Espagne: Retour en arrière sur l'avortement, les féministes et gauche enragent

Promesse de campagne en 2011 du chef conservateur espagnol Mariano Rajoy mais retardé depuis, le projet de loi limitant l'avortement doit être approuvé vendredi par le gouvernement, face aux féministes et la gauche qui dénoncent un « retour en arrière de 30 ans ».  

Espagne: Retour en arrière sur l'avortement, les féministes et gauche enragent

Le 20 décembre 2013 à 10h53

Modifié 20 décembre 2013 à 10h53

Promesse de campagne en 2011 du chef conservateur espagnol Mariano Rajoy mais retardé depuis, le projet de loi limitant l'avortement doit être approuvé vendredi par le gouvernement, face aux féministes et la gauche qui dénoncent un « retour en arrière de 30 ans ».  

Le contenu du texte présenté en Conseil des ministres n'a pas été révélé mais les organisations féministes et l'opposition de gauche craignent le pire de leur point de vue, le ministre de la Justice Alberto Ruiz-Gallardón ayant évoqué pendant un temps une interdiction même en cas de malformation du fœtus. Elles ont donc déjà sonné la mobilisation en dépit des fêtes de Noël, sachant que le projet de loi a toutes les chances d'être ensuite voté au parlement, le Parti populaire (droite au pouvoir) y disposant de la majorité absolue depuis les élections de novembre 2011. Or, la loi de 2010, qui autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du fœtus est, avec le mariage homosexuel, l'une des réformes phares de l'ex-gouvernement socialiste. Et le numéro deux du PSOE Elena Valenciano, qui entend la défendre bec et ongles, a convoqué un comité de direction d'urgence vendredi. « Nous n'allons pas revenir en arrière de 30 ans, et surtout nous n'allons pas nous résigner, abandonner ou être intimidées », a-t-elle affirmé.

Pour elle, Mariano Rajoy a finalement cédé « à l'aile dure de son parti et à la Conférence épiscopale ». A l'approche du projet, la bataille a d'ailleurs repris de plus belle ces derniers jours au parlement où plusieurs députées de gauche ont signé mardi un « pacte pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse » émanant d'un collectif de 200 associations de femmes, appelant les députées du PP à les rejoindre.

Particulièrement visé, M. Gallardon a lui répondu, sans dévoiler son contenu, que le texte imposera une autorisation parentale pour les mineures comme l'avait promis le candidat Rajoy. Il a seulement ajouté que « la loi que le PP approuve n'établira jamais un délit pénal contre la femme qui est une victime de l'avortement », contrairement à la loi de 1985. Avant la loi de 2010, l'avortement était passible de prison, sauf en cas de viol, de malformation du fœtus ou de risque pour la « santé physique ou psychique » de la mère. C'est sous cet argument, le « risque psychologique », que l'immense majorité des IVG étaient pratiquées en Espagne. M. Gallardon avait soulevé une vive polémique en évoquant en juillet 2012 une limitation de l'avortement y compris en cas de malformation du fœtus. Et de nouveau en avril, lorsqu'il avait affirmé que « le risque pour la santé physique et psychique ne peut être considéré comme prétexte pour ne pas protéger la vie du nouveau-né ».

Résumant les craintes, le président de la Fédération du planning familial, Luis Enrique Sanchez, a affirmé que la future loi pourrait signifier « un retour en arrière à la situation des années 1980, avec des femmes espagnoles qui vont en France ou en Angleterre » pour avorter lorsqu'elles en ont les moyens. Pour les autres, « elles iront dans des lieux clandestins », renchérit auprès de l'AFP le gynécologue Salim Chami, de la clinique madrilène Isadora spécialisée dans l'IVG. Des anti-IVG de l'association « Droit à la vie », ont eux prévu de se rassembler devant le siège du gouvernement pendant le Conseil des ministres. « Le gouvernement doit tenir sa promesse » a martelé ces derniers mois HazteOir (fais-toi entendre) en organisant plusieurs manifestations dans le pays « pour un avortement zéro ». Un total de 118.359 IVG ont été enregistrées en Espagne en 2011, après 113.031 en 2010.La quasi totalité des pays d'Europe autorisent l'avortement.

Selon une étude de l'institut Metroscopia publiée en mai dans le journal El Pais (gauche), 46% des Espagnols sont favorables au maintien de la loi de 2010 contre 41% en faveur de la limitation de l'avortement.

(Avec AFP)

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

REIM Partners: Publication de la valeur liquidative exceptionnelle de l’OPCI « SYHATI IMMO SPI » au 15 mars 2024

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.