Les dix éléments clés qui changent au Proche-Orient

Le Proche-Orient change à grande vitesse. Parmi ces changements, Israël devient plus fréquentable, voire un futur allié pour certains pays arabes. C’est la conclusion de Robert Satloff qui estime que le Moyen Orient restera un axe majeur de la politique étrangère américaine. Les dix points clés du changement décelés par le directeur du Washington Institute.  

Les dix éléments clés qui changent au Proche-Orient

Le 22 septembre 2014 à 12h21

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Le Proche-Orient change à grande vitesse. Parmi ces changements, Israël devient plus fréquentable, voire un futur allié pour certains pays arabes. C’est la conclusion de Robert Satloff qui estime que le Moyen Orient restera un axe majeur de la politique étrangère américaine. Les dix points clés du changement décelés par le directeur du Washington Institute.  

Après la dernière vague de bouleversements au Proche Orient, le directeur exécutif du Washington Institute Robert Satloff voyage d’étude en Egypte, en Israël et en Jordanie, où il a eu des entretiens avec des personnalités de haut rang.

Le compte-rendu de son voyage est publié sur le portail du Wasington Institute qui est un influent Think Tank américain. Cet institut a un tropisme israélien marqué et ses études sont souvent pro-israéliennes. Il reflète néanmoins ce que pense une partie de l’élite de Washington. D’où l’intérêt de le lire attentivement.

Robert Satloff  tire les dix enseignements de son séjour :

1.       Les Etats arabes défendent maintenant les accords Sykes-Picot longtemps jugés comme un complot occidental pour diviser les Arabes. "Ceci est la plus importante observation", souligne-t-il. Pour Satloff, "la réalité est que certains leaders arabes, épuisés par les trois dernières années passées à protéger leurs systèmes ou à éteindre le feu à domicile réalisent qu’ils y ont un intérêt. Ils réalisent que la faillite de la Syrie, de l’Irak et de la Libye a un énorme impact régional".

2.        Certains Etats arabes ont intégré la leçon de Washington qui veut désormais "diriger tout en restant en retrait" et doivent prendre les choses en mains.

C’était le sens du discours d’Obama envers Bagdad au lendemain de la proclamation de l’Etat Islamique (EI) en juillet dernier: Former un gouvernement inclusif, mettre en place une meilleure gouvernance politique, à Bagdad, mais aussi à Riyad, à Manama, à Doha ou à Abou Dhabi.

New York doit abriter ce mercredi 24 septembre une réunion de chefs d’Etats concernés par la menace jihadiste autour de Barack Obama.

3.       Trois ans après le Printemps arabe, le blackout est la norme au Caire.

Satloff parle de blackouts d’énergie électrique, une réalité quotidienne au Caire, mais aussi à Beyrouth et à … Damas ces jours-ci. Un minimum de service public n’est plus assuré.

Mais Satloff poursuit en parlant de black-out politique au Caire, c’est-à-dire l’absence de visibilité politique en raison de la répression qui a suivi la chute de Morsi. Il s’avance en jugeant que "les Frères musulmans n’existent plus en tant qu’acteurs politiques".

Les Frères musulmans ont toutefois remporté les seules élections démocratiques de l’histoire de l’Egypte.

Quelques lignes plus loin Satloff écrit: "Le leadership égyptien se démène encore pour définir la direction exacte de l’Etat égyptien sur le sujet clé de la relation entre religion et politique, où situer l’équilibre entre le "comment rejeter l’islamisme mais ne pas rejeter l’islam".

4.       Le président Sissi est en train de creuser un trou profond pour l’Egypte, littéralement, et les gens applaudissent.

 Satloff fait ici allusion au projet de doublement du canal de Suez pour lequel Le Caire veut lever plus de huit milliards de dollars grâce à la vente de bons d’Etat alors qu’aucune étude ni business-plan dignes de ce nom n’existent encore. Selon Satloff, le mot d’ordre semble être "creusez maintenant, posez vos questions plus tard".

