Sarko et BHL en Libye: géopolitique, pétrole, contrats et guerre civile
Ces quelques mots peuvent résumer les débuts de la révolte libyenne et le chaos que le pays vit depuis plus de 4 ans. C’est ce qui ressort de mails confidentiels de Hillary Clinton, publiés par le Congrès.
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Jamal Amiar
Le 1 juillet 2015 à 8h18
Modifié le 11 avril 2021 à 2h37Ces quelques mots peuvent résumer les débuts de la révolte libyenne et le chaos que le pays vit depuis plus de 4 ans. C’est ce qui ressort de mails confidentiels de Hillary Clinton, publiés par le Congrès.
Selon des mails confidentiels échangés entre Hillary Clinton et son éminence grise Sidney Blumenthal, Nicolas Sarkozy et la DGSE française ont secrètement financé et organisé la révolte contre le colonel Kadhafi en 2011.
Des Américains bien informés
Le rôle de Paris et du président Nicolas Sarkozy dans le «printemps» libyen ont fait l’objet d’un suivi très étroit de la part des Américains. À l’époque secrétaire d’État, Hillary Clinton a été régulièrement tenue informée des agissements des services français en Libye, des entreprises du CAC 40 et de Bernard-Henry Lévy.
Nombre de ces courriers électroniques transmis à Clinton par Blumenthal ont été écrits, selon les mêmes sources, par un ancien officier de la CIA Tyler Drumheller, reconverti dans le lobbying pour des multinationales américaines. Drumheller avait quitté la CIA au début des années 2000, après avoir contesté l’approche de George W. Bush en Irak.
Ces courriers ont été rendus publics le 22 juin dernier par le Congrès américain, qui enquête sur l’attentat ayant visé la représentation diplomatique américaine à Benghazi en 2012 et qui s’était soldé par la mort de l’ambassadeur. Pour la commission d’enquête du Congrès US, «ces mails auraient dû être ajoutés aux archives publiques lorsque Clinton a quitté ses fonctions» souligne la newsletter al-monitor.com.
Dès le 22 mars 2011, un courrier de Blumenthal à Clinton raconte comment des agents de la Direction générale des services extérieurs (DGSE) française ont tenu des réunions secrètes avec des ministres et des officiers libyens, dont Mustapha Jalil et Abdelfatah Younes dès la fin du mois de février. En septembre 2011, Younes mourra assassiné sur ordre de Jalil, selon une note du 8 août.
Contrats et or noir
Selon la note, les agents de la DGSE ont indiqué souhaiter que «le nouveau gouvernement libyen favorise les entreprises françaises, en particulier en ce qui concerne l’industrie pétrolière». Pour les auteurs de la note, ce sont les Français qui ont créé le Conseil national de transition libyen.
Une note du 5 mai raconte comment des représentants de Vinci (BTP), Total (énergie), EADS (aéronautique) ou encore Thales (électronique et systèmes de défense) débarquaient en Libye à bord de vols humanitaires pour y rencontrer des opposants libyens, avant de retourner à Paris via Le Caire.
Cette note du 5 mai parle du rôle de Bernard-Henry Lévy dans la facilitation de contacts entre Libyens et représentants des entreprises françaises. Une autre note de septembre 2011 indique de son côté que Nicolas Sarkozy a demandé aux Libyens de réserver 35% de leur pétrole à Total.
Ces révélations prennent leur importance lorsque l’on sait qu’il est régulièrement reproché à Paris, Londres et Washington avec l’appui du Qatar, de l’Égypte et des Émirats arabes d’avoir engagé une action militaire en 2011 en Libye, sans planification pour la paix et une solution politique. À ce jour, une guerre civile meurtrière se poursuit en Libye et les différentes factions tentent de négocier une solution politique entre Skhirat, Alger et Berlin.
Des kalachnikovs à 200 euros
Le chaos qui règne depuis 4 ans en Libye a permis la mise en circulation incontrôlée de milliers d’armes qui alimentent les réseaux terroristes en Tunisie et en Égypte, ainsi qu’en Algérie et dans la zone du Sahel. Toute l'Afrique du Nord et le Sahel sont sous le risque du chaos libyen. Alors que la Tunisie panse ses blessures des attentats de Sousse et du Bardo, on a appris que des kalachnikovs en provenance de stocks libyens se négociaient à 200 euros.
Ce mercredi 1er juillet, alors que les parties libyennes sont réunies à Skhirat près de Rabat, le négociateur onusien Bernardino Leon a dit «espérer un accord pour ce mois de ramadan».
Dans la nuit, Washington, Paris, Londres, Rome, Madrid et Berlin ont publié un communiqué commun demandant aux parties libyennes de s’accorder et de signer le document présenté par Bernardino Leon. Les capitales occidentales «demandent à tous les décideurs libyens en ce moment crucial de faire preuve de responsabilité, de leadership et de courage», souligne le communiqué.
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Jamal Amiar
Le 1 juillet 2015 à 8h18
Modifié 11 avril 2021 à 2h37