Le torchon brûle entre MEDays et Tanger

Les mauvaises relations entre l’Institut Amadeus et la ville hôte n’ont fait que se dégrader ces derniers temps, à tel point qu’un déménagement vers une autre destination est envisagé pour l’édition 2014 du forum.  

Le torchon brûle entre MEDays et Tanger

Le 20 novembre 2013 à 13h06

Modifié 20 novembre 2013 à 13h06

Les mauvaises relations entre l’Institut Amadeus et la ville hôte n’ont fait que se dégrader ces derniers temps, à tel point qu’un déménagement vers une autre destination est envisagé pour l’édition 2014 du forum.  

Il n’y a jamais eu de véritable histoire d’amour entre les organisateurs de MEDays, l’Institut Amadeus, la mairie et les élus municipaux de Tanger. Les maigres tentatives qui ont eu lieu cette année pour rapprocher l’Institut Amadeus et la municipalité de Tanger viennent d’échouer sur fond de malentendus protocolaires, malentendus financiers et enfin malentendus politiques. La ville d'ailleurs n'a jamais apporté son soutien financier à la manifestation.

Dès le démarrage de MEDays à Tanger en 2008, les deux parties s’étaient opposées au sujet de la présence de diplomates israéliens au forum diplomatique. L’opposition municipale était principalement animée par les élus PJD à l’époque.

Depuis 6 ans chaque mois de novembre,  l’Institut Amadeus basé à Rabat organise à Tanger son forum MEDays avec une présence moyenne de 1000 à 1200 invités, un événement avec un impact sur la destination Tanger, son image et son économie touristique. Aujourd’hui tout cela semble remis en cause.

L’absence du maire de Tanger ne passe pas

L’incident qui a soudainement illustré le mauvais état des rapports entre les organisateurs de MEDays et la ville de Tanger est intervenu à l’ouverture de la 6ème édition mercredi 13 novembre dernier lorsque le maire PAM Fouad Omari, absent de Tanger, a chargé son adjointe RNI Saïda Chaker de le représenter et de lire une intervention en son nom.

Intervenant après une série de réunions infructueuses tenues entre des responsables locaux et des collaborateurs de Brahim Fassi Fihri au sujet du soutien financier que la mairie de Tanger et la Région de Tanger-Tétouan pourraient apporter à l’événement MEDays, « cette faute de protocole était inacceptable » selon les responsables de MEDays avec qui Médias 24 a pu s’entretenir.

« Nous avions le ministre des Affaires étrangères palestinien Ryad El Maliki à la tribune, l’ancien président du Mali, une princesse koweitienne et une ministre du Bahreïn ;  nous aurions aimé que le maire de Tanger soit présent et non un ou une de ses adjointes » indique à Médias 24 un responsable de l’Institut Amadeus.

Le voile de l’élue tangéroise est-il au cœur de la polémique ?

Celui-ci, qui a requis l’anonymat, précise à Médias 24 que « le maire n’a pas averti de son absence, ni a fortiori écrit pour s’excuser » ajoutant que «  le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, invité lui aussi, a pris le temps d’écrire un mot et de signaler à l’avance qu’il serait absent ».

Ironie de la situation, le mauvais état des relations entre l’Institut Amadeus et la ville de Tanger ne serait pas aussi vite remonté à la surface si le quotidien casablancais Al Massae n’avait pas titré la semaine dernière « que l’intervention de l’adjointe du maire de Tanger a été refusée à MEDays car elle portait un foulard ».

Jointe au téléphone par Médias 24, l’adjointe au maire et députée de Tanger Saïda Chaker, après avoir rejeté cette version des faits (un refus de prendre la parole car elle portait un foulard) a indiqué qu’ « elle pouvait comprendre la décision des organisateurs si c’est dans les statuts, mais cela aurait été aussi bien qu’elle puisse faire son intervention car il y avait deux autres femmes arabes à la tribune de la séance d’ouverture et le maire se trouvait en déplacement à Paris ».

