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Stocks, diversification des approvisionnements et risques : le point sur le secteur des céréales

Le secteur des céréales au Maroc se distingue par une dynamique de diversification et des partenariats stratégiques internationaux. Face aux défis mondiaux, le Royaume s’affirme comme un marché fiable, attirant l’intérêt de grandes nations exportatrices comme le Canada, la Russie et les États-Unis. Le point.

Stocks, diversification des approvisionnements et risques : le point sur le secteur des céréales

Le 11 décembre 2024 à 17h15

Modifié 11 décembre 2024 à 19h14

Le secteur des céréales au Maroc se distingue par une dynamique de diversification et des partenariats stratégiques internationaux. Face aux défis mondiaux, le Royaume s’affirme comme un marché fiable, attirant l’intérêt de grandes nations exportatrices comme le Canada, la Russie et les États-Unis. Le point.

Les professionnels du secteur des céréales, à leur tête Moulay Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie (FNM), ont reçu, le lundi 9 décembre, une délégation canadienne de haut niveau, présidée par l'ambassadrice du Canada au Maroc. Cette rencontre a été l'occasion de présenter les avancées des établissements marocains en matière de formation et de recherche dans le domaine de la minoterie, mais aussi d'échanger avec les acteurs clés de l'agriculture canadienne et de discuter des opportunités de collaboration.

Cette visite intervient après une première effectuée au début du mois courant par la délégation américaine et une autre effectuée vers fin novembre par une délégation russe. Le secteur connaît donc une dynamique significative, visant notamment à diversifier et améliorer les sources d'approvisionnement, tout en renforçant les opportunités de collaboration internationale.

Vers la diversification des sources d'approvisionnement, après la baisse de la production française

"C'est une dynamique que nous avons toujours lancée", nous confie Moulay Abdelkader Alaoui dans une déclaration à Médias24, qui a notamment pour objectif de "diversifier les sources d'approvisionnement".

"Contrairement aux autres pays d'Afrique du Nord, notamment la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte, où c'est l'Etat qui achète les céréales à l'issue d'appels d'offres qui exigent une qualité bien déterminée selon des critères bien définis, au Maroc, ce sont les opérateurs privés qui font le marché des céréales, qu'ils suivent de près, et qui diversifient leurs origines", explique le président de la FNM.

"Ces derniers ont leur propre salle de marché et suivent les tendances sur le marché boursier. Ils ont donc une bonne connaissance du secteur".

L'une des principales raisons de cette diversification est la baisse de la production française de près de 30%, selon notre source. "Il faut dire que l'Algérie a boudé le marché français à cause de la nouvelle position de l'Hexagone sur le Sahara. Au Maroc, on continue certes de s'approvisionner depuis la France, pour des critères de couleur notamment, mais pour diversifier nos sources d'approvisionnement et assurer nos besoins, on achète également le blé polonais, allemand et russe".

Les céréales russes à la tête des importations marocaines

D'ailleurs, poursuit Moulay Abdelkader Alaoui, "les céréales russes occupent la première place des importations marocaines, dépassant ainsi la France". Rappelons que celles-ci ont repris vers le mois de septembre.

"Nous avons atteint actuellement près de 48 millions de quintaux de blé tendre, et 10 Mq de blé dur importés, dont 65% arrivent de Russie et de France. Le reste est diversifié entre différents pays".

D'ailleurs, la visite des principaux producteurs-exportateurs de céréales russes au Maroc, vers la fin du mois de novembre, a été couronnée par un nouveau protocole d'accord signé avec le président de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), visant à faciliter les exportations de céréales russes vers le Royaume.

"C'est un protocole de bonne intention qui nous permettra en quelque sorte d'avoir un avantage compétitif par rapport aux autres marchés, tel que des tarifs préférentiels et une valeur ajoutée sur le prix et sur les frais d'importation", nous explique Moulay Abdelkader Alaoui.

Le Maroc, un marché fiable et stable

Pour le président de la FNM, "le Maroc est un marché fiable, en plus d'être diversifié. Nous avons des critères de choix pour effectuer nos achats."

"Le Maroc importe, outre le blé, le maïs, l'orge et les pulpes de betterave qui sont des marchés potentiels. Le Royaume est donc en bonne position pour être un partenaire stratégique pour plusieurs origines".

"La délégation canadienne des producteurs, à travers sa visite, ambitionne de maintenir son leadership au Maroc. Si le bassin méditerranéen représente 64% des exportations canadiennes, le Maroc représente à lui seul 18%".

"L'Algérie est actuellement à 19%, contre 21% pour l'Italie, mais l'Algérie n'est pas un marché stable, contrairement au Maroc. Si ces marchés achètent les céréales de grade 2 et 3, le Maroc s'approvisionne exclusivement en grade 1 auprès du Canada".

"Cela fait qu'on est en première position dans le bassin méditerranéen, mais aussi un client privilégié pour les Canadiens".

"Nous disposons aussi d'un avantage par rapport aux autres marchés, dans la mesure où les Canadiens ont doté notre centre de recherche d'une plateforme de recherche en pâtes et couscous, et équipé une partie de nos laboratoires avec les Américains. La plateforme de recherche, la plateforme de développement, l'école de boulangerie et l'école de meunerie nous donnent un plus par rapport à d'autres marchés. Nous partageons beaucoup plus avec les Canadiens, que les Algériens et Tunisiens".

