Présidentielle algérienne : La “campagne burlesque” d’un candidat invisible

La campagne pour la présidentielle en Algérie bat son plein. Pourtant, le président sortant Abdelaziz Bouteflika brille par son absence. Amoindri physiquement après un AVC, il a chargé sept de ses proches de convaincre les électeurs à sa place.  

Présidentielle algérienne : La “campagne burlesque” d’un candidat invisible

Le 27 mars 2014 à 10h47

Modifié le 27 mars 2014 à 10h47

La campagne pour la présidentielle en Algérie bat son plein. Pourtant, le président sortant Abdelaziz Bouteflika brille par son absence. Amoindri physiquement après un AVC, il a chargé sept de ses proches de convaincre les électeurs à sa place.  

Adulé par la foule lors de ses précédentes campagnes (1999, 2004 et 2009), Abdelaziz Bouteflika, 77 ans dont 15 ans au pouvoir, reste invisible. Un AVC en avril 2013 l'a contraint à 80 jours d'hospitalisation à Paris etdepuis son retour en juillet, il ne bouge presque plus de chez lui.

Malgré une contestation dans la rue contre un quatrième quinquennat et les doutes exprimés sur sa capacité à continuer à diriger le pays, le chef de l'État a reconnu sa faiblesse physique dans un message aux Algériens la semaine dernière, mais a défendu sa candidature. Son directeur de campagne, l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, a écarté l'éventualité de le voir s'adresser directement à ses partisans lors de meetings électoraux.

Pas de meeting

« Je n'ai jamais entendu dire qu'il animerait un meeting (...) Il fera peut-être une déclaration », a-t-il dit au site électronique TSA. « C'est une campagne burlesque qui mérite de figurer dans la prochaine édition du dictionnaire du vote », estime, avec ironie, le politologue Rachid Tlemçani. Les partisans d'Abdelaziz Bouteflika « continuent, toute honte bue, à mener la campagne d'un candidat invisible. Cela décrédibilise totalement l'élection », ajoute-t-il.

Outre Abdelmalek Sellal, plusieurs ténors ont été désignés pour pallier l'absence d'Abdelaziz Bouteflika, dont l'ex-chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, devenu son conseiller spécial avant le début de la campagne samedi. Dimanche, il a expliqué que le président sortant avait « besoin peut-être d'une petite rééducation fonctionnelle, qui lui permettrait une meilleure mobilité ». L'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, ex-chef du Rassemblement national démocratique, deuxième force politique au Parlement, a également été appelé à la rescousse.

Voix à peine audible

Le président « est malade, mais il se rétablit progressivement », a reconnu Ahmed Ouyahia, devenu chef de cabinet du président. « Monsieur Bouteflika a réussi son coup : il est invisible, mais son image est présente partout sur le terrain, où il s'est fait représenter par sept remplaçants », observe le politologue Rachid Grim. Abdelaziz Bouteflika, soutenu par plusieurs partis, par des associations et par la principale organisation patronale, affrontera cinq adversaires mais son principal rival sera Ali Benflis, son ancien homme de confiance déjà candidat à la présidentielle de 2004.

Au 4e jour de la campagne électorale qui doit s'achever le 13 avril, les représentants d'Abdelaziz Bouteflika et des cinq autres candidats sillonnent le pays pour tenter de séduire les électeurs qui, selon les médias, ne se bousculent pas aux réunions électorales. En février, la presse qualifiait Abdelaziz Bouteflika de candidat par « procuration », en raison de son incapacité physique à mener sa campagne. Au pouvoir depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas exprimé en public ces deux dernières années. Le 3 mars, c'est d'une voix à peine audible qu'il a annoncé sa candidature en déposant son dossier au Conseil constitutionnel.

Scrutin joué d'avance ?

Mais le débat battait déjà son plein sur sa capacité à diriger le pays où depuis l'indépendance en 1962, tous les présidents ont été élus avec le soutien de l'armée, selon les experts. Face à une contestation grandissante dans la rue, Abdelaziz Bouteflika a affirmé dans son message aux Algériens que les difficultés liées à sa santé ne le « disqualifiaient » pas pour un 4e mandat, tout en admettant que ses « lourdes responsabilités » avaient « eu raison d'une bonne partie de [ses] capacités ».

« Nous avons demandé à Bouteflika de se représenter, même si son état de santé ne le lui permet pas et il a répondu à notre appel ! » a lancé Abdelmalek Sellal lors d'un meeting. Pour les experts, cette absence ne devrait pas influer sur le résultat du scrutin. « Abdelaziz Bouteflika est quasiment assuré d'être réélu. Ce sont les mêmes acteurs qui ont organisé les précédents scrutins qu'il avait remportés », estime Rachid Tlemçani. Rachid Grim abonde dans le même sens : « Son absence physique n'aura pas d'impact sur l'issue du scrutin. À moins d'un miracle, Bouteflika remportera l'élection ».

(Avec AFP) 

 

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