De fait, Médias 24 a pu s’assurer que M Omari était bien en voyage à l’étranger entre le mercredi 13 et le samedi 16 novembre.

D’accord pour les juifs marocains, mais pas d’Israéliens ni de sionistes

Au sujet des relations entre les organisateurs de MEDays l’Institut Amadeus et la mairie de Tanger, Saida Chaker a indiqué que « les deux parties ont discuté de soutien financier et que les élus municipaux en discutaient actuellement mais à certaines conditions », a-t-elle souligné.

« Si nous donnons de l’argent à Amadeus, (une discussion qui porte sur une somme 300.000 Dh, NDLR) nous posons nos conditions, à savoir que nous ne voulons pas d’invités sionistes et Israéliens », précisant toute de même, que « les juifs marocains, c’est d’accord ».

Ce débat sur la participation israélienne à MEDays avait suscité de nombreuses polémiques lors des premières éditions de MEDays avec la venue à Tanger de la chef de la diplomatie Tzipi Livni puis la participation de députés israéliens. Aujourd’hui du côté d’Amadeus et d’après les échanges qu’a pu avoir Médias 24 avec divers responsables cette période est présentée comme « un passif et fait partie du passé ».

Sur ce point toutefois, qui avait valu à Amadeus et à son président-fondateur Brahim Fassi Fihri de sévères critiques, on ne se prive pas aujourd’hui du côté du think tank rbati pour rappeler que la séance d’ouvertue de la 6ème édition s’est tenue en présence du ministre des AE de l’Autorité palestinienne Ryad El Maliki et que lorsque Tzipi Livni était à Tanger en 2009 « elle y a aussi rencontré le diplomate et négociateur palestinien Saed Erekat. Les Palestiniens reconnaissent Israël et Israël reconnait la nécessité d’un Etat palestinien. Palestiniens et Israéliens se voient et discutent tous les jours. Ce dossier est trop grand et trop important pour que n’importe quel élu local s’en mêle de cette manière » indique-t-on du côté d’Amadeus.

Outre le fait que Rabat et Tel Aviv entretiennent des relations politiques, commerciales et sécuritaires à plusieurs niveaux depuis les années 1960, aujourd’hui, un Israélien sur 7 est de naissance ou est né de parents juifs marocains. La communauté juive marocaine d’Israël est extrêmement fière de ses racines marocaines qu’elle valorise.

Après les juifs russes, les juifs marocains constituent le second groupe démographique du pays avec les Arabes israéliens. Rabat et Tel Aviv ont même officiellement échangé des ambassadeurs durant les années 1990.

Trouver une nouvelle ville hôte pour l’événement

L’absence de soutien financier de la ville de Tanger et du Conseil régional au Forum MEDays, couplée avec une baisse des soutiens financiers cette année, amènent aujourd’hui les responsables de l’Institut Amadeus à envisager d’organiser MEDays dans une autre ville. « Il est inconcevable que la ville ne soutienne pas l’événement le plus important  qui s’y tienne. La convention financière n’a pas été signée cette année et elle ne le sera pas » a confirmé à Médias 24 un organisateur. Les facteurs logistiques, Palais des congrès et dessertes aériennes, entrent également en ligne de compte.

Depuis plusieurs mois, indique-t-on du côté d’Amadeus, des réunions se sont tenues à la wilaya, des promesses ont été faites par le maire, mais rien n’a été concrétisé. « La mairie nous a confirmé qu’elle prenait certaines dépenses en charge à la veille du 6ème MEDays, mais lorsque le moment est venu de payer et de quitter les hôtels dimanche dernier » rien n’avait été réglé.

Rencontre internationale qui réunit un millier de personnes chaque année, le forum MEDays va-t-il désormais connaître une seconde vie à Rabat, Skhirat, Casablanca ou Marrakech ?

 


 

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