Mondial 2022. Autopsie des forces et faiblesses de l’Espagne (analyse)

Très à l’aise en phase de possession, la Roja a montré des limites quand elle doit défendre à reculons, en direction de son but.

Mondial 2022. Autopsie des forces et faiblesses de l’Espagne (analyse)

Le 5 décembre 2022 à 18h52

Modifié 5 décembre 2022 à 19h25

Très à l’aise en phase de possession, la Roja a montré des limites quand elle doit défendre à reculons, en direction de son but.

L’Espagne est une sélection très jeune (3e moyenne d’âge), dont le style de jeu ambitieux est incarné par le charismatique Luis Enrique. Le technicien catalan applique sa vision du football, mais dans un contexte où les joueurs espagnols baignent depuis des années. Un jeu avec beaucoup de personnalité, une envie d’aller vers l’avant et un pressing toujours haut.

La richesse de son effectif est l’une des forces de cette équipe. Entre le milieu Rodri en défense centrale, le faux neuf Asensio en pointe, et tous les entrants qui brillent, comme le débutant Alejandro Baldé, le toujours précieux Koke, et Alvaro Morata, vite rassuré par ses buts dans la compétition, l’ancien entraîneur du FC Barcelone mixe son Onze de départ sans que la mécanique ne soit enrayée.

Les Espagnols assurent leur maîtrise au milieu grâce au trio du Barça qui fait vivre le ballon, avec Busquets dans le rôle du premier relanceur qui, d’une passe, met tout le monde en action. Sans oublier Pedri et Gavi, les deux petits milieux catalans, pour qui tout semble facile.

Bref, l’Espagne est une très belle équipe. Étincelante lors de sa large victoire face au Costa Rica, la Roja a toutefois montré des limites en défense face à des adversaires d’un autre niveau, en l'occurrence l’Allemagne et surtout le Japon. Explications.

Machine à confisquer le ballon

"L’identité de l’adversaire ne change pas grand-chose, nous jouons toujours de la même façon", a récemment expliqué Luis Enrique, le sélectionneur espagnol. Nous ne sommes pas obligés de le croire sur parole, mais la qualité époustouflante du jeu espagnol ne peut être favorisée que par cette façon de jouer. Laisser le ballon à l’adversaire et attendre dans son camp n’est en effet pas trop le style de la maison.

Formidable machine à confisquer le ballon (75%), la Roja le fait circuler comme peu d'équipes et, à coups de remises à une touche et de petites passes, regarde courir son adversaire. D’ordinaire, les Espagnols récitent leur football d’école avec une grande maîtrise technique (92% de passes réussies), même dans les zones où il y a moins de temps et d’espace (84% de passes réussies dans le dernier tiers adverse).

Sur les 35 tentatives de la deuxième meilleure attaque de la Coupe du monde (9 buts), la majorité a été créée à partir d’actions construites (33). Pour y parvenir, l’idée première de l’Espagne est de remonter le ballon en utilisant d’abord toute la largeur.

Pedri est trouvé libre entre la défense et le milieu de terrain japonais.

La seconde étape est d’accélérer le jeu après avoir trouvé un relais entre les lignes adverses, souvent Gavi ou Pedri, en position de milieux relayeurs dans le 4-3-3 cher aux Espagnols. Après avoir reçu le ballon, ces derniers jettent d’abord un coup d’œil en profondeur pour servir un de leurs coéquipiers en profondeur (9 passes en profondeur par match).

Les ailes sont aussi source de danger

Si aucune solution n’est trouvée dans le sens de la verticalité, le jeu est orienté vers les côtés pour chercher le déséquilibre à travers les ailiers et les dédoublements des latéraux. En témoignent 6 des 9 buts espagnols, inscrits suite à des centres, en particulier en provenance de la gauche où la doublette Dani Olmo-Jordi Alba fait des ravages.

Quand ils perdent le ballon, ce qui ne leur arrive pas souvent, les Espagnols mettent tout de suite la pression sur le porteur. La Roja brille par l’intensité qu’elle met dans les challenges (7 duels, tacles et interceptions par minute de possession adverse), ne permettant que 7 passes adverses au maximum dans le camp adverse pour chacune de ses phases de pressing.

Beaucoup moins de sérénité sans le ballon

Cette Roja emballante mais parfois trop stérile dans sa domination est l’une des équipes qui subit le moins de tirs par match (5). Néanmoins, ces rares occasions exposent au grand jour ses lacunes défensives. Les Espagnols sont beaucoup moins sereins dès qu’ils ne le possèdent plus.

La victoire du Japon face à l’Espagne (2-1) a rappelé que dans ce football du XXIe siècle, placé sous la dictature de l’esprit du jeu de possession, il y avait de la place pour un autre style, certes plus restrictif en termes de jeu offensif, mais tout aussi efficace.

Les raisons de l’effritement du bloc défensif espagnol face au pays du Soleil levant sont multiples. D’abord, les protégés de Luis Enrique prennent beaucoup trop de risques dans l’application de leur pressing très haut. Idem dans les relances et cette façon de repasser vers l’arrière avec un peu de nonchalance parfois.

Du coup, l’équipe est exposée si l’adversaire a la qualité de profiter de ses erreurs. Sans surprise, elle a concédé la majorité des occasions sur des transitions mal gérées, et elle a encaissé deux buts sur trois sur une perte de balle dans son camp, alors qu’elle tentait de ressortir sous la forte pression allemande notamment.

En plus des ballons perdus face à l’Allemagne (44) et au Japon (24) au niveau de la ligne médiane, Unai Simon, le gardien espagnol, a également montré des signes inquiétants de fébrilité au pied dans la relance, ce qui a mis en difficulté plusieurs fois ses défenseurs.

Ces doutes ont été confirmés par la relance approximative du portier de l’Athletic Bilbao qui a permis l’égalisation japonaise. Et si l’Allemagne a elle aussi recollé au score, c’est parce que les Espagnols ont tendance à défendre à reculons quand l’adversaire réussit à déjouer leur pressing.

Les défenseurs de la Roja ont les yeux rivés sur le ballon et oublient le déplacement de l'attaquant allemand dans leur dos.

Et quand une équipe défend en reculant, ça devient plus compliqué collectivement. Dans certaines situations, la couverture axiale a été inexistante et la gestion des défenseurs dans le dos a été catastrophique, comme le prouve le but égalisateur allemand.

Ces lacunes ne sont que la traduction sur le terrain du peu d’entrain affiché par les Espagnols au moment de défendre et de sortir le bleu de chauffe. La Roja n’est pas très à l’aise dans le combat et encore moins dans le jeu aérien. A la lumière de ces éléments, on pourrait croire que l’expression défensive de l’Espagne est un défaut rédhibitoire à ces altitudes. Ce qui n’est pas totalement faux.

Sauf que la qualité technique des Espagnols leur permet de garder le ballon longtemps et donc de s’éviter des sueurs froides. Mais ce n’est pas une assurance tous risques contre les défaites. Le Maroc devra donc se montrer moins conciliant que le Costa Rica. En ce sens, le vainqueur ne sera pas l’équipe qui accapare le plus le ballon, mais celle qui saura l’utiliser avec le plus de soudaineté. Si ce scénario se vérifie, la lenteur de l’arrière-garde espagnole se révélerait préjudiciable.

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