Comment organiser et planifier les différents projets afin qu’ils soient prêts et opérationnels dans le meilleur ordre possible ? Telle est aujourd’hui la question qui se pose. De 2005 à 2010, près d’une vingtaine de projets d’investissements publics et privés ont été lancés, certains ayant été achevés, d’autres devant l’être d’ici la fin de l’année 2015 ou le courant de l’année 2016.

La convergence passe par les voies de communication

Selon des sources proches du Centre régional d’investissement, « l’essentiel du développement de Tanger et de sa région est d’abord basé sur la réalisation d’un réseau de communication qui relie les pôles du Nord, Tanger, Tanger-Med et Tétouan entre eux, et ce pôle au reste des réseaux marocains, qu’ils soient autoroutier ou ferroviaire ».

De ce fait, les 5 à 10 dernières années ont vu l’arrivée de l’autoroute jusqu’à Tanger, son développement jusqu’à Tanger-Med et, partiellement, jusqu’à Tétouan, tandis que Tanger et Tétouan, de leur côté, ont enfin été reliées par une double voie rapide.

Mais ce n’est pas tout. Si organiser la convergence consiste à coordonner les séquences d’achèvement et de mise en service des différents projets, il s’agit également d’organiser la communication afin d’éviter la congestion.

En ce sens, le travail réalisé sur Tanger au cours de ces 5 dernières années a consisté à développer des voies de pénétration et de voies de contournement qui permettent une meilleure fluidité du trafic automobile. Ainsi la finalisation de la rocade tangéroise qui va de la corniche au quartier Boubana pour déboucher sur la route de l’aéroport et la route de Rabat permet au centre-ville de « respirer ». Et le fait que l’ouverture de cette rocade a coïncidé avec le déplacement de l’essentiel des activités du port de la ville vers Tanger-Med a, de manière définitive, évité l’asphyxie de la zone de la baie et du centre-ville, notamment les axes des avenues d’Espagne vers les avenues Youssef Ibn Tachfine et Moulay Ismaïl.

Fluidifier le trafic

Aujourd’hui que ce travail de pénétration routière et de contournement est bien lancé, il s’agit de faire se coïncider l’arrivée du TGV, la finalisation de la rénovation du port de Tanger-Ville avec notamment le développement de sa zone touristique, l’ouverture de son musée et de son centre de conférences, avec la mise en service progressive du Tanger City Center (TCC) à partir de la fin de 2013. Le TCC sera totalement achevé en juin 2015 avec l’ouverture du 2^ème Hilton prévu sur place.

 D’ici fin 2015-2016, une dizaine de projets hôteliers doivent encore voir le jour. Outre les 2 Hilton, un Ramada, un Idou Anfa, un ensemble de maisons d’hôtes, un Tulip Farah, un hôtel  par Qatari Dyar et un autre par le groupe Holmarcom sont en cours de construction à Tanger. Sans compter les projets de Mdiq et de Martil, le Ritz-Carlton, un Sofitel,  un établissement à Cabo Negro et un autre à Martil.

A la rocade, au nouveau port, au TCC, à la nouvelle gare et à l’arrivée du TGV, il faut ajouter l’ouverture progressive entamée en 2013 des premiers projets de la zone du Ghandori.  Située à l’est de la baie de Tanger, la zone du Ghandori a déjà vu 2 nouveaux hôtels  ouvrir leurs portes au cours de ces derniers mois. Il s’agit du Ryad Mogador et du Farah (Groupe CMKD). La CGI et le groupe Berrada (La Palmeraie) y ont déjà ouvert leurs ensembles de villas, en attendant, à 2 kilomètres de là l’imposant projet résidentiel et touristique du groupe Holmarcom, Cap Tingis.

Une ville et une région en forte croissance

Maintenant que l’ensemble des chantiers est en cours, l’augmentation de la capacité hôtelière de la ville de Tanger, qui dépassera les 13.500 lits à la fin 2015 selon les chiffres du ministère du Tourisme, doit s’accompagner d’un travail de promotion et d’un fort travail de vente de la ville comme centre de congrès. 13.500 lits, c’est le double de ce qui était disponible 10 ans auparavant.

« Il s’agit de réaliser pour les autres secteurs ce qui a été réussi pour l’industrie », indique un industriel. Dans le cas de l’industrie, au fur et à mesure de la définition des plans sectoriels du programme Emergence et de la promotion de l’investissement étranger au Maroc durant les années 2000, Tanger Free Zone a continué de croître, la zone de Gzénaya a été développé et un projet de Grande plateforme industrielle (GPI) a été développé pour anticiper les besoins en infrastructures d’accueil de l’investissement industriel. Du coup, aujourd’hui que la TFZ est prête à afficher « complet », Melloussa et la Tanger Automotive City de Chrafate sont prêtes à prendre le relais.

Record de croissance démographique et économique

Ce n’est pas un hasard si les chiffres du Haut commissariat au plan indiquent que la région de Tanger-Tétouan est celle qui connait la plus forte croissance annuelle de son PIB  et de sa démographie parmi les régions du pays au cours des années 2000.

Plus que Casablanca, plus que Marrakech et plus que Rabat, en raison de la hausse des investissements industriels qui créent des richesses et de l’emploi. Sur la région de Tanger-Tétouan, la seule préfecture de Tanger-Asilah compte à ce jour  950.000 habitants, contre moins de 600.000 au début des années 2000. L’ensemble de la région, avec Tétouan et Larache notamment, compte plus de 3,2 millions d’habitants. Là où la population marocaine s’accroît en moyenne de 1,4% depuis la fin des années 1990, ici la croissance est de 2% par an en moyenne.

En termes de revenus, la région de Tanger-Tétouan connaît un revenu moyen supérieur à la moyenne national et un taux de pauvreté inférieur, et cela depuis la moitié des années 2000 selon des chiffres de l’Agence du Nord.

Anticiper l’urbanisation

Dans cet esprit de convergence et d’anticipation sur la croissance à venir, la croissance urbaine est organisée à travers la planification de nouveaux quartiers et de villes nouvelles telle Chrafate.  Dans le défi qu’affronte Tanger et sa région pour opérer une convergence qui soit sources de bénéfices économiques et sociaux, le fait que la région ait connu une certaine continuité au niveau de sa gouvernance au cours de ces dernières années a été utile.

Ainsi, aujourd’hui, on retrouve l’ancien wali Mohamed Hassad à la tête de l’entreprise et port Tanger-Med tandis que l’actuel patron de la région et wali de Tanger Mohamed Yacoubi est un ancien directeur du Centre régional d’investissement de Tanger-Tétouan et un ancien wali de Tétouan.

Au vu de l’état des chantiers urbains, touristiques et d’infrastructures sur la région, on ne peut que constater une bonne marche globale des projets. Faire converger l’ensemble, de la côte de Mdiq, à Tanger-Med en poursuivant vers la Tanger Free Zone est un challenge en passe d’être relevé.