Kenya : les shebabs menacent de nouvelles attaques

Les shebab somaliens ont menacé mardi le Kenya de nouvelles attaques au Westgate, où un commando d’islamistes, retranché avec des otages dans le dédale des boutiques jonchées de cadavres, résiste aux forces de sécurités kényanes.  

Kenya : les shebabs menacent de nouvelles attaques

Le 24 septembre 2013 à 16h00

Modifié le 24 septembre 2013 à 16h00

Les shebab somaliens ont menacé mardi le Kenya de nouvelles attaques au Westgate, où un commando d’islamistes, retranché avec des otages dans le dédale des boutiques jonchées de cadavres, résiste aux forces de sécurités kényanes.  

La situation était toujours confuse mardi après-midi dans le centre commercial, où les affrontements ont repris mardi à l’aube tandis que les autorités kényanes annonçaient depuis la veille avoir repris le contrôle du bâtiment.

Une explosion et des coups de feu sporadiques ont retenti brièvement, suivis quelques heures plus tard par un échange, bref mais intense, de tirs d’armes automatiques. Des sources de sécurité ont indiqué qu’elles combattaient toujours «un ou deux» assaillants.

A la mi-journée, une partie du toit du bâtiment, fragilisé par un incendie qui s’était déclenché lundi, s’est complètement effondrée.

Dans un nouveau message audio mis en ligne sur internet de leur porte-parole Sheikh Ali Mohamud Rage, les shebab, liés à Al-Qaïda répètent avoir attaqué Westgate en représailles d’une intervention militaire kényane lancée en Somalie fin 2011. Et ils réitèrent leurs menaces.

«Que l’armée kényane quitte la Somalie!»

«Nous lançons un avertissement au gouvernement kényan et à tous ceux qui le soutiennent. S’ils veulent la paix, qu’ils quittent notre territoire, qu’ils arrêtent leur ingérence dans nos affaires, qu’ils libèrent nos prisonniers et qu’ils arrêtent toutes les formes de combat contre notre religion», a lancé Mohamud Rage.

Sur un nouveau compte Twitter, ils ont par ailleurs affirmé que «les otages détenus par les moujahidines à l’intérieur du Westgate sont toujours vivants, choqués mais néanmoins vivants».

«Il y a un nombre incalculable de cadavres éparpillés» dans le bâtiment pris d’assaut samedi par un commando fortement armé d’une douzaine de personnes, ont-ils décrit.

Cette déclaration glaçante est crédible, les corps n’ayant pas tous pu être évacués depuis le début du raid. Elle fait craindre un bilan bien plus élevé que les 62 morts annoncés officiellement pour le moment, avec presque autant de personnes portées disparues.

Les autorités, qui déplorent trois morts parmi les soldats kényans impliqués dans les affrontements, parlent aussi de près de 200 blessés.

Lundi soir, le gouvernement kényan avait affirmé que tous les otages piégés dans le bâtiment avaient probablement été secourus. Il avait ajouté que ses forces contrôlaient le Westgate et qu’elles passaient au peigne fin les étages sans rencontrer de résistance.

Il était toujours très difficile d’obtenir des informations précises sur l’identité des assaillants, dont trois ont été tués dans les affrontements, selon Nairobi.

Lundi, la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a affirmé depuis New York que deux ou trois Américains et une Britannique faisaient partie du commando.

L’ombre de la «veuve blanche»

La police kényane avait affirmé plus tôt vérifier des informations selon lesquelles la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d’un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, serait «impliquée».

Mais Londres a refusé de commenter l’information.

La Cour pénale internationale (CPI), qui poursuit actuellement le président et le vice-président kényans pour crimes contre l’humanité, a proposé son aide en vue de poursuivre les responsables de l’attaque.

L’Union africaine (UA), dont une force intervient en Somalie pour combattre les shebab aux côtés des fragiles autorités de Mogadiscio, a elle promis d’intensifier sa lutte contre les insurgés.

Depuis le début de l’attaque samedi midi, plusieurs assauts pour tenter de venir à bout du groupe armé ont été menés.

Dans la journée, un membre des forces spéciales kényanes ayant participé aux combats avait raconté la difficulté de l’intervention, parlant d’une partie de «cache-cache» avec les islamistes dans le vaste centre commercial.

Selon une source sécuritaire, des agents israéliens interviennent aux côtés des Kényans.

«Les Kényans ont vraiment la direction des opérations» a expliqué une source diplomatique à l’AFP. «Les principaux pays occidentaux ont des représentants dans le centre de commandement, mais les Kényans ne leur laissent pas accès (au terrain)», a-t-elle ajouté, sans exclure que les Israéliens jouent un rôle plus important.

Au moins 16 étrangers, dont deux Françaises, ont été tués dans l’attaque, aux côtés de nombreux Kényans.

Samedi, au moment de l’attaque, le Westgate, détenu en partie par des Israéliens, était bondé de Kényans et d’expatriés de toutes nationalités.

L’attaque est la plus meurtrière à Nairobi depuis celle suicide d’Al-Qaïda en août 1998 contre l’ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de 200 morts.

Des intérêts israéliens au Kenya ont déjà été la cible d’attaques revendiquées par Al-Qaïda: en 2002, un attentat suicide contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens avait tué 12 Kényans et trois Israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Presque simultanément, un avion de la compagnie israélienne El Al avec 261 passagers à bord avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage, également à Mombasa.

Dans une capitale connue comme le «hub» de l’Afrique de l’Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, le Westgate était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda comme les shebab. Ouvert en 2007, le bâtiment compte restaurants, cafés, banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour.

La classe politique kényane a elle appelé à l’unité face à la crise.

Le vice-président William Ruto a obtenu de la CPI de pouvoir rentrer dans son pays pour gérer la situation. Il comparaît à La Haye pour son rôle présumé dans les violences politico-ethniques qui ont suivi les élections kényanes de 2007 et fait plus de 1.000 morts.

Des milliers de Kényans se sont eux déplacés pour donner leur sang et venir en aide aux victimes.

(Avec AFP)

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