Les Européens inquiets du départ de jihadistes vers la Syrie

L'augmentation des départs de jihadistes français, belges ou britanniques vers la Syrie pour rejoindre les rangs de la rébellion inquiète les gouvernements de ces pays qui craignent leur retour, une fois aguerris.  

Les Européens inquiets du départ de jihadistes vers la Syrie

Le 22 janvier 2014 à 13h30

Modifié 22 janvier 2014 à 13h30

L'augmentation des départs de jihadistes français, belges ou britanniques vers la Syrie pour rejoindre les rangs de la rébellion inquiète les gouvernements de ces pays qui craignent leur retour, une fois aguerris.  

Ces jihadistes européens, dont plusieurs dizaines ont été tués au combat, blessés ou faits prisonniers par l'armée syrienne, sont de plus en plus nombreux à tenter de gagner la Syrie, soulignent des experts. Ce pays avait récemment affirmé que « de nombreux » services de renseignements occidentaux s'étaient rendus à Damas pour demander une coopération sur la sécurité et les combattants islamistes dans le pays. Aucune confirmation officielle des chancelleries occidentales n'a été faite sur ces contacts.

Selon le ministre de l'Intérieur français Manuel Valls, 250 Français combattent actuellement sur place et 21 y sont morts. De la même manière, une vingtaine de Belges ont été tués en Syrie, sur les quelque 200 présents, a annoncé le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. « Pourtant ces jihadistes européens sont un fardeau et un embarras pour l'opposition syrienne modérée qui s'est engagée auprès des gouvernements européens à ne pas les accueillir », affirme Mathieu Guidère, universitaire et islamologue.

« Pas utiles sur le plan militaire »

« Mais, poursuit-il, ils sont accueillis à bras ouverts » par le Front al-Nosra, branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie, et par L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), également lié à Al-Qaïda, « qui les encadrent ». Même si, dit Mathieu Guidère, les jihadistes français « ne leur sont pas utiles sur le plan militaire, leur médiatisation renforce la visibilité de ces deux mouvements ». Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CF2R), confirme: « Les groupes non radicaux, plutôt nationalistes, en ont assez des "étrangers", notamment Tchétchènes, qui affluent dans leur pays ». Selon lui, « les jihadistes français ne sont pas des foudres de guerre et les risques de mourir au combat sont encore plus élevés en raison des affrontements entre les factions de la rébellion ». Par ailleurs, note Mathieu Guidère, « la plupart des Français partis combattre en Syrie reviennent parce qu'ils ont été refoulés par les rebelles ». Mais, assure-t-il, « tant que la France ne change pas radicalement de politique sur le dossier syrien, ils ne représentent pas un vrai danger à leur retour ».

Usama Hasan, de la Quilliam Foundation, institut de recherches sur l'islamisme basé à Londres, évalue les effectifs des jihadistes britanniques en Syrie de 200 à 1.200 qui ont, en majorité, rejoint l'EIIL et Al-Nosra à part quelques uns d'origine syrienne qui vont dans les groupes modérés. « C'est très tentant pour un jeune, même dans la vie active ou universitaire, et a fortiori s'il a décroché de l'école ou s'il a un travail peu valorisant, de se dire "je quitte tout et je vais faire le glorieux jihad" », souligne-t-il.

« Techniques sophistiquées »

Pour cet expert, la plupart des combattants veulent d'abord débarrasser la Syrie de Bachar al-Assad plutôt que d'importer les techniques jihadistes en Grande-Bretagne. « Le gouvernement est très inquiet et il peut l'être », affirme Usama Hasan, car certains sont entraînés au maniement des armes et « à des techniques plus sophistiquées comme la fabrication de bombes et de vestes suicide ». La police britannique a annoncé lundi une cinquième arrestation impliquant une personne revenant de Turquie ou sur le point de se rendre dans ce pays frontalier de la Syrie.

Thomas Pierret, membre du Réseau multidisciplinaire d'études stratégiques (RMES, Belgique), ne veut « pas être alarmiste mais plus de deux cents pour un pays comme la Belgique, c'est beaucoup. Statistiquement, la probabilité est donc plus élevée que certains posent problème lors de leur retour ». « Certains vont en Syrie pour en découdre, d'autres se retrouvent à conduire des camions mais vu le nombre de gens qui ont une réelle expérience des combats dans la région, on peut imaginer qu'on ne met pas directement sur le front un gars venu de Belgique sans expérience ».

Pour autant, ajoute-t-il, « il y a ces dernières semaines des attentats suicide commis contre les rebelles et on peut imaginer qu'il y ait des étrangers parmi les auteurs. Ces missions suicide demandent une grande détermination, pas forcément une grande expertise militaire ». « Même s'ils reviennent sans être des experts, explique Thomas Pierret, ils pourraient être capables de constituer une cellule d'accueil en Europe, dans quelques années, pour des gens déterminés, et de leur apporter une aide logistique ».

(Avec AFP) 

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