Syrie: les jihadistes de l'EI aux portes de la ville kurde d'Aïn al-Arab

(AFP)

Le 29 septembre 2014

Les jihadistes de l'Etat islamique resserrent leur étau sur Aïn al-Arab, la troisième ville kurde de Syrie à la frontière avec la Turquie, au moment où Ankara examine son engagement militaire dans la coalition anti-EI.

Les combattants du groupe extrémiste n'étaient plus lundi plus qu'à cinq kilomètres de cette ville stratégique appelée Kobané en kurde, dont le centre a été pour la première fois touché par des roquettes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La quinzaine de roquettes lancées par les jihadistes sur le centre-ville a fait trois morts, selon l'ONG, qui a précisé que l'EI ne s'en était jamais approché aussi près depuis le début il y a deux semaines de son offensive dans la région.

S'ils faisaient sauter ce verrou, les jihadistes contrôleraient une longue bande territoriale continue au nord de la Syrie, le long de la frontière turque.

Leur assaut a entraîné un exode massif de population, au moins 160.000 personnes ayant traversé la frontière pour se réfugier en Turquie, qui n'a eu d'autres choix que d'ouvrir sa frontière.

Des miliciens du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, ont alors fait le chemin inverse pour aller prêter main forte à leurs frères syriens assiégés.

La pression jihadiste sur Aïn al-Arab n'épargne pas la Turquie puisque qu'au moins deux obus de mortier venant de la zone des combats ont atteint son territoire depuis dimanche.

- Revirement de la Turquie -

Cette évolution nourrit les débats à Ankara, où le gouvernement islamo-conservateur va déposer mardi au plus tard un projet de mandat autorisant l'intervention de son armée en Irak et en Syrie.

Si le Parlement l'approuve jeudi, la Turquie se joindra à la coalition internationale initiée par les Etats-Unis, après avoir dans un premier temps explicitement refusé de lui apporter une aide militaire.

Ankara a longtemps justifié son refus d'intervenir par la nécessité de protéger sa quarantaine de ressortissants retenus en otage depuis juin par l'EI après la prise du consulat turc de Mossoul (Irak).

Après leur libération le 20 septembre et le récent voyage du président Recep Tayyip Erdogan aux Etats-Unis, la Turquie a toutefois amorcé un revirement, au point que ce dernier a assuré dimanche: "Nous ne pouvons rester en dehors" du combat contre les jihadistes. M. Erdogan a ajouté qu'une intervention terrestre pourrait même être nécessaire.

La Turquie accueille aujourd'hui plus de 1,5 million de réfugiés syriens ayant fui les combats entre les troupes du régime de Bachar al-Assad et une rébellion divisée entre modérés et jihadistes, qui ont fait près de 200.000 morts depuis 2011.

Avec sa campagne de frappes aériennes en Syrie, entamée il y a une semaine, la coalition internationale cherche à tarir les sources de revenus jihadistes en visant des infrastructures pétrolières et gazières.

Des avions de la coalition ont ainsi visé dans la nuit de dimanche à lundi le plus grand complexe gazier de Syrie, situé dans la province de Deir Ezzor (est), selon l'OSDH.

- 'Ground Zero pour les jihadistes' -

Ces derniers jours, la coalition a également mené plusieurs raids contre des raffineries contrôlées par l'EI, dans le but de freiner leur production et leur commerce du pétrole.

L'or noir est en effet une importante source de financement pour les jihadistes, qui, selon des experts, revendaient le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins et en tiraient des bénéfices pouvant aller de 1 à 3 millions de dollars par jour.

A Washington, le président Barack Obama a admis dimanche que les Etats-Unis avaient sous-estimé la menace représentée par les groupes extrémistes en Syrie, pays qu'il a qualifié de "Ground Zero pour les jihadistes à travers le monde".

En réaction, le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, a menacé dimanche les pays occidentaux de représailles.

Dans un enregistrement diffusé sur internet, son chef Abou Mohammad al-Joulani a appelé les peuples "d'Amérique et d'Europe" à s'opposer à leurs gouvernements et les a menacés de "déplacer la bataille" jusque dans leurs "foyers".

La semaine dernière, un porte-parole de l'EI avait appelé les musulmans à tuer des citoyens des pays de la coalition.

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Le 29 septembre 2014

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