Gigantesque mobilisation en Algérie pour un vendredi test contre Bouteflika

Une foule impressionnante a manifesté dans le centre d'Alger vendredi contre la prolongation sine die de son mandat par le président Abdelaziz Bouteflika, au-delà du terme prévu.

Gigantesque mobilisation en Algérie pour un vendredi test contre Bouteflika

Le 15 mars 2019 à 14h50

Modifié le 11 avril 2021 à 2h41

Une foule impressionnante a manifesté dans le centre d'Alger vendredi contre la prolongation sine die de son mandat par le président Abdelaziz Bouteflika, au-delà du terme prévu.

Il s'agit du 4e vendredi consécutif de contestation massive contre le chef de l'Etat algérien, qui a annoncé lundi le report de l'élection présidentielle prévue le 18 avril.

Le nombre exact de manifestants est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. La mobilisation semble similaire à celle du vendredi précédent, jugée exceptionnelle par les médias et analystes algériens.

Comme à Alger, une très forte mobilisation a été constatée à Oran et Constantine, 2e et 3e villes du pays, selon des journalistes de médias algériens sur place qui l'estiment similaire à celle du vendredi précédent.

A Alger, où règnait une ambiance festive, hommes, femmes et enfants marchaient en début d'après-midi dans les avenues, rues et ruelles sinueuses et parfois escarpées, autour du carrefour de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du coeur de la capitale. 

Le carrefour de la Grande-Poste était noir de monde, comme les rues qui y mènent. Une foule très compacte se concentrait notamment sur plus de deux kilomètres sur une des larges artères qui y débouche, selon une journaliste de l'AFP.

Agé de 82 ans, affaibli par les séquelles d'un AVC qui l'empêche de s'adresser aux Algériens depuis 2013 et rendent ses apparition publiques rares, M. Bouteflika est la cible d'une contestation massive, jamais vue depuis son élection à la tête de l'Etat il y a 20 ans.

Face aux manifestations réclamant depuis le 22 février qu'il renonce à sa candidature à un 5e mandat, le président Bouteflika a repoussé la présidentielle prévue le 18 avril, jusqu'à l'issue d'une prochaine Conférence nationale devant réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution.

Cette annonce prolonge de facto son mandat, au-delà de son expiration le 28 avril.

"On voulait des élections sans Boutef, on se retrouve avec Bouteflika sans élections", peut-on lire sur une pancarte à Alger, résumant le sentiment des contestataires depuis l'annonce du chef de l'Etat.

"Quand on dit +non au 5e mandat+, il (Bouteflika) nous dit +on garde le 4e, alors+", indique une autre.

Comme les semaines précédentes, le drapeau national --vert et blanc, frappé du croissant et de l'étoile rouges-- est brandi par les manifestants et déployé aux balcons des immeubles.

 "4e mandat prolongé"

De nombreux manifestants ont expliqué à l'AFP être venus dès la veille à Alger, où ils ont passé la nuit chez des parents ou amis, craignant de ne pouvoir rejoindre la capitale en raison de barrages ou en l'absence de bus.

Naïma, 45 ans, a fait jeudi 350 km de route pour protester contre le "4e mandat prolongé". Lamia, enseignante de 30 ans est venue de Bouira (80 km au sud-est d'Alger) pour manifester dans la capitale contre cette "mascarade anticonstitutionnelle".

"Vous faites semblant de nous comprendre, on fait semblant de vous écouter", indiquent des pancartes de manifestants devant la Grande-Poste, en réponse aux efforts déployés toute la semaine par le pouvoir pour tenter de convaincre que le chef de l'Etat avait répondu à la colère des Algériens.

  "#Partez!"

En manifestant en nombre mardi et mercredi, les étudiants, enseignants, lycéens ont déjà fait savoir clairement qu'ils estimaient que le message de la rue n'était pas passé.

Toute la semaine, les appels à manifester massivement pour un 4e vendredi consécutif ont été relayés par les réseaux sociaux, avec des mots-dièses explicites: "#Ils_partiront_tous", "#Partez!". Avec souvent une touche d'humour: une image conjugue le mois de mars sur le modèle du verbe "marcher": "je marche, tu marches (...) ils partent".

La conférence de presse conjointe jeudi du nouveau Premier ministre Nourredine Bedoui --qui a remplacé lundi le très impopulaire Ahmed Ouyahia-- et du vice-Premier ministre Ramtane Lamamra, diplomate chevronné, a peiné à convaincre. Au lieu d'apaiser la colère, vive mais toujours pacifique, elle a semblé au contraire la renforcer.

"+Dégagez!+", titre en une vendredi l'édition week-end du quotidien francophone El Watan qui reprend un slogan de la contestation et qui estime que M. Bedoui a "esquivé les vraies questions" durant son exposé devant les médias.

Les internautes ont également été sévères: sur Twitter, un internaute remercie ironiquement MM. Bedoui et Lamamra de leurs "efforts pour maintenir les Algériens mobilisés" à la veille du nouveau vendredi de manifestations.

"Hier c'était la conférence de presse de votre Premier ministre et vice-Premier ministre, aujourd'hui c'est la conférence de presse du peuple", avertit un autre internaute.

"C'est le peuple qui choisit, pas la France", indique une grande banderole. "L'Elysée, stop! On est en 2019, pas en 1830", date de la conquête de l'Algérie par la France, rappelle une pancarte.

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