Les taux de réalisation des équipements publics inférieurs à 50%
De nombreux plans d’aménagement sont en cours de finalisation. Mais leur mise en œuvre procurera-t-elle nécessairement des espaces de vies adaptés ? Pas si sûr au vu du bilan moyen qu’affichent les anciens PA.
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Nabila Fathi
Le 18 juillet 2013 à 15h11
Modifié 18 juillet 2013 à 15h11De nombreux plans d’aménagement sont en cours de finalisation. Mais leur mise en œuvre procurera-t-elle nécessairement des espaces de vies adaptés ? Pas si sûr au vu du bilan moyen qu’affichent les anciens PA.
Le constat est alarmant. Très rares sont les cas où les équipements publics prévus dans les plans d’aménagement, aujourd’hui en cours de remplacement, affichent des taux de réalisation supérieurs à 50%.
Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces niveaux ne dépendent pas du rang social des communes. Qu’elles soient riches ou pauvres, urbaines ou rurales, elles subissent toutes le même sort.
« Le cas de la commune d’Aïn Sbâa, l’une des plus riches du Maroc, est édifiant. Le taux de réalisation de son ancien plan d’aménagement tous équipements confondus est d’à peine 41,4% », révèle Abdellah Ibrahim El Haimer, architecte-urbaniste. Selon les estimations par types d’équipement, ce taux est de 40% pour la santé, 34,5% pour les espaces verts, 37,5% pour le sport, 51,7% pour ce qui est du socio-culturel et 40% pour l’enseignement. Si tel est le cas pour une commune qui « se permettait de prêter de l’argent à l’Etat », selon M. El Haimer, que dire alors des autres communes.
Sortons donc un peu de Casablanca et voyons ce qui se passe dans le Maroc profond. Prenons le cas de la petite bourgade de Taznakht. Selon une évaluation des derniers PA, les équipements publics non réalisés atteignent les 90% : 100% pour la santé, idem pour les équipements cultuels, les équipements collectifs et d’intérêts général, 80% pour la santé, le cimetière prévu n’a pas vu le jour…. Bref, la majorité des équipements qui étaient prévus n’ont pas été réalisés. Et quand bien même certains ont été réalisés, c’est sur des terrains autres que ceux réservés par le PA. « Cela justifie davantage la nécessité de mener des études approfondies sur la nature du foncier, sa situation juridique et la facilité de son acquisition pour une meilleure mise en œuvre des dispositions du plan d’aménagement ».
Les services des agences urbaines sont sur le pied de guerre
Le sujet est d’autant plus d’actualité que les services des agences urbaines sont sur le pied de guerre. Ils bouclent les dernières étapes avant l’homologation de certains PA. Rien que dans la capitale économique, 28 sont dans les tuyaux.
« Il est inutile de dépenser des sommes conséquentes pour l’élaboration des documents de l’urbanisme, si en aval, l’Etat ne mobilise pas les moyens requis pour leur concrétisation », commente Abdellah Ibrahim El Haimer. Et d’ajouter, « il faut dresser un bilan général et lancer une réflexion pour rectifier le tir. Malheureusement, dans le cadre des plans d’aménagement aujourd’hui dans le circuit, l’approche adoptée est la même que par le passé. Alors que pour corriger la situation, il ne faut plus se contenter de suivre les règles scientifiques, mais penser l’urbanisme comme un package ».
Soit. Mais qu’est-ce qui expliquerait ces taux aussi médiocres? « Les élus l’expliquent par la rareté ainsi que la cherté du foncier. Ce qui n’est pas vrai. D’ailleurs, le cas de Taznakht est là pour en témoigner », commente notre source. Et de conclure: « si l’Etat n’a pas les moyens de ses ambitions, autant ne plus produire de nouveaux plans. Car c’est peine perdue d’en publier sans faire le nécessaire pour les mettre à exécution ».
La solution? « Impliquer le privé en lui donnant une certaine flexibilité au niveau du zonage, mais en exigeant sa participation aux équipements publics ».
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