La consommation mondiale a tendance à dépasser la production

Tout cela permet donc au Maroc d'assurer son approvisionnement auprès de marchés très importants, notamment dans un contexte marqué par la baisse de la production mondiale et la hausse de la consommation.

En effet, la production mondiale de blé a augmenté de 1% par an entre 2014 et 2024, soit environ 6,4 millions de tonnes de blé supplémentaires par an. La consommation mondiale a, elle, augmenté plus rapidement, avec une demande de 8,8 millions de tonnes de blé chaque année. Celle-ci a d'ailleurs souvent dépassé la production mondiale au cours des dernières années.

En 2024, le stock mondial de départ en céréales, de manière générale, était de près de 272 Mt. La production annuelle à fin 2024 est, quant à elle, estimée à 796 Mt, ce qui fait une offre totale mondiale de plus d'un milliard de tonnes de blé.

La consommation à la fin de l'année courante est estimée à 805 Mt, ce qui laissera des stocks finaux de 263 Mt.

Le Canada représentait, entre 2019 et 2023, 4% de la production mondiale de blé, contre 6% pour les Etats-Unis, 11% pour la Russie, et 17% pour la Chine. Pour ce qui est du commerce mondial, le Canada représente 12%, sur un total mondial moyen de 199 Mt.

Pour le blé dur, la production canadienne, sur la même période, représente 15% de la production mondiale, contre 5% pour les Etats-Unis et 22% pour l'Union européenne. Le pays domine toutefois les commerces mondiaux du blé dur, avec 53%, sur un total mondial moyen de 8,6 Mt.

"Le Maroc, un marché stratégique pour les Canadiens"

Dans des déclarations à Médias24, l'ambassadrice du Canada au Maroc, Isabelle Valois, et le vice-président Markets and Trade de Cereals Canada, Mark Walker, nous ont confirmé le caractère stratégique du marché marocain des céréales pour le Canada.

"Le Maroc est l'un des meilleurs marchés au monde. Les opérateurs marocains sont les principaux acheteurs de la première qualité de blé dur. Nous sommes donc toujours très heureux d'être ici", nous confie Mark Walker, qui assure que les principales céréales importées par le Maroc du Canada sont le blé dur qui représente ainsi 18% des commerces du Canada.

"Le Canada, l’un des principaux exportateurs mondiaux de blé dur, joue un rôle stabilisateur sur le marché international grâce à une production de haute qualité et une gestion rigoureuse de la chaîne d’approvisionnement", estime pour sa part l'ambassadrice, Isabelle Valois. "Nous sommes fiers de contribuer à répondre aux besoins du Maroc, notamment dans le contexte des défis climatiques qui affectent la production céréalière locale".

"Cependant, nos échanges ne doivent pas se limiter au commerce du blé dur. Il existe un potentiel significatif pour diversifier notre partenariat dans le secteur agroalimentaire. Je pense notamment à :

- l'ingénierie des projets de stockage et de conservation des céréales, pour éviter notamment la crise que nous avons vécue durant le Covid ;

- la boulangerie et la biscuiterie industrielles ;

- la transformation et la valorisation des légumineuses ;

- le développement d’aliments pour bétail.

"Ces domaines représentent des opportunités concrètes pour approfondir notre collaboration et créer des synergies entre nos deux pays", a-t-elle conclu.

Les fluctuations des prix continuent toutefois de poser problème. Il s'agit d'ailleurs de l'un des principaux défis des échanges commerciaux entre le Maroc et le Canada dans ce secteur.

Quid du stock actuel en céréales au Maroc ?

D'après Moulay Abdelkader Alaoui, "l'approvisionnement se poursuit dans de bonnes conditions. Les cours mondiaux sont à des niveaux assez bas par rapport aux années précédentes. En termes de restitution, on ne dépasse pas les 10 DH par quintal, depuis pratiquement deux à trois mois. Il y a donc une stabilité au niveau des cours, qui permet au pays de s'approvisionner à des prix corrects".

"Cette situation s'explique par une bonne production aux Etats-Unis et en Australie. C'est principalement ce qui a fait que les cours restent stables. Il n'y a pas eu de choc".

"Le stock actuel en blé dur est d'environ trois mois", assure par ailleurs notre interlocuteur qui ajoute "qu'on ne peut pas avoir plus". "Le stock a un coût, financier notamment, puisque c'est l'argent des banques, mais aussi de traitement et de maintenance".

"C'est donc d'un stock outil dont on dispose. Lorsqu'on parle de stock de sécurité, cela signifie six, voire sept mois ou plus de consommation, qui reste difficile à atteindre. L'Etat doit intervenir pour y contribuer, en prenant en charge une partie des risques."

"Il y a également le risque de change", souligne notre interlocuteur. "On ne peut pas avoir plus de trois mois de stock, en risquant que le cours de change s'effondre à la suite d'un événement soudain. L'opérateur doit avoir de la visibilité. Connaître, c'est mesurer. Dans notre métier, on mesure selon les circonstances. On prend suffisamment de risques, mais pas autant".

"Durant la pandémie de Covid, on avait atteint un stock de six mois de consommation, parce que les banques avaient doublé les lignes de crédit et nous avaient octroyé des facilités. L'Etat avait également payé des primes de magasinage et pris en charge d'autres primes. C'est pour cette raison qu'on avait réussi à atteindre ce stock. Ce n'est plus le cas aujourd'hui", conclut le président de la FNM.

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