Contrôle des produits alimentaires : à qui la faute ?

La réputation de la cuisine marocaine est parfois entâchée par une hygiène alimentaire approximative. Les étals des bouchers exposant la viande à l'air libre ou les ruptures de la chaîne de froid pour économiser l'électricité, ne donnent pas l'eau à la bouche et peuvent affecter les panses les plus fragiles.  

Contrôle des produits alimentaires : à qui la faute ?

Le 5 septembre 2013 à 17h03

Modifié 5 septembre 2013 à 17h03

La réputation de la cuisine marocaine est parfois entâchée par une hygiène alimentaire approximative. Les étals des bouchers exposant la viande à l'air libre ou les ruptures de la chaîne de froid pour économiser l'électricité, ne donnent pas l'eau à la bouche et peuvent affecter les panses les plus fragiles.  

Certes, les systèmes immunitaires semblent s'en être accommodés. Pourtant, la sécurité alimentaire est une exigence d'intérêt général, qui appelle à la vigilance et à la réactivité. L'organisme public chargé d'effectuer le contrôle sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), né de la fusion il y a trois ans et demi de plusieurs directions, s'essaie à l'exercice, non sans volonté ni difficultés.

Dirigé par Ahmed Bentouhami, un ingénieur agronome formé à Rabat et qui a passé l'essentiel de sa carrière au sein du ministère de l'agriculture, l'ONSSA tente aujourd'hui de moderniser sa stratégie pour s'attaquer à la racine du mal. Car il ne suffit pas de contrôler, il faut encore changer les habitudes consuméristes et professionnelles. 

A moyens limités, contrôle boiteux

Pour contrôler l'ensemble de la chaîne alimentaire (production, exploitation, transformation, distribution, points de vente, restauration collective, importations et exportations), l'ONSSA dispose  d'une équipe très réduite. Pour couvrir tout le territoire, l'Office dispose de moins de 1000 techniciens (vétérinaires et inspecteurs).
Contactée par Médias 24, Dre. Saoussane Bakkali, rattachée à la direction générale et chargée de la qualité au sein de l'ONSSA, a accepté de s'exprimer au micro de Médias 24 : “C'est vrai que nous sommes en sous-effectif. Mais l'ONSSA est tout de même présent à tous les niveaux de la chaîne et compte renforcer ses ressources humaines”.

Sans doute le nombre d'inspecteurs sur le terrain est insuffisant. Mais même avec les effectifs adéquats, il semble que le problème soit plus profond : déjà l'agriculture, la pêche, l'agroalimentaire et la grande distribution sont de vastes secteurs qui emploient plus de la moitié des citoyens. D'autre part, ces branches sont souvent monopolisées par de grands propriétaires ou industriels qui rendent difficile le contrôle effectif des produits alimentaires. Enfin, la corruption aidant, il est difficile de toujours s'assurer de l'intégrité des hommes de terrain.

Quoi qu'il en soit, la tâche n'est pas aisée pour cet organisme intégré au Plan Maroc Vert (PMV) et qui procède, dans la limite de ses moyens, à un travail de contrôle basé sur l'échantillonnage, l'inspection physique et documentaire au niveau des grands points de commerce (ports et aéroports, marchés de gros et halles au poisson). Le système de traçabilité établi par le PMV aide également à mieux maîtriser la circulation des produits dans la chaîne alimentaire.

“Nous ne pouvons pas être partout. Par contre, nous tenons à responsabiliser le professionnel qui a une obligation d'auto-contrôle”, nous explique le docteur Bakkali. L'ONSSA mise également sur la sensibilisation à l'hygiène. Il a notamment mis en place une initiative simple et efficace pour pallier l'exposition de la viande à l'air libre dans les boucheries. Des fausses carcasses ont été accrochées aux esses des étals, mais les bouchers ne semblent pas réellement convaincus par cette méthode puisque la pratique a peu ou pas été perpétuée.

Et pour cause : les Marocains exigent le plus souvent de leurs bouchers de voir la viande avant de l'acheter. Une habitude consumériste sur laquelle les professionnels sont obligés de s'aligner pour conserver leur clientèle. C'est en somme ce genre de comportements qui rendent le contrôle peu effectif.
 

Une question d'éducation ou de culture ?


Si les professionnels faisaient preuve d'un peu plus d'exigence envers leur propres produits, le contrôle sanitaire en serait grandement facilité. En même temps, si les consommateurs étaient plus regardants sur ce qu'ils consomment, les professionnels ne feraient sans doute pas preuve d'autant de laisser aller.

Pour répondre aux normes européennes en matière de sécurité alimentaire, les pouvoirs publics qui misent sur les produits du terroir à l'exportation doivent renforcer leur contrôle, mais surtout procéder à une stratégie sur le long terme, basée sur la sensibilisation par l'éducation.

C'est ce qu'a entrepris l'ONSSA qui lancera sur les ondes de Médi 1 et dès le 1er octobre prochain pour une durée de six mois un programme dédié à l'hygiène alimentaire. L'organisme public souhaite également collaborer avec le ministère de l'éducation nationale pour mettre en place des modules scolaires destinés à expliquer dès le plus jeune âge les règles de l'hygiène, de la ferme à l'assiette.

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