Mohamed Talbi: le penseur de l'Islam des lumières s'est éteint

Mohamed Talbi a tiré sa révérence. Cet historien, penseur et islamologue tunisien, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, 30 avril/1er mai à Tunis.

Mohamed Talbi: le penseur de l'Islam des lumières s'est éteint

Le 1 mai 2017 à 14h08

Modifié 1 mai 2017 à 14h08

Mohamed Talbi a tiré sa révérence. Cet historien, penseur et islamologue tunisien, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, 30 avril/1er mai à Tunis.

Agé de 95 ans, il avait milité pour l'esprit la critique, la rigueur, le rationalisme, en se situant à l'intérieur de la foi et des textes. 

Il avait eu des échanges mémorables et assez bruyants avec différents courants, des intégristes jusqu'à Youssef Seddik. Il considérait que la seule source pour étudier l'Islam devait être le Coran et uniquement le Coran. Il récusait les hadiths et ce que l'on appelle la Tradition, de même que les autoproclamés jurisconsultes et toute l'élite de ceux qui "lient et délient".

Il défendait une posture "coraniste" pour les musulmans. Il a également été un redoutable opposant à Ennahdha qui avait pris le pouvoir en Tunisie après la révolution, et traitait ce parti de "cancer".

Cet agrégé d'arabe qui parlait en français, a milité pour l'ouverture, la remise en cause des mythes, les droits humains et l'égalité totale hommes-femmes.

A Tunis, en 2012, son débat (ou controverse) avec Tariq Ramadan, en public, est resté dans les annales. Extraits ci-dessous:

Ci-dessous, une intérssante interview de Mohamed Talbi à Nessma TV.

 

L'AFP: un ennemi de l'obscurantisme religieux

Né en 1921 à Tunis, agrégé d'arabe et docteur en histoire de l'université de Paris-La Sorbonne, Talbi était l'un des "fondateurs de l'université tunisienne moderne", souligne dans un communiqué le ministère tunisien de la culture.

Premier doyen de la Faculté des Lettres de Tunis, ce "grand intellectuel" de la Tunisie indépendante est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages et de centaines d'articles, essentiellement en arabe et en français, qui lui ont valu nombre de distinctions.

Dans ces œuvres, et durant plus d'un demi-siècle, Mohamed Talbi, lui-même profondément croyant, aura combattu sans relâche les versions rigoristes de l'islam, prônant avec force une vision rénovée de la pensée musulmane.

La charia (loi islamique) est une "production humaine" qui n'a "rien à voir" avec l'islam, clamait-il ainsi en 2006 au quotidien français Le Monde, arguant que "la religion, quelle qu'elle soit, ne doit pas être une contrainte". "Je ne cesserai jamais de dire que l'islam nous donne la liberté", ajoutait-il.

"Nulle contrainte en matière de religion. Le Coran est le seul qui dise cette phrase, si claire, si laïque", insistait-il dans un récent entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Soucieux de ne pas se mêler de politique sous la présidence du père de l'indépendance Habib Bourguiba (1957-1987), Talbi s'était en revanche rapidement opposé au régime de Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011), entrant notamment en 1995 au Conseil national pour les libertés (CNLT), une ONG de défense des droits de l'Homme.

Persuadé que "l'islam est compatible avec la démocratie", il avait également pris position, après la chute de la dictature, contre le parti islamiste Ennahdha.

Sans concession envers le salafisme, qu'il qualifiait d'"anti-islam", Mohamed Talbi n'était pas tendre non plus envers "le péril de l'islamophobie, nourri" par certains courants du christianisme. Pour eux, le prophète "Mohamed n'a apporté au monde que des choses mauvaises et inhumaines", dénonçait-il à Jeune Afrique.

En France, durant les années 1980, Talbi avait été fait chevalier puis officier de la Légion d'honneur, au nom notamment de son combat pour le dialogue interreligieux. (Avec AFP)

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