RAM : “Le retour à une activité normale ne sera pas effectif avant 2022”

Confrontée à la pire crise de son histoire, la compagnie nationale est sévèrement critiquée par son syndicat majoritaire pour son manque de communication. Selon une source fiable, ce silence s’explique par ses négociations en cours avec l’Etat pour obtenir un soutien financier conséquent qui devrait lui permettre de retrouver son niveau d’activité de 2019 dans 24 ou 36 mois au maximum.

RAM : “Le retour à une activité normale ne sera pas effectif avant 2022”

Le 19 avril 2020 à 10h33

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

Confrontée à la pire crise de son histoire, la compagnie nationale est sévèrement critiquée par son syndicat majoritaire pour son manque de communication. Selon une source fiable, ce silence s’explique par ses négociations en cours avec l’Etat pour obtenir un soutien financier conséquent qui devrait lui permettre de retrouver son niveau d’activité de 2019 dans 24 ou 36 mois au maximum.

A l’instar de toutes les compagnies aériennes de la planète, la quasi-totalité de la flotte de la RAM est clouée au sol depuis près de deux mois. Si l’absence de recettes fait craindre le pire, le syndicat UMT-RAM dénonce le manque de communication du management sur sa gestion de la crise et sur l’avenir.

Un manque de communication dû aux négociations avec l’Etat

Sachant que la présidence nous a invités à attendre la fin des négociations avec l’Etat avant de s’exprimer, une source fiable a répondu à nos questions sur la gestion actuelle de la crise par la RAM.

Requérant l’anonymat, notre interlocuteur a jugé « normale » l’absence de communication avant l’obtention de garanties solides des autorités de tutelle pour un plan de relance de la compagnie.

Se voulant rassurante pour l’avenir, notre source tient à préciser que le PDG de la RAM ne pourra pas s’exprimer avant l’obtention de ces garanties.

« Cela fait un mois et demi que le président Addou multiplie les réunions et les courriers avec son autorité de tutelle mais l’Etat a des priorités. De plus, tant qu’il n’y a pas de communication officielle de la part des actionnaires de la RAM (Etat majoritaire), il ne peut pas s’exprimer pour ne rien dire.

« Croyez-moi, il bouillonne de communiquer pour rassurer ses troupes mais il est conscient du fait que la sauvegarde du pavillon national vient après les priorités sociales et sanitaires de l’Etat, à savoir, préserver la santé des Marocains et nourrir ceux qui n’ont plus de moyens de subsistance », explique notre interlocuteur pour mettre un terme aux critiques des syndicats sur le silence du président.

Selon lui, il ne sert à rien de communiquer sans avoir d’éléments concrets et en attendant d’avoir des choses à dire, la priorité est d’assurer le bon fonctionnement de l’entreprise.

Les salaires seront payés en avril

« Ainsi, contrairement à certaines rumeurs laissant entendre que la RAM n’a plus assez de liquidités pour assurer le versement des salaires à ses 3.400 employés, il faut préciser que ce ne sera pas le cas.

« Malgré l’arrêt de l’essentiel de son activité aérienne le mois dernier, la compagnie a tenu ses engagements en termes de salaires pour mars mais aussi pour avril qui ne posera aucun problème.

« En effet, comme toutes les compagnies du monde, la RAM dispose d’une moyenne de deux mois de cash en permanence (3 mois de liquidités en haute saison et 1 mois en basse saison).

« Pour mai, le versement des salaires est probable sachant que la direction étudie toutes les pistes », révèle notre source qui ne sait pas encore si les salaires seront amputés de 10 à 30% comme en mars », en ajoutant que des négociations sont en cours avec l’Etat pour y arriver.

La seule stratégie d’actualité est la survie

A la question de savoir si le salut de l’entreprise ne viendra que des banques et/ou de l’Etat, il nous confirme que sans aide publique, la compagnie nationale sera dans l’incapacité de survivre.

« Comme cela s'est passé en France où le ministre des Finances s’est engagé à injecter du capital et octroyer des prêts à Air France, la RAM est en pleine discussion avec l’Etat. Elle n’est donc pas restée les bras croisés mais tant que les négociations n’ont pas abouti, il est normal qu’elle ne communique pas ».

Sur la pertinence du projet de feuille de route, déposé en 2017 à la Primature, notre source temporise en déclarant que la seule stratégie qui vaille et soit encore d’actualité est de rester en vie.

Le niveau d’activité de 2019 reviendra en 2022

« Comme tous les opérateurs aériens de la planète, l’objectif est de survivre à cette crise sans précédent et de reprendre une activité normale qui s’étendra sur deux, trois ou quatre ans en fonction des continents. Pour la RAM, le retour à la normale prendra donc au minimum 24 mois.

« En effet, dans le cas où on rouvrirait le ciel en juillet ou en août, la compagnie devrait retrouver le niveau d’activité qu’elle avait en 2019 à partir de 2022.

« Il faut compter ce délai de redémarrage car certains pays desservis par la RAM ne rouvriront pas tous en même temps leurs aéroports internationaux.

« En attendant, la compagnie n’assure que du fret avec l’Asie et l’Europe, via son Boeing 767 cargo et ses 5 Dreamliners, avec des opérateurs privés qui exportent leurs marchandises (produits frais …).

Le montant de l’aide publique dépendra de la réouverture du ciel

Questionné sur le montant de l’aide publique nécessaire au redémarrage de l’entreprise, il refuse de se prononcer en laissant entendre que cette information dépendra de la durée de la crise.

« Comme personne ne sait quand sera rouvert le ciel, plusieurs scénarios sont à l’étude à la RAM mais plus on tardera à le rouvrir, plus elle aura besoin d’une enveloppe importante », conclut notre source qui se veut cependant optimiste sur une sortie de crise dans les meilleurs délais.

Le pont aérien organisé par la RAM vers la Chine a prouvé s'il en était besoin que c'est un outil vital et de souveraineté, en permettant d’acheminer vers le Maroc des matériaux médicaux indispensables pour contenir la pandémie du coronavirus, sans compter le rapatriement, qui se profile, des 18.000 Marocains bloqués à l’étranger.

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