Kenya: deuil national et recherche des cadavres dans le Westgate

A la recherche de cadavres et d’éventuels explosifs, les secours fouillaient mercredi les décombres du Westgate de Nairobi, au premier jour du deuil national décrété après l’attaque meurtrière du centre commercial.  

Kenya: deuil national et recherche des cadavres dans le Westgate

Le 25 septembre 2013 à 10h51

Modifié 25 septembre 2013 à 10h51

A la recherche de cadavres et d’éventuels explosifs, les secours fouillaient mercredi les décombres du Westgate de Nairobi, au premier jour du deuil national décrété après l’attaque meurtrière du centre commercial.  

L’assaut lancé samedi, revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebab, a coûté la vie à au moins 61 civils, six membres des forces de sécurité kényanes et cinq assaillants. Presque autant de personnes sont portées disparues et 175 ont été blessées.

Il s’agit d’ores et déjà de l’opération la plus meurtrière à Nairobi depuis l’attentat-suicide d’Al-Qaïda en août 1998 contre l’ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de 200 morts.

Et le nombre de victimes devrait encore grimper, a prévenu mardi soir le président kényan Uhuru Kenyatta en annonçant la fin de l’interminable siège lors d’une allocution télévisée, car le toit du Westgate s’est partiellement effondré. «Des corps sont toujours bloqués» sous les décombres, a précisé le président.

Mercredi sur Twitter, les shebab ont affirmé que «137 otages» détenus par les assaillants avaient péri dans l’attaque, accusant les forces kényanes d’avoir utilisé «des gaz chimiques» pour mettre fin au siège.

Et «pour couvrir ses crimes, le gouvernement kényan a provoqué l’effondrement du bâtiment, enterrant les preuves et tous les otages sous les décombres», ont-il ajouté.

Une partie du toit et de trois étages, sur les quatre que compte le Westgate, s’était effondrée mardi, une source sécuritaire et un pompier expliquant alors que la structure avait sans doute été fragilisée par un incendie survenu lundi.

Depuis l’aube mercredi, les secours s’affairaient autour du luxueux centre commercial dévasté par les balles, les explosions et les flammes.

Des experts en explosifs aidés de robots démineurs téléguidés l’inspectaient, vérifiant «qu’aucun explosif n’a été laissé» dans le dédale de magasins par les islamistes, a expliqué une source sécuritaire.

Des équipes de chiens renifleurs recherchaient également des bombes, mais aussi les corps de tout ou partie de la soixantaine de disparus.

«Des experts médico-légaux d’autres pays ont été autorisés à se joindre à l’enquête sur le site, dont Israël, les Etats-Unis et le Royaume-Uni», a indiqué le chef des services administratifs kényans, Francis Kimemia.

Pendant le siège, ces trois pays avaient soutenu les forces kényanes sans intervenir directement, à part peut-être les Israéliens qui, selon une source sécuritaire, étaient présents dans le Westgate.

Le président Kenyatta avait annoncé mardi soir la fin du siège après presque 80 heures d’affrontements, décrétant un deuil national de trois jours et promettant de poursuivre les responsables.

La composition du commando controversée

Le commando, composé de 10 à 15 personnes selon les autorités, avait pénétré samedi à la mi-journée dans le Westgate, lançant des grenades et tirant à l’arme automatique sur les employés et la foule de Kényans et d’expatriés - 16 d’entre eux au moins ont péri - venus faire leurs courses du week-end, avant de se retrancher dans le bâtiment avec des otages.

Ont suivi une série d’assauts pour tenter de les déloger. Selon un membre des forces spéciales kényanes ayant participé aux opérations, celles-ci ont pris des allures de «cache-cache» avec les islamistes, aidés par la configuration des lieux: une myriade de magasins et de restaurants répartis sur quatre étages dans des galeries donnant sur un grand hall central ouvert jusqu’au toit.

Outre les cinq islamistes abattus, d’autres sont peut-être ensevelis sous les décombres avec des otages. On ignorait mercredi si certains avaient réussi à s’enfuir.

Onze suspects ont par ailleurs été arrêtés, selon Uhuru Kenyatta, sans aucune autre précision.

L’attaque avait été rapidement revendiquée samedi par les shebab, qui avaient dit agir en représailles à l’intervention de l’armée kényane en Somalie depuis fin 2011, et menacé de frapper encore plus fort si le Kenya ne se retirait pas.

L’identité des membres du commando reste controversée

Des rumeurs ont circulé sur la présence dans le groupe de combattants étrangers, notamment américains et britanniques, dont la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d’un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, surnommée «la veuve blanche» par les médias.

Les shebab ont «catégoriquement démenti l’implication d’une femme» dans l’attaque, et Uhuru Kenyatta a affirmé ne pas pouvoir confirmer la participation de Britanniques ou d’Américains, car «les experts médico-légaux travaillent à établir les nationalités des terroristes».

Après avoir contrôlé près de 70% de la Somalie en 2009, les shebab ont depuis lors été chassés de Mogadiscio par une force africaine et repoussés vers les zones rurales du sud du pays, et sont aujourd’hui sur le déclin. Ils ont tenté de recruter en Occident des volontaires au jihad mondial, des fonds et des soutiens, essentiellement dans la diaspora somalienne en Europe du Nord et aux Etats-Unis.

A Nairobi, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, le Westgate était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda - comme les shebab.

La police kényane a renforcé sa vigilance dans les principales villes du pays, tandis que la classe politique, fortement divisée par de récentes élections, a sans relâche appelé à l’unité pendant la crise.

L’attaque du Westgate pourrait cependant relancer les tensions politico-religieuses au Kenya entre chrétiens, largement majoritaires, et musulmans, dont une grande partie sont d’origine somalienne.

(Par AFP)

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