Mémorandum de la Banque Mondiale: le capital immatériel, meilleure voie pour le Maroc

La Banque Mondiale a élaboré un mémorandum économique intitulé “Le Maroc à l’horizon 2040: capital immatériel et les voies de l’émergence économique“. Le rapport doit être présenté le 15 mai par la Banque Mondiale. 

Mémorandum de la Banque Mondiale: le capital immatériel, meilleure voie pour le Maroc

Le 21 avril 2017 à 18h38

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

La Banque Mondiale a élaboré un mémorandum économique intitulé “Le Maroc à l’horizon 2040: capital immatériel et les voies de l’émergence économique“. Le rapport doit être présenté le 15 mai par la Banque Mondiale. 

L'existence de ce rapport a été révélée ce vendredi matin 21 avril par L’Economiste qui en a publié des extraits en primeur. 

Le précédent mémorandum que l’institution internationale a consacré au Maroc remonte à dix ans. Ce nouveau mémorandum est intéressant parce qu’il ne se contente pas de lister ce qui ne va pas, éducation, chômage des jeunes, faible industrialisation, déficits,… Il va plus loin. Il fait rêver.

Il fait rêver en dessinant ce qui pourrait être une voie de l’émergence. Une voie qui selon le rapport, permettrait au Maroc d’être le premier pays d’Afrique du Nord non pétrolier à devenir émergent. Et ceci en 2040. Il dit qu’il est possible d’aller plus vite vers la convergence avec une partie des pays européens. Il affirme qu’en 2040, le revenu moyen du Marocain pourrait représenter 45% du revenu moyen d’un Européen à la même date.

La conclusion (page 316), est éloquente. Elle montre une direction, qu’il faut avoir du dessein pour notre pays:

Le Maroc fait figure d’exception dans un monde arabe en effervescence. Il dispose d’atouts considérables pour renforcer sa singularité et devenir à l’horizon de la prochaine génération le premier pays d’Afrique du Nord non producteur de pétrole à rejoindre le club des pays émergents. Pour cela, le Maroc peut s’appuyer sur des leviers réels de changement à la fois sur le plan politique (la stabilité de son leadership), sur le plan institutionnel (les valeurs et les principes entérinés par la constitution de 2011) et sur les plans économique, social et environnemental (la convergence normative vers l’UE) pour renforcer son capital immatériel—source principale de toute prospérité future partagée“.

(…) “ A l’heure de l’économie de la connaissance et de la révolution numérique, la richesse des nations est moins le fruit de la simple quantité de travail ou de capital physique accumulée, que de la qualité des institutions, des savoirs et connaissances, et des normes en matière d’action collective. En dernière analyse, ces leviers constituent également les meilleurs vecteurs pour renforcer la cohésion économique et sociale du Maroc et assurer une transition ordonnée vers l’émergence économique“.

Le document donne ainsi une réponse sur les questions posées par le Roi Mohammed VI sur le capital immatériel. C’était dans le discours du Trône en juillet 2014, cité d’ailleurs dans le mémorandum.

L’émergence, comment?

Le document relate ce qu’est le Maroc en 2016. Court, précis, didactique. “Après une décennie 1990 en demi-teinte“, celle où les réformes étaient en panne et les progrès très lents, “le Maroc a su enclencher un processus de rattrapage économique relativement résilient au début des années 2000“. Conséquences: “accélération de la croissance économique, augmentation significative du revenu et de la richesse par habitant et réduction marquée de la pauvreté“.

La convergence vers les économies et les sociétés des pays sud européens ou les pays émergents à hauts revenus et toutefois lente et incomplète juge l’institution internationale.

 

Mais la convergence économique amorcée est trop lente. En 2015, le PIB par habitant au Maroc est de 20% de celui de la France, 27% celui de l’Espagne (graphique ci-dessous).

 

 

Le mémorandum passe naturellement à l’essoufflement du modèle de développement puis aus défis d’une lente transformation structurelle. Les gros défis ne sont pas occultés, loin de là: enseignement, chômage des jeunes, inclusion insuffisante, inégalités, la difficile industrialisation, le faible dynamisme entrepreneurial…

Le document distingue trois scénarios:

-le scénario tendanciel à partir des données 2000-2014 permettrait aux Marocains d’avoir un PIB moyen par habitant qui passerait de 22% du niveau européen (niveau actuel) à 40% du PIB européen par habitant en 2040. Mais ce scénario est insoutenable selon les calculs faits (pages 118 et 119) et se traduirait par un déficit du compte courant de 24% en 2030-2040.

-le scénario probable d’une lente convergence.

Ralentissement inexorable du taux de croissance du PIB. Entre 2015 et 2040, le PIB par habitant ne se multiplierait que de 1,8. De sorte que le niveau de vie des Marocains passerait de 22% de celui des Européens à 32%.

Le document en conclut “qu’en l’absence de gains de productivité plus solides, le Maroc est fondamentalement confronté à un arbitrage difficile entre déséquilibre macroéconomique d’un côté et croissance modérée, de l’autre“ (page 120). L’essoufflement de la croissance correspondrait ainsi au mécanisme de “trappe des pays à revenu intermédiaire“.

-le scénario volontariste: rattrapage économique accéléré. C’est le scénario “souhaité“. Il permettrait d’atteindre un niveau de vie représentant 45% de celui des pays européens.

“Le Maroc traverse une période exceptionnelle marquée par une transformation démographique porteuse d’un potentiel de croissance élevé. Si des réformes structurelles appropriées étaient menées pour saisir cette opportunité historique, le Maroc pourrait rééquilibrer son modèle de croissance en accélérant ses gains de productivité et en améliorant le taux d’emploi de la population“, écrit le document.

Les gains de PTF (productivité totale des facteurs) seraient de l’ordre de 2% par an, contre 1,2% en moyenne jusqu’à présent et dans les scénarios précédents (page 121 et suivantes).

L’institution estime qu’un tel scénario de rupture est possible, d’autres pays l’ont fait. Il permettrait d’accélérer la convergence d’une manière significative et dans l’espace d’une génération.

La recette? Entre autres ceci: “les gains de productivité additionnels ne seront pas uniquement le fruit de nouveaux investissements en capital physique—même si ceux-ci restent évidemment importants et nécessaires—mais le fruit d’un effort accru pour accumuler davantage de capital immatériel, sous la forme de capital à la fois humain, institutionnel et social“.

Le rapport est volumineux. Il mérite d’être lu attentivement et de faire l’objet d’un débat.

Médias24 a mis en ligne le document intégral puis l'a enlevé à la demande de la Banque Mondiale.

Ci-dessous, ce que pourrait être selon la Banque Mondiale, une matrice de l’émergence marocaine.

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