Cette "transition alimentaire" est aussi responsable de l’augmentation du nombre de personnes obèses au Maroc, en particulier chez les femmes.

Le Maroc partage avec les autre pays de la Méditerranée l’une des pratiques alimentaires les plus saines au monde. "La diète méditerranéenne, caractérisée par une consommation abondante de fruits, légumes et huile d'olive, est reconnue pour ses mérites et ses vertus pour la santé et le maintien du poids", écrit dans les colonnes de Huffington Post américain Rachel Newcomb, écrivain et professeur d’anthropologie culturelle.

Selon l’Unesco qui vient de l’inscrire en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité, "le régime méditerranéen met l'accent sur les valeurs de l'hospitalité, du bon voisinage, du dialogue interculturel et de la créativité".

"Quiconque a déjà mangé un repas marocain se souvient des tables chargées de salades saines et colorées, des tajines de viande et de légumes et du pain fait maison. Le principal repas de midi, idéalement suivie d'une sieste, est souvent couronné de fruits de saison", écrit-elle.

"En tant qu'anthropologue, j'ai été témoin de l'énorme quantité de temps et de travail-généralement fait par des femmes-, pour préparer des plats marocains. Mais au cours des 20 dernières année, les choses ont changé. Beaucoup d'employés et d'étudiants, contraints de suivre un style de vie calqué sur l'Union européenne, ne prennent plus le temps de déjeuner dans les règles de la cuisine marocaine. Au contraire, ils ont adopté la culture des fast-foods. Pour les enfants,  les biscuits achetés de l'épicier du quartier deviennent monnaie courante. Les supermarchés se multiplient, tandis que de nombreux marchés locaux ont disparu. Alors que durant ma première visite au Maroc, il n'y avait que deux restaurants McDonald dans l'ensemble du pays, il y’en a maintenant une trentaine environ". 

Pour cette spécialiste du Maroc (elle a écrit 2 livres de nombreux articles sur notre pays), la transition nutritionnelle est aussi responsable de l’augmentation du nombre de personnes obèses au Maroc, en particulier chez les femmes.

"La transition nutritionnelle concerne toutes les classes de la société marocaine. A l’instar de nombreux pays en voie de développement, le Maroc connaît une transition nutritionnelle qui fait qu’aujourd’hui, plus de la moitié des femmes au Maroc sont considérées comme en surpoids ou obèses, un taux qui a triplé au cours des 20 dernières années", écrit Rachel Newcomb.

L’anthropologue Américaine livre les détails surprenants d’un entretien entre ses propres élèves, au Rollins College, et un groupe de 25 étudiants de l’université de Fès.

"Beaucoup d'entre nous ont été frappés par leurs réponses. Ils ont unanimement déclaré préférer la cuisine de leurs grand-mères".

Que faire? "De véritables actions doivent être menées pour préserver autant que possible les habitudes alimentaires traditionnelles du Maroc. Car quand ces grands-mères marocaines seront parties, une grande partie du savoir faire et de l’héritage culinaire marocain disparaîtra avec elles".