Migrants: 2016, une année record pour les gardes-côtes italiens

Près de 180.000 migrants secourus et, pourtant, des milliers de morts: 2016 a été l'année de tous les records pour les gardes-côtes italiens, qui n'entendent pas renoncer à leur mission, pourtant toujours plus contestée.

Migrants: 2016, une année record pour les gardes-côtes italiens

Le 19 décembre 2016 à 10h30

Modifié le 19 décembre 2016 à 10h30

Près de 180.000 migrants secourus et, pourtant, des milliers de morts: 2016 a été l'année de tous les records pour les gardes-côtes italiens, qui n'entendent pas renoncer à leur mission, pourtant toujours plus contestée.

Un alignement de téléphones rouges, et des murs tapissés de cartes maritimes sur des écrans géants... Depuis cette petite salle d'un bâtiment ministériel sans âme dans le sud de Rome, les gardes-côtes italiens coordonnent toutes les opérations de secours au large de la Libye.

"Dès que quelqu'un appelle au secours, nous devenons des chefs d'orchestre", avec pour instruments plus ou moins consentants tous les navires - gardes-côtes, militaires, humanitaires ou commerciaux - présents dans la zone, explique leur porte-parole, Filippo Marini.

Répartis tout du long des 8.000 km de littoral du pays, les 11.000 gardes-côtes italiens gèrent au quotidien la sécurité maritime, la protection des écosystèmes et le contrôle de la filière pêche.

Opérations en hausse de 40%

Leur zone de surveillance couvre environ 500.000 km2 autour de la péninsule et de ses îles, mais la défaillance de leurs homologues libyens donne de facto au Centre de coordination des opérations de sauvetage (MRCC) de Rome autorité sur la majeure partie des eaux entre la Libye et l'Italie.

Des eaux désormais très fréquentées: 170.000 personnes secourues en 2014, 153.000 en 2015 et près de 180.000 cette année, dont plus de 4.000 la semaine dernière, alors que la plupart des navires de secours ont suspendu leurs patrouilles pour l'hiver.

Et même si les totaux semblent relativement stables, les nouvelles tactiques des passeurs ont profondément modifié le quotidien des chefs d'orchestre romains cette année, avec une envolée de 40% du nombre d'embarcations secourues - désormais plus petites - et une multiplication des départs simultanés.

"Ces dernières années, les passeurs envoyaient plus de gros bateaux, avec toujours un téléphone satellitaire", raconte Sergio Liardo, chef du centre opérationnel. "Maintenant, ils font partir quatre canots avec un seul téléphone".

Le canot muni d'un téléphone est relativement aisé à trouver, mais pas les trois autres, alors qu'ils se dégonflent et prennent l'eau rapidement et qu'à bord, la surpopulation, l'hypothermie ou encore les émanations de carburant peuvent achever en quelques heures des organismes affaiblis par des conditions effroyables en Libye.

Au total, plus de 4.800 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée cette année.

"Une question d'humanité"

De plus, repérer un canot au ras de l'immensité bleue est une gageure et les ONG évoquent régulièrement leur angoisse à l'idée que certaines embarcations aient pu sombrer sans laisser de traces. "Ce n'est pas à exclure", reconnaît sobrement Sergio Liardo.

Autre grand défi: cette année a été marquée par une série de départs massifs. Plus de 13.000 personnes secourues en une semaine fin mai, 14.000 en cinq jours fin août, dont un record absolu de 7.000 (sur 53 embarcations) le 29 août et encore plus de 6.000 le 3 octobre...

En Italie, où le réseau des centres d'accueil est au bord de l'implosion, ces chiffres font grincer des dents, en particulier dans les rangs des populistes du Mouvement 5 Etoiles et de la Ligue du Nord, où l'on insiste que l'Italie n'a pas vocation à accueillir ces étrangers secourus à 30 milles de la Libye.

D'autant plus que selon les chiffres transmis par Rome à Bruxelles, le secours en mer aura coûté 1,5 milliard d'euros (MM€) cette année, sans compter 2,3 MM€ pour l'accueil des demandeurs d'asile.

Des efforts européens de formation des gardes-côtes libyens ou de collaboration avec des pays de transit comme le Niger pourraient faire baisser les flux, mais le centre opérationnel à Rome se tient prêt, quoi qu'il arrive.

"Nous avons obligation de ne pas laisser mourir ces personnes. Si nous ne le faisions pas, nous aurions à en répondre devant la justice", martèle Filippo Marini. "Et puis c'est une question d'humanité".

(Avec AFP)

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