Quand le selfie nuit à l’image de soi
Une récente étude menée par des chercheurs américains établit une relation entre le temps passé sur les réseaux sociaux et la perception de soi. Selon leurs conclusions, le selfie, autoportrait diffusé sur la toile, contribue fortement à véhiculer une mauvaise image de soi.
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Houda O.M.
Le 15 avril 2014 à 13h16
Modifié 11 avril 2021 à 2h35Une récente étude menée par des chercheurs américains établit une relation entre le temps passé sur les réseaux sociaux et la perception de soi. Selon leurs conclusions, le selfie, autoportrait diffusé sur la toile, contribue fortement à véhiculer une mauvaise image de soi.
Narcisse n’a probablement jamais eu autant d’adeptes que depuis l’avènement des réseaux sociaux et du phénomène mondial du selfie. L’anglicisme, qui a récemment fait son entrée dans le dictionnaire, signifie un autoportrait réalisé majoritairement grâce à un smartphone et une imagination sans cesse renouvelée pour se mettre en scène avant de partager cette part de soi-même avec des millions d’internautes. Le selfie est mondial, s’invite dans les habitudes de toutes les couches sociales et devient une activité très répandue chez la gente féminine, particulièrement les plus jeunes d’entre elles.
Ce constat pousse des chercheurs des universités de l’Ohio et de l’Iowa aux Etats-Unis, ainsi que des scientifiques britanniques, à se pencher sur le phénomène. Ils s’interrogent sur l’impact de la surreprésentation virtuelle de soi, sur la perception réelle que l’on développe. Selon leurs conclusions, ces images sont loin d’être flatteuses. En s’appuyant sur l’expérience de plus de 880 étudiantes américaines, qu’ils soumettent à des questionnaires précis sur le temps passé sur les réseaux sociaux (Facebook, notamment), leurs habitudes alimentaires, leurs activités sportives, et finalement l’image de soi, ils en concluent, selon la BBC, que plus ces femmes recourent aux réseaux sociaux, plus elles se comparent négativement aux selfies des autres internautes.
La fille d’à-côté
Soumises à un nombre incalculable de selfies, ces femmes jaugent, se comparent et finissent par se dénigrer. « Moins grande », « plus ronde », « ses cheveux sont splendides, les miens rebiquent par tous les temps », « ma garde-robe est faite de guenilles comparée à la sienne », etc. Des rapports qui affectent davantage dans la mesure où « l’autre » qui, pourrit votre existence et vous fait sentir misérable, peut être la fille d’à-côté, au mieux une anonyme, au pire une de vos connaissances. Selon les scientifiques, ces portraits ont un impact plus dévastateur que les photos de mannequins qui inondent les magazines et campagnes publicitaires.
Petya Eckler, de l’Université de Strathelyde à Glasgow, déclare à la BBC, que « les comparaisons semblent plus pertinentes, compte tenu de la proximité des acteurs du réseau social, pourtant rien n’indique qu’elles le soient ! Ces clichés peuvent être tout autant « irréalistes » que ceux des mannequins professionnels ». Elle ajoute par ailleurs que « bien qu’aucune corrélation ne soit établie entre le temps passé sur Facebook et les troubles alimentaires ne soit pas définie, un lien entre cette distraction virtuelle et l’image de soi est indubitable ».
La pression de l’image
Pour le porte-parole de Beat, une association britannique de sensibilisation aux troubles alimentaires, il ne fait aucun doute que les préoccupations autour du poids, du physique, des mensurations sont des composantes fondamentales de nos cultures populaires, qui tendent par ailleurs à se mondialiser. Il relève « la fascination de la jeunesse pour les célébrités, pour leurs corps, leurs vêtements, leurs apparences ». Les jeunes subissent cette pression de l’image « au moment où eux-mêmes construisent la leur, définissent leur identité alors que le corps subit les métamorphoses dues à la croissance ». En comparant son reflet à ces clichés à la plastique souvent irréprochable, « les jeunes ressentent une profonde culpabilité de ne pas y ressembler », souligne le porte-parole de Beat. Un poids qui a failli coûter la vie au jeune Danny Bowman.
En mars dernier, cet Anglais de 19 ans a livré un témoignage bouleversant, dans lequel il évoque son obsession des selfies. Il s’était lancé dans la quête de l’autoportrait parfait, réalisant jusqu’à 200 selfies par jour, selon le Daily Mirror. « Lorsque j’ai réalisé que ce n’était pas possible, j’ai voulu mourir. J’ai perdu mes amis, mes études, ma santé et presque ma vie », raconte le jeune homme. Considéré comme l’un des premiers « accro » au selfie de Grande-Bretagne, le jeune Danny a été suivi après sa tentative de suicide pour lutter contre son addiction technologique, ses TOC et sa dysmorphophobie, sa crainte incontrôlée d’être laid. Danny n’a plus pris de selfies depuis plusieurs mois. Rétabli depuis, il œuvre activement au sein de l’association Fixers pour sensibiliser aux dangers de cette phobie de la laideur.
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