"Le financement du projet écrit Satloff, est bâti sur le modèle pyramidale (sic): de plus en plus d’émissions de bons d’Etat seront nécessaires pour construire et rembourser, construire et rembourser".

5.       L’Egypte et l’Amérique: C’est le mépris.

Satloff rapporte que les Egyptiens ne comprennent pas la politique américaine au Moyen-Orient et évoquent ouvertement d’ "autres options" qui s’offriraient au pays: La Russie, la Chine, l’Inde. Sissi rencontrera Obama pour la première fois cette semaine à New York. Les Egyptiens manifestent du mépris envers les Etats Unis.

6.       La guerre à Gaza a créé une urgence mais n’est pas très importante.

Satloff estime que "les images [du conflit] sont frappantes" mais que "selon les standards de la Syrie et de l’Irak, le nombre des victimes n’est pas important".

De l’extérieur, on peut estimer que l’analyse sur la signification de la guerre de Gaza a un rapport avec le premier point sur les accords Sykes-Picot. Sauf à juger comme semble le faire Satloff que le statu quo, c’est mieux car on évacue ainsi la responsabilité politique israélienne dans le drame palestinien.

Pourtant,  l’IE est aux frontières du Liban. Et à moins de 100 km de la Jordanie et de l’Arabie saoudite. Dispose de missiles plus puissants que ceux du Hamas.

7.       La lueur d’espoir dans un sombre Moyen-Orient: les relations arabes avec Israël.

Satloff écrit que "l’Egypte et Israël ont une convergence d’analyse et d’intérêts. Ceci est l’un des éléments les plus porteurs d’espoir au Moyen-Orient aujourd’hui".

 Mais excepté pour la période Morsi, 12 mois, cela avait toujours été le cas.

 Le Caire et Tel Aviv ont-elles mis à profit les accords de Camp David signés en 1979 pour trouver une solution au drame et au problème politique palestinien? Non.  Donc rien de nouveau, sauf qu’Israël  a eu peur à l’arrivée de Morsi et qu’elle applaudit des deux mains Sissi et ses hommes.   

8.       Situation stratégique de la Jordanie et menaces sécuritaires.

Les combattants de l’EI ne sont pas très loin des frontières, les réfugiés syriens sont au nombre d’un million, le salafisme séduit et l’économie du pays est anémique et sous perfusion financière étrangère permanente, rappelle Satloff.

9.       Du combat contre l’EI à la résolution du conflit israélo-palestinien: Peut-il y avoir une connexion?

Robert Satloff rappelle que la stratégie actuelle d’Obama est une stratégie "sunnite" qui vise la formation d’un pouvoir irakien inclusif, l’obtention du soutien d’Ankara et le soutien aux Kurdes. Mais plus largement note Robert Satloff, Obama a un problème de confiance avec les sunnites de la région.

"Une relance du processus de paix israélo-palestinien peut être considérée comme un actif pour s’assurer le soutien arabe sunnite à la "longue guerre" contre l’EI" note Satloff  qui juge (se déjuge ?) ainsi qu’Israël devra faire des efforts en ce sens: "Ce n’est pas une idée étrange  de penser que certains regarderont vers Israël", écrit-il. "Ils ne regarderont pas vers sa force militaire, mais vers le dossier palestinien et  l’Initiative de paix arabe de 2002".

10.   Netanyahu.

Satloff s’interroge sur sa position politique en Israël et celle de son partenaire-adversaire : Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman.

Satloff juge Netanyahu modéré car "il n’a pas pris le risque de jouer avec les vies et le prestige des soldats israéliens en cédant à la pression populaire pour résoudre un problème complexe". Il se demande si Netanyahu est le plus faible des hommes politiques forts ou s’il est le plus fort des hommes politiques faibles en Israël.

Ce sont les 10 points que Robert Satloff analyse dans son rapport et lui font écrire qu’"on ne parlera plus beaucoup du pivot Asie durant ces dernières années de la présidence d’Obama".

"Le Moyen-Orient restera un axe majeur de la politique étrangère américaine durant les années à venir" conclut Satloff.

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