Des Casablancais très en colère

Ne demandez pas aux Casablancais ce qu’ils pensent de la gestion municipale. Ils sont en colère, ils sont critiques et frustrés de constater  que Casa, censée être la plus belle du Maroc, se dégrade depuis 25 ans.

Des Casablancais très en colère

Le 15 octobre 2013 à 12h23

Modifié 15 octobre 2013 à 12h23

Ne demandez pas aux Casablancais ce qu’ils pensent de la gestion municipale. Ils sont en colère, ils sont critiques et frustrés de constater  que Casa, censée être la plus belle du Maroc, se dégrade depuis 25 ans.

Au lendemain du discours royal sévère et juste à l’endroit de la gestion communale casablancaise, lorsque j’interroge l’architecte Abdelhamid Berrada sur «ce qui ne va pas à Casablanca», sa réponse fuse comme un exposé académique et sévère également : «Pour faire court, me répond cet ancien inspecteur de l’aménagement et vice-président  du conseil de l’Ordre, rien ne va, mais à tous les niveaux !».

Casa : des plans d’aménagement en souffrance depuis 10 ans.

En matière d’aménagement et d’organisation, M. Berrada dénonce «des responsables du développement inconscients des déséquilibres qu’ils font courir à la ville avec une concentration de l’habitat social autour du périmètre urbain et l’absence d’équipements publics les plus élémentaires».

Quant aux grands projets, «les Casablancais n’en savent rien,» proteste notre interlocuteur qui déplore que «là où Casa est mondialement reconnue pour être un trésor d’architecture art déco, rien n’est fait pour préserver ce patrimoine», une allusion claire à tous les scandales qui ont marqué depuis 20 ans l’abandon puis la destruction de nombreux bâtiments historiques du centre casablancais.

En matière d’hygiène, d’infrastructure, de sécurité, d’espaces verts et de transports, le constat d’Abdelhamid Berrada est également sans appel. «Saleté, déficit et régression» à tous les étages  sont les mots qui reviennent le plus souvent, avec  «des petits et des grands taxis indignes du pays le plus sous-développé», des «trottoirs le plus souvent impraticables et des bordures de trottoirs non conformes aux normes de pose en termes de sécurité et de  hauteur», sans omettre «la circulation qui est un enfer».

«Ce ne sont pas des communes, ce sont des principautés»

Selon lui, les priorités et les urgences du moment sont «la sécurité des biens et des personnes, l’hygiène de la ville, l’application des règlements et des lois, la fin des passe-droits» et «doter Casablanca des plans d’aménagements en souffrance depuis 10 ans».

Pour A. Berrada qui connaît les entrailles de l’administration locale de par son expérience d’inspecteur à l’aménagement pendant 10 ans, «la mise à jour de l’arrêté municipal de Casablanca qui date de 1952 peut déjà régler une partie des problèmes d’hygiène et d’occupation de l’espace public».

Enfin, interrogé sur son appréciation de la gestion communale, ce Casablancais qui a grandi au quartier du Polo et travaille au quartier Racine, a les mots cinglants qui fusent : «Ce ne sont pas des communes, ce sont des principautés avec chacune ses propres lois et règles».

Homme d’affaires et manager  impliqué dans la vie locale et associative, Abdelmalek Kettani salue le discours royal comme «un ferme rappel à l’ordre qui a été très favorablement accueilli par les Casablancais».

Compétences et mode de scrutin

Pour M. Kettani qui a grandi à l’Hermitage et dont les bureaux se trouvent au Maârif, «Casablanca est une ville au bord du collapse avec des problèmes de saleté, de mendicité, de marchands ambulants, de circulation, de constructions anarchiques avec des services rendus par la Lydec et la SITA qui laissent à désirer, sans parler des pollutions atmosphérique et sonore!».

 Il cite également «la ruralisation de nombreux quartiers, les problèmes de sécurité, l’absence de services sociaux et d’espaces pour les jeunes ».

Selon lui, «les priorités pour les 2-3 prochaines années devraient porter sur les infrastructures de base, la voierie et l’amélioration de la coordination entre les différents intervenants».  Pour M. Kettani, «les élus doivent reprendre le contrôle de la ville car ses 150 élus locaux et un maire élu au suffrage indirect, c’est la porte ouverte aux lobbies, à tous les abus et au clientélisme» qui se sont révélés fatals pour Casablanca.

«Servir, pas se servir»

«Avec cette gestion, souligne notre interlocuteur, les gens ne croient pas à la politique et pour cela il faut revoir le mode de scrutin municipal, revoir la charte communale, rémunérer les élus pour combattre la corruption et attirer des compétences».

 «Un maire doit être rémunéré comme un ministre ou manager de haut niveau» insiste A. Kettani. «Depuis des années, dénonce Abdelmalek Kettani qui s’est frotté à la politique locale et nationale auprès du PPS au cours de la dernière décennie, la majorité des élus ne s’engagent pas pour servir mais pour se servir».

Pour lui, le futur passe nécessairement par «le retour des compétences et la réforme du mode de scrutin». La ville doit communiquer avec ses citoyens et les citoyens doivent sentir le changement au quotidien.

Le sort de la capitale économique du royaume avec ses 4 millions d’habitants et son économie qui représente plus de 35 % du PIB du pays ne laisse personne indifférent.

Le discours royal semble avoir été autant une caisse de résonance  des préoccupations des citoyens qu’un amplificateur de ces mêmes soucis de qualité de vie urbaine très réels.

Ainsi,  aussitôt achevé le discours royal vendredi, l’association casablancaise Citoyen Stop Lydec a réagi en «réitérant son engagement et son opposition inconditionnelle contre les pratiques condamnables et le manque de contrôle volontaire qui néglige les intérêts des citoyens et intérêts nationaux pour le compte de lobbies (…)».

Stop Lydec  dénonce dans son communiqué publié ce week-end la gestion déléguée mal contrôlée qui  «porte préjudice aux villes, aux citoyens et aux employés locaux».

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