Fausse joie pour les amateurs de films aux maigres moyens financiers. Réclamée depuis des années par l’ensemble des acteurs du cinéma (distributeurs, exploitants de salles de projection…), la baisse de la TVA, de 20 à 10% sur le prix du ticket d'entrée, ne va pas profiter aux spectateurs.

Alors que l’objectif gouvernemental était d’encourager la fréquentation culturelle en réduisant le tarif d’accès, les opérateurs interrogés par Médias24 affirment ne pas avoir l’intention de baisser leur prix, notamment un dirigeant de Mégarama (80% des salles au Maroc) et un représentant de la profession.

Megarama affirme vouloir réinvestir la TVA économisée

Le groupe français Mégarama se félicite de ces économies futures qui lui permettront de réinvestir dans la rénovation de salles (fauteuils, projecteurs …).

Selon Jamal Mahyaoui, directeur de la communication, la disposition fiscale profitera directement aux distributeurs et exploitants de salles mais aussi indirectement aux consommateurs finaux.

« Cette mesure fiscale n’a aucun rapport avec le prix du ticket. Contrairement à ce que certains pensent, il n’y aura donc pas de baisse des prix des billets d’entrée car toutes nos études de satisfaction montrent que le volume de fréquentation dans nos salles n’est aucunement lié au prix d’entrée.

« Ce qui remplit les salles, ce n’est pas les prix au rabais mais plutôt une excellente programmation et des équipements de grande qualité (fauteuils, sonorisation, propreté…) pour les spectateurs.

« Pour s’en convaincre, il suffit de voir les vieux cinémas casablancais qui restent vides alors qu’ils proposent des tarifs d’entrée imbattables compris entre 30 et 35 dirhams.

« Côté programmation, Megarama privilégie les productions marocaines très prisées par nos clients. Bien évidemment, cette qualité a un coût qui constitue l’essentiel du prix du ticket d’entrée.

« Si au Maroc, chaque exploitant peut fixer librement les tarifs d’entrée à ses salles, ce n’est pas un hasard si les prix que nous proposons sont devenus la référence dupliquée par tous non concurrents qui s’alignent sur un prix moyen de 52 dirhams le ticket.

« Sachant tout cela, il n’y aura donc aucune baisse du prix du ticket de cinéma car notre priorité est de réinjecter cette économie dans la qualité d’accueil de nos clients », conclut Mahyaoui qui insiste sur le fait que 5 dirhams de baisse du prix du ticket n’augmenteront pas le nombre de spectateurs.

Si nos appels auprès d’autres gérants de salles sont restés vains, un membre de la chambre syndicale des distributeurs et exploitants nous a déclaré que dans la situation de crise du cinéma marocain, il est évident qu'aucune salle de cinéma ne baissera les prix des séances cinématographiques.

Aucune baisse alors que le CCM juge les prix prohibitifs

Rappelons que dans un précédent article, Sarim Fassi-Fihri, DG du CCM resté injoignable aujourd’hui, nous avait affirmé que les prix des tickets d’entrée dans les cinémas marocains étaient prohibitifs pour une grande partie des Marocains et qu’en résumé, le cinéma était élitiste au Maroc.

C’est peut-être la véritable raison à la décision du groupe Megarama de ne pas baisser ses prix sachant que le volume de sa clientèle aisée ne changera pas pour une baisse de moins de 10 dirhams.

Une opinion que ne partage visiblement pas Mehdi Qotbi pour qui toute économie est bonne à prendre pour relancer la fréquentation des lieux culturels cinématographiques ou muséographiques.

Les musées répercuteront la baisse, même si elle n’est que de quelques dirhams

« Je fais partie de ceux qui ont beaucoup insisté auprès du ministère des Finances pour obtenir cette réduction de la TVA sur les prix d’entrée dans les cinémas, musées ou théâtre.

« Cette mesure permettra, à n’en point douter, d’encourager certaines personnes défavorisées à davantage fréquenter les établissements culturels.

« A partir de là, il est évident que nous allons répercuter cette baisse de TVA sur nos tickets d’entrée car chaque dirham compte en particulier pour les personnes qui ont soif de culture sans avoir forcément les moyens requis.

« Sachant que cette taxe ramène moins d’une dizaine de millions de dirhams dans les caisses de l’Etat, j’espère vraiment qu’à terme, elle finira par disparaitre », recommande le président.

Une initiative plus que louable sachant qu’un événement culturel comme la dernière Biennale de Rabat dont l’accès était gratuit a permis de ramener 97.000 visiteurs de toutes origines sociales.