Egypte : Morsi rencontre le chef des armées, la mobilisation ne faiblit pas
Alors que Mohamed Morsi rencontre l’armée, partisans et opposants du président égyptien, de plus en plus isolé après plusieurs défections, forment mardi 2 juillet de grands rassemblement rivaux, faisant craindre un regain de violence.
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Le 3 juillet 2013 à 10h02
Modifié le 3 juillet 2013 à 10h02Alors que Mohamed Morsi rencontre l’armée, partisans et opposants du président égyptien, de plus en plus isolé après plusieurs défections, forment mardi 2 juillet de grands rassemblement rivaux, faisant craindre un regain de violence.
Alors que l'armée a donné jusqu'à mercredi soir au chef d'Etat islamiste pour "satisfaire les revendications du peuple", l'opposition a désigné Mohammed El Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), pour être sa "voix" et son négociateur vue d'une "transition politique".
Des dizaines de milliers de personnes ont convergé vers l'emblématique place Tahrir au Caire pour une nouvelle mobilisation contre le président, élu il y a tout juste un an.
Un manifestant, Mostafa Gharib, a dit à l'AFP craindre que les islamistes "ne se battent jusqu'à la fin avant de tomber".
Pour Mona Elghazawy, une comptable également descendue dans la rue pour réclamer le départ du président, "la bataille se joue maintenant" face aux islamistes.
Des effectifs de police supplémentaires étaient déployés dans la capitale, où la plupart des entreprises étaient fermées et où les rues quasi-désertes offraient un contraste saisissant avec l'habituelle activité de la mégalopole égyptienne. La ville était également survolée par des hélicoptères de l'armée.
Un responsable des Frères musulmans, le puissant mouvement islamiste dont est issu M. Morsi, a appelé à empêcher un coup d'Etat, au besoin par le "martyre", en rappelant le sang déjà versé pour obtenir la chute de l'ancien président Hosni Moubarak.
Des dizaines de milliers de partisans du président étaient rassemblés dans le faubourg de Nasr City ainsi que devant l'université du Caire, sur l'autre rive du Nil, pour défendre la "légitimité" de M. Morsi, vainqueur de la première élection présidentielle libre de l'histoire du pays.
"Réveille-toi Sissi, Morsi est mon président", scandait la foule à l'adresse du ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, accusé de prendre position contre le chef de l'Etat.
"La position de l'armée est inquiétante et dérangeante. S'ils prennent le pays, nous ferons une révolution islamique", a prévenu Mohamed Abdel Salem, un manifestant pro-Morsi. Alia Youssef, ingénieure voilée de 24 ans, s'est dite "prête à mourir ici pour défendre la légitimité (du président) et dire non à un coup d'Etat militaire".
Dans la nuit de lundi à mardi, la présidence avait rejeté l'ultimatum de l'armée, affirmant que l'Egypte ne permettrait "absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances".
L'armée, qui avait assuré un intérim controversé entre la chute de M. Moubarak début 2011 et l'élection de M. Morsi en juin 2012, a démenti mardi matin vouloir préparer un "coup".
Lâché par cinq ministres et son propre porte-parole, M. Morsi apparaît de plus en plus isolé. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, a annoncé mardi son départ, rejoignant quatre autres ministres, dont celui du Tourisme, démissionnaires depuis lundi. M. Kamel Amr est le plus important membre du cabinet à se retirer.
Dans la foulée, le porte-parole de la présidence Ehab Fahmi et le porte-parole du gouvernement, Alaa al-Hadidi, ont quitté leur poste.
Infligeant un revers supplémentaire au président islamiste, la justice, engagée depuis son élection dans un bras de fer avec M. Morsi, a ordonné la réintégration du procureur général, Abdel Méguid Mahmoud, nommé sous M. Moubarak et limogé en novembre par décret de M. Morsi.
Le président américain Barack Obama a invité "toutes les parties à faire preuve de retenue", appelant M. Morsi à "faire en sorte que les voix de tous les Egyptiens soient entendues".
Dimanche, jour anniversaire de l'élection de M. Morsi, la foule avait déferlé dans la capitale et dans de nombreuses autres villes aux cris de "Le peuple veut la chute du régime", le slogan déjà scandé début 2011 contre le pouvoir autoritaire de M. Moubarak.
Au moins 16 personnes ont été tuées dans tout le pays en marge des manifestations. Des affrontements similaires avaient déjà fait huit morts, dont un Américain, la semaine dernière.
(Avec AFP)
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Modifié 3 juillet 2013 à 10h02