Dessalement. Visite guidée au cœur de la station de Chtouka 

À l’heure où l’urgence climatique et les sécheresses répétées trustent souvent la une de l’actualité dans notre pays, le projet de station de dessalement d’eau de mer de Chtouka prend tout son sens. Chef du service des équipements de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss-Massa, Mehdi El Arabi fait le bilan de cette grande infrastructure et revient sur son importance stratégique à l’échelle régionale, aussi bien pour l’approvisionnement en eau potable de la région que pour le soutien à l’irrigation et l’agriculture locales.

Dessalement. Visite guidée au cœur de la station de Chtouka 

Le 7 mai 2024 à 17h05

Modifié 8 mai 2024 à 9h34

À l’heure où l’urgence climatique et les sécheresses répétées trustent souvent la une de l’actualité dans notre pays, le projet de station de dessalement d’eau de mer de Chtouka prend tout son sens. Chef du service des équipements de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss-Massa, Mehdi El Arabi fait le bilan de cette grande infrastructure et revient sur son importance stratégique à l’échelle régionale, aussi bien pour l’approvisionnement en eau potable de la région que pour le soutien à l’irrigation et l’agriculture locales.

Dans une région au fort potentiel agricole, l’importance de la station de dessalement d’eau de mer de Chtouka est incontestable. Deux années après son lancement, le bilan est très positif, et ce à tous les niveaux. Sur le plan social, le projet a permis de maintenir près d’un million de journées de travail par an dans la région.

Sur le plan économique, le lancement de cette station a permis de pérenniser les investissements existants au niveau agricole, à hauteur de 3 milliards de dirhams, assurant au passage la protection de la valeur ajoutée de près de 9 milliards de dirhams. La station de dessalement de Chtouka a ainsi fourni de l’eau pour l’irrigation pour quelque 15.000 hectares au profit de 1.500 agriculteurs dans la plaine de Chtouka, une région qui produit l’équivalent de 85% de cultures précoces, dont les tomates représentent 97%, et approvisionne les marchés national et européen, ainsi que, depuis peu, le marché africain.

"On peut dire que la station a bien joué son rôle puisqu’elle a été impulsée dans une période où l’on vivait réellement un stress hydrique assez intense. Nous pouvons donc dire qu’au cours de ces deux années, nous avons pu garantir à la fois l’eau potable et bien sûr la production agricole au niveau du stockage, et que nous apportons également une garantie de sécurité alimentaire", explique Mehdi El Arabi, chef du service des équipements de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss-Massa.

Selon notre hôte, la station de dessalement produit actuellement 275.000 m3 d’eau par jour, répartis entre l’eau potable (environ 150.000 m3) et l’eau d’irrigation (125.000 m3). À terme, cette grande infrastructure devrait augmenter sa production pour atteindre 400.000 m3/jour d’eau dessalée. Cette capacité sera partagée équitablement entre l’eau potable et l’eau d’irrigation, maintenant ainsi sa contribution à la préservation de l’activité agricole dans la région, notamment les cultures à haute valeur ajoutée.

Un joyau technologique

Pour ancrer dans la région pareille mégastructure, il a fallu mobiliser un investissement conséquent de 4,4 milliards de dirhams, "répartis entre 60% pour le secteur privé et 40% pour l’État", affirme le chef du service des équipements de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss-Massa. "C’est un exemple de projet mutualisé entre le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Eau", poursuit Mehdi El Arabi, qui précise qu’en raison de l’aspect "budgétivore" du projet, la formule du partenariat public-privé a été privilégiée.

Projet pionnier au niveau national, la station de dessalement de Chtouka est également la première du genre en Afrique, fait valoir notre interlocuteur. Il insiste notamment sur le procédé technique et le caractère novateur de la technologie retenue pour donner vie à ce grand projet : "La station de Chtouka utilise la technique de l’osmose inverse. C’est l’une des techniques les plus avancées en la matière. Nous disposons ainsi de plusieurs étapes de traitement et de filtration de l’eau. Nous partons de deux prises d’eau au niveau de la côte océanique. Après ces deux prises, nous disposons d’un dégraisseur qui sépare les parties solides de 3 cm. Ensuite, nous avons des filtres rotatifs qui éliminent tout ce qui dépasse les 3 cm."

"On passe alors à l’étape de filtration automatique, avant de procéder à l’ultrafiltration, l’avant-dernière étape avant l’osmose inverse. Après l’osmose inverse, on débouche sur la dernière étape, à savoir la reminéralisation de l’eau." À l’extérieur, l’infrastructure comprend deux exutoires en mer, deux canaux pour la récupération de l’eau salée d’une longueur de 1.100 mètres chacun et d’un diamètre de 2,4 mètres, et d’un canal d’évacuation des eaux concentrées d’une longueur de 700 mètres.

Une réponse efficace au stress hydrique

"Budgétivore", l’investissement dans la station de dessalement de Chtouka s’avère pourtant nécessaire. Le Maroc est classé en pénurie hydrique avec seulement 500 m3 d’eau douce par habitant et par an, contre 2.500 m3 en 1960, une situation préoccupante confirmée au niveau national par le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Avec près de 100 milliards de m3 d’eau de pluie par an dans les années 70, le Maroc est ainsi passé à 22 milliards de m3 d’eau au cours des dernières années, beaucoup moins en 2023. Face au spectre de la rareté de la ressource hydrique et ses conséquences sur le développement socio-économique du pays, notamment sur le secteur agricole, le dessalement d’eau de mer représente une alternative durable, au Maroc, mais également à l’international où le procédé séduit de plus en plus.

Partout dans le monde, le recours au dessalement s’impose progressivement comme la solution de premier plan pour faire face au stress hydrique croissant. En 2022, plus de 21.000 stations de dessalement d’eau de mer étaient opérationnelles dans le monde, soit presque deux fois plus qu’il y a dix ans, et le secteur connaît une croissance de l’ordre de +6 % à +12 % de capacité par an.

Les Nations unies estiment qu’en 2025, les deux tiers de la population mondiale seront concernés par ces défis. Si les causes de la raréfaction de l’eau sont multiples (changement climatique, agriculture intensive et croissance démographique, etc.), elle impose au forceps aux États de repenser leurs politiques hydriques, un enjeu central en termes de stabilité, de résilience et même de souveraineté. C’est le cas par exemple au Moyen-Orient où la majorité des pays du Golfe dépendent aujourd’hui, et en grande partie, de l’eau dessalée pour la consommation de leurs habitants.

Les chiffres sont éloquents : aux Émirats Arabes Unis (EAU), 42% de l’eau potable provient d’usines de dessalement, représentant plus de 7 millions de m3 par jour. Ce taux est de 90 % pour le Koweït, 86% pour Oman et 70% pour l’Arabie Saoudite. Dans ce dernier, les capacités de dessalement de l’Arabie Saoudite devraient même passer de 5,6 millions de m3 par jour en 2022 à 8,5 millions de m3 par jour en 2025, pour finalement couvrir plus de 90 % de la consommation en eau du pays à l’horizon 2023. Les prévisions laissent présager une même tendance au Koweït, à Bahreïn et en Israël, où la production d’eau dessalée va plus que doubler.

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