Peine de mort pour apostasie au Soudan

Une onde de choc et d’incrédulité a traversé le monde à l’annonce du verdict : une jeune soudanaise a été condamnée à mort par pendaison, pour apostasie, parce qu’elle se déclare chrétienne, la religion de sa mère, alors que son père est musulman.

Peine de mort pour apostasie au Soudan

Le 17 mai 2014 à 11h26

Modifié le 17 mai 2014 à 11h26

Une onde de choc et d’incrédulité a traversé le monde à l’annonce du verdict : une jeune soudanaise a été condamnée à mort par pendaison, pour apostasie, parce qu’elle se déclare chrétienne, la religion de sa mère, alors que son père est musulman.

 

 

La cruauté n’a pas de limites. Ni la capacité des tenants d’une application brutale de la charia, à déshumaniser l’Autre. Meriam Yahia Ibrahim Ishag est âgée de 28 ans, elle est enceinte de 8 mois, elle a été condamnée à mort pour apostasie. Elle recevra aussi 100 coups de fouet pour adultère car son mariage avec un mari chrétien est jugé illégal. Le juge n’a pas dit si les 100 coups de fouet seront donnés avant ou après la pendaison.

Née d'un père musulman et de mère chrétienne, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a été condamnée en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan depuis 1983 et qui interdit les conversions sous peine de mort.

"Nous vous avions donné trois jours pour abjurer votre foi mais vous avez insisté pour ne pas revenir vers l'islam. Je vous condamne à la peine de mort par pendaison", a déclaré le juge Abbas Mohammed Al-Khalifa à l'adresse de la jeune femme, voilée et vêtue d'une robe traditionnelle soudanaise, qui est restée impassible selon l’AFP.

Avant le verdict, un chef religieux musulman avait en vain cherché à la convaincre à retourner à l'islam, mais elle a avait dit au juge: "Je suis chrétienne et je n'ai jamais fait acte d'apostasie".

Durant ce procès devant la cour criminelle de Haj Yousef, une banlieue de Khartoum où vivent de nombreux chrétiens, Mme Ishag, mariée à un chrétien du Soudan du Sud, a également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère".

Selon l'interprétation soudanaise de la charia (loi islamique), une musulmane ne peut épouser un non musulman, et toute union de ce type est considérée comme un "adultère".

Une centaine de personnes étaient venues au tribunal pour entendre le verdict, dont des diplomates étrangers. "Nous sommes choqués et très tristes d'entendre ce verdict, qui n'est pas en conformité avec la propre Constitution du Soudan et des obligations internationales", a dit l'un d'eux à l'AFP.

L'un des avocats de la jeune femme, Mohanad Mustafa, a indiqué que la défense ferait appel, et qu'elle était prête à s'adresser à la Cour constitutionnelle.

En cas d'exécution, Mme Ishag serait la première personne mise à mort pour apostasie, en vertu du code pénal de 1991, selon le groupe de défense des libertés religieuses, Christian Solidarity Worldwide.

"Le fait qu'une femme a été condamnée à mort pour son choix religieux, et à la flagellation pour être mariée à un homme soi-disant d'une religion différente est épouvantable", a souligné Amnesty International. "L'adultère et l'apostasie sont des actes qui ne doivent même pas être considérés comme des crimes".

Si les peines de flagellation sont souvent exécutées au Soudan, la peine de mort l'est rarement.

A l'extérieur du tribunal, une cinquantaine de personnes ont manifesté, scandant "non à l'exécution de Meriam". Des sit-in se tiendront jusqu'à sa libération, a dit l'un d'eux. Mais un autre petit groupe, favorable au jugement, était aussi sur les lieux: "C'est une décision de justice. Pourquoi êtes-vous réunis ici?" a lancé un de ses membres.

"Pourquoi voulez-vous exécuter Meriam ? Et pourquoi ne présentez-vous pas les corrompus à la justice?", lui a rétorqué l'un des défenseurs de la jeune femme, en allusion à la corruption qui sévit dans le Soudan.

Selon Amnesty International, Mme Ishag a été élevée en tant que chrétienne orthodoxe, la religion de sa mère, car son père, un musulman, était absent pendant son enfance.

Christian Solidarity Worldwide a affirmé que les "actes répressifs" contre les minorités religieuses au Soudan, dont les expulsions, la confiscation et la destruction de propriétés de l'Eglise, ont augmenté depuis fin 2012.

Le ministre soudanais de l'Information Ahmed Bilal Osmane a cependant démenti mardi toute oppression des chrétiens. "Nous vivons ensemble depuis des siècles". La preuve!

(Avec AFP)

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