Casablanca, capitale de mode ou le rêve inoxydable de Jamal Abdennassar

Le maintien d'une édition régulière de la Fashion Week soulève des difficultés majeures, économiques, logistiques et culturelles. L'engagement des partenaires aux côtés de l'organisation a tout simplement faibli, crise économique oblige.  

Casablanca, capitale de mode ou le rêve inoxydable de Jamal Abdennassar

Le 28 janvier 2014 à 14h14

Modifié 28 janvier 2014 à 14h14

Le maintien d'une édition régulière de la Fashion Week soulève des difficultés majeures, économiques, logistiques et culturelles. L'engagement des partenaires aux côtés de l'organisation a tout simplement faibli, crise économique oblige.  

2013 fut une année triste pour la mode marocaine, la Fashion Week casablancaise n'a pas eu lieu. Prévu pour l'automne, le défilé a été reporté à novembre 2014.

Ce beau projet, unique en son genre, souvent copié sans jamais être égalé, risque de disparaître faute de soutien - privé et surtout public. La reconnaissance des créateurs de mode marocains sur le plan national est capitale. Il s'agit là d'une carte de visite sans pareil, d'une occasion exceptionnelle pour parler du Maroc créatif, de la diaspora qui a trouvé à New York, Amsterdam ou Paris, le support qui reste absent dans leur pays natal. 

Sans créativité, le Maroc restera un pays de sous-traitance et n’exportera que des heures de travail bon marché.

De l'avis des relais de communication, photographes, journalistes, bloggers, la mutation du FestiMode des années 2006 en une semaine de l'innovation dédiée aux designers est une réussite, l’événement s'est hissé au niveau des standards d'organisation et de programmation.

Les reporters spécialisés - certains avec plus de 200 défilés par an au compteur - ont salué l'expertise organisationnelle autant que l'effort consenti sur la productivité des créateurs.

En 7 éditions, les compétences sont devenues lisibles, les jeunes talents, à l'instar de Siham Sara Chraibi, Ahmed Taoufiki, Ghitta Laskrouif, sont entrés dans la lumière pour faire rougir de fierté le public.

Du défilé tremplin réservé aux jeunes stylistes, l’événement s'est développé sans jamais se compromettre pour livrer une programmation journalière de qualité, injecter une dose concentrée de glamour dans la ville blanche, produire un écho digne de ces défilés qui occupent l'espace médiatique mondial. 

Le rendez-vous a même accompli l'impensable, nous offrir des têtes d'affiche: Said Mahrouf, Noureddine Amir, Hisham Oumlil, pour ne citer qu'eux. Ces profils, aujourd'hui salués par leurs pairs, ne livrent plus que des collections, soit une trentaine de pièces, au lieu de la poignée de tenues conçues bon an, mal an.

Said a même effectué le voyage inverse, fort de son succès en occident, il retourne en 2010 au pays pour ouvrir son showroom, un tour de magie pour le prodige qui est devenu prophète dans un autre pays.

Jamal Abdennassar,l’organisateur, l’initiateur, est un profil particulier : il est une armée à lui seul. Depuis 2006, il arbore simultanément les casquettes du directeur de projet événementiel, mais également du directeur artistique et de l'activiste culturel. 

Sa vision est simple, tout mettre en oeuvre pour que la culture casablancaise contemporaine s'affirme et révèle au monde entier le potentiel - révoltant car sous-exploité - des créateurs de mode marocains.

Il assure que l'exemple italien est riche d'enseignements : «Face à la crise, le secteur de la création s'est mobilisé pour remplacer les anciens designers par une promotion de jeunes talents locaux plutôt que d'accorder le podium à des stylistes étranger, ce qui permet à Milan de garder une suprématie sur la mode globale, de donner le la des tendances européennes et de solidifier sa position de leader. »

L'objectif sur le long-terme relève tout autant de la gageure, faire de Casablanca une destination majeure de la mode internationale, au même titre que Istanbul, Milan, Bangkok, Tokyo, Paris, New York.

Jamal rêve d'un Maroc créatif et pas d'une nation d'imitateurs. Il rejette en bloc la stratégie selon laquelle le salut du textile marocain ne passe que par la sous-traitance, le négoce et le recrutement de stylistes espagnols. 

« Concernant le prêt-à-porter, pour que le produit arrive en septembre sur les étagères des magasins franchisés, il faut que le créateur puisse accéder aux coupons de tissus une saison à l'avance. Le rythme de défilés par saisons est indispensable pour permettre aux tendances de naître, pour stimuler la demande et inspirer le public, mais surtout faire en sorte qu'une économie nationale majeure présente le fleuron de l'innovation dans un événement conçu pour l'occasion. Cette vision de la mode, qui débute à la création, sans se limiter à la distribution, est minoritaire. »

Ce qui pose la question, quel projet « mode » aura l'honneur de représenter de la ville blanche? Casablanca gagne à être connue pour sa contribution culturelle.

Et Jamal Abdennassar d'ajouter : « Les Marocains ne sont pas condamnés à rester des sous-traitants, car l'espace de dialogue social entretenu par la création et l'innovation soutient la croissance économique du secteur. Nous nous devons de continuer à dialoguer, créer, innover. Le courage étant contagieux, nos représentants politiques finiront bien par en faire autant. »

Dernière opération en date : CasaProjecta, l'unique rendez-vous de projection cinématographique qui sort de la programmation usuelle des salles de cinéma classique, avec une carte blanche offerte à Nouredinne Lakhmari. L'occasion de découvrir les projets visuels d'auteurs qui ne peuvent pas accéder aux grandes toiles des salles obscures.

 


 

 

 

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