TANGER (Jamal Amiar).- Le score signifiait que l’équipe de Tanger n’était pas qualifiée pour la finale de la coupe du Trône suite à son nul 0-0 au match aller à Fès il y a deux semaines. La finale de la Coupe promettait d’être festive, avec la rencontre prévue au nouveau stade de Laâyoune le 6 novembre en présence de Diégo Maradona.

Plus de 40.000 spectateurs

Mercredi soir à Tanger, plus de 40.000 spectateurs s’étaient donné rendez-vous dans les gradins pour suivre ce match.  Chants et tifos étaient audibles et visibles. “C’était la fête“ indique un fervent supporter et trésorier de l’équipe Mustapha El Broji.

Tanger joue bien depuis deux ou trois saisons. Elle joue les premiers rôles, manquant à chaque fois, de peu, d’être sacrée leader de la saison. L’équipe a enregistré en ce début de saison l’arrivée d’un nouveau sponsor de poids: Renault. L’IRT brasse du public et des vues sur son site et sa page Facebook. Renault implantée dans la région a trouvé là un bon dossard pour véhiculer son image.

Mustapha El Broji, joint au téléphone ce jeudi, raconte sa vision du match: «Depuis plusieurs semaines, j’ai tenu plusieurs réunions avec Jamal Mikou de TMSA et la consule générale de France Muriel Soret, pour intéresser davantage d’entreprises à l’équipe de l’IRT et à son sponsoring. Mme Soret a écrit des lettres de recommandation et mercredi soir tout était prêt pour la fête. Tribune VIP, buffet, cadres de plusieurs entreprises de la région. Malheureusement la fête a été gâchée». Ce qui devait aussi être une vitrine du club a eu l’effet inverse.

Selon un témoin, les incidents ont commencé un peu avant la fin du match mais c’est après le coup de sifflet final que des dizaines de spectateurs déçus par la non-qualification de leur équipe pour la finale de la Coupe du trône ont commencé à arracher les sièges des travées du stade et à les jeter sur d’autres spectateurs, les agents de sécurité, les policiers, la pelouse…

Les forces de l’ordre mettront beaucoup de temps à maîtriser la situation. Les violences débordent de l’enceinte du stade et se déroulent sur le parking touchant le quartier Mesnana, où plusieurs voitures seront brûlées ou endommagées. En fin de soirée, on comptera plus de 50 blessés et 23 arrestations

Ce jeudi matin, la déception et le découragement pointent dans la voix de Mustapha El Broji. «Je suis malade et déçu. Ces actes de violence et d’incivisme ruinent des mois de travail. Que pouvons-nous dire à nos invités et à nos sponsors?» IRT éliminé, plus de 50 blessés, plus de 20 arrestations et une dizaine de voitures brûlées ou endommagées: Tanger a la gueule de bois de jeudi.

Ces événements intervenant quelques jours après l’homicide dont a été victime Mohcine Fikri et les manifestations qui l’ont suivi la semaine dernière dans tout le Maroc expriment malaise social et nombreuses frustrations. Abus d’autorité et rejet du sentiment d’impunité autour de l’affaire Fikri, frustrations avec le manque de reconnaissance sociale et les violences faciles et destructrices à Tanger.