investisseur qui ouvrira la première usine automatique de tee-shirt aux USA susmentionnée, est chinois! 

Si la Chine, même avec son «réservoir» de centaines de millions de ruraux, tous capables de devenir les futures mingongs des industries côtières, abandonne le modèle des manufactures à bas salaires, c’est qu’une évolution irréversible est en train de se dessiner dans le paysage industriel à l’échelle planétaire. Comme l’a prédit le président de la Banque mondiale, des dizaines de millions d’emplois seront perdus dans les prochaines années. En revanche, de nouveaux besoins émergeront et de nouvelles qualifications deviendront nécessaires. 

Cisco aux USA a déjà créé une plateforme pédagogique pour apprendre de nouvelles aptitudes. Il devient donc plus que jamais urgent pour le Maroc, de se doter des filières de formation capables d’accompagner les nouvelles évolutions.

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