Bras de fer entre Caracas et Brasilia autour de l'ambassade d'Argentine au Venezuela
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AFP
Le 7 septembre 2024
Le Venezuela a révoqué samedi de "manière immédiate" l'autorisation donnée au Brésil de représenter l'Argentine dans le pays, et notamment de gérer la résidence de l'ambassade où sont réfugiés six cadres de l'opposition depuis mars.
Le ministère brésilien des Affaires étrangères a aussitôt rappelé à Caracas "l'inviolabilité des installations de la mission diplomatique argentine".
La tension est montée entre Brasilia et Caracas alors que des forces de police ont pris position autour de la résidence de l'ambassade d'Argentine, gérée et gardée par le Brésil depuis début août, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Dans un communiqué diffusé dans la matinée, le Venezuela "a pris la décision de révoquer de manière immédiate l'autorisation donnée au Brésil pour exercer la représentation des intérêts de l'Argentine" ainsi que de gérer "la mission diplomatique".
Le texte assure que Caracas dispose de "preuves" de "l'utilisation de la mission pour la planification d'actions terroristes" et de tentatives d'assassinat du président Nicolas Maduro.
Le Venezuela a rompu le 29 juillet ses relations diplomatiques avec sept pays d'Amérique latine, dont l'Argentine, qui ne reconnaissaient pas la réélection contestée de M. Maduro face au candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire.
L'Argentine a accueilli en mars à la résidence de l'ambassade six cadres de l'opposition, dont des responsables de la campagne électorale accusés de "conspiration" qui voulaient échapper à leur arrestation.
- "Inviolabilité" -
Le Brésil a aussitôt réagi samedi en assurant qu'il "continuera à défendre les intérêts argentins jusqu'à ce que le gouvernement argentin nomme un autre État acceptable par le gouvernement vénézuélien pour exercer ces fonctions".
Et Brasilia rappelle "l'inviolabilité des installations de la mission diplomatique argentine" à Caracas.
Le président brésilien de gauche Inacio Luiz Inacio Lula da Silva tente d'être un des médiateurs de la crise post-électorale, depuis la réélection contestée fin juillet de M. Maduro et non reconnue par une grande partie de la communauté internationale dont les États-Unis ou l'Europe.
Lula a notamment proposé en vain un nouveau scrutin.
L'Argentine a "exprimé sa reconnaissance" envers le Brésil et dit apprécier "son engagement et sa responsabilité pour assurer la garde des biens argentins" au Venezuela.
Dans un communiqué, le ministère argentin des Affaires étrangères "avertit le gouvernement vénézuélien qu'il doit respecter la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques qui consacre l'inviolabilité des locaux des missions" et souligne que "toute tentative d'ingérence ou d'enlèvement des demandeurs d'asile" qui s'y trouvent "sera fermement condamnée par la communauté internationale".
"De telles actions renforcent la conviction que le Venezuela de Maduro ne respecte pas les droits fondamentaux des êtres humains", est-il conclu.
Les deux présidents argentin Javier Milei et vénézuélien Nicolas Maduro, idéologiquement opposés se critiquent voire s'insultent régulièrement à distance.
- Siège -
L'opposition vénézuélienne a dénoncé samedi matin le "siège" par les forces de l'ordre de la résidence de l'ambassade d'Argentine à Caracas, où selon elle l’électricité a été coupée. Depuis vendredi soir, elle est encerclée par des véhicules des forces de sécurité.
"Ainsi se lève le jour à l'ambassade d'Argentine à Caracas, entourée d'agents du régime, cagoulés et armés, qui - en plus - empêchent l'accès aux journalistes bien que la rue ne soit pas fermée", selon un des messages postés sur les réseaux sociaux par Vente Venezuela (Viens Venezuela), le parti de la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado.
Luis Almagro, secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), critique du gouvernement vénézuélien, a déclaré sur X que "ces menaces et ces actions sont totalement contraires à la loi et ne sont en aucun cas acceptables pour la communauté internationale".
Le président socialiste Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE) qui n'a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote.
Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.
Après l'annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés. Quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
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