Algérie: la mobilisation continue contre le 5e mandat de Bouteflika

L'Algérie est restée calme après l'officialisation de la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, malgré la colère de nombreux habitants qui se préparaient à poursuivre la contestation dans les prochains jours.

Algérie: la mobilisation continue contre le 5e mandat de Bouteflika

Le 5 mars 2019 à 11h07

Modifié le 10 avril 2021 à 20h46

L'Algérie est restée calme après l'officialisation de la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, malgré la colère de nombreux habitants qui se préparaient à poursuivre la contestation dans les prochains jours.

Un message du président Bouteflika, qui a dit avoir "écouté et entendu le cri du cœur des manifestants" qui se rassemblent en masse depuis dix jours contre sa candidature à la présidentielle du 18 avril, ne semble pas avoir été entendu.

Lundi 4 mars encore, des marches de protestation souvent emmenées par des étudiants ont été organisées à travers le pays, alors que le camp présidentiel s'est réjoui des promesses du chef de l'Etat, présentées la veille dans une lettre après le dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel.

Ses "engagements", mandat écourté et importantes réformes, constitutionnelles notamment, ont parfaitement répondu aux revendications exprimées depuis dix jours, ont estimé ses alliés.

Le président "a écouté attentivement le peuple algérien puisqu'il s'est engagé à accéder à leur principale revendication, à savoir un changement de système", explique son parti le Front de libération nationale (FLN).

Son principal allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia estime qu'a été apportée "une réponse exhaustive aux demandes des citoyens" et espère donc le retour de la "tranquillité".

Mais lundi, des manifestations ont été signalées dans plusieurs villes, notamment à Constantine, 3e ville du pays, où un millier de personnes se sont rassemblées, a indiqué un journaliste local à l'AFP.

Des étudiants ont également défilé à Blida et Guelma (nord), selon le site d'information TSA (Tout sur l'Algérie), ou à Sétif (300 km au sud-est d'Alger) et Tlemcen (nord-ouest), selon des vidéos postés sur les réseaux sociaux.

Dans le centre d'Alger, une soixantaine de lycéens rassemblés près de leur établissement ont été encerclés rapidement par la police avant de se disperser dans le calme.

"Une insulte au peuple"

La mobilisation semble vouloir se poursuivre: à Constantine, l'ordre des avocats a décidé d'une grève illimitée à compter de lundi tandis que les étudiants d'une université d'Alger ont déserté le campus, où aucun cours n'a eu lieu.

Des appels à manifester mardi et à la grève sont à l'étude dans plusieurs universités du pays, ont confié des étudiants à l'AFP.

Des Algérois disent se préparer aux manifestations prévues pour un troisième vendredi consécutif, premier jour de week-end et jour de prière dans les mosquées.

Cette candidature "c'est une insulte au peuple", s'emporte Mohamed, retraité de 69 ans interrogé par l'AFP dans le quartier populaire de Bab el-Oued à Alger, qui se dit prêt à manifester vendredi prochain.

Chômeur de 22 ans, Karim est plus direct: Bouteflika "nous prend pour des cons. On a dit non, c'est non! "On" c'est le peuple, c'est 42 millions de personnes. C'est pas une poignée (de dirigeants) qui va nous imposer sa loi".

Une présentatrice du journal de la télévision publique algérienne, Nadia Madassi, furieuse de s'être vue remettre à la dernière minute la lettre du président Bouteflika qu'elle a dû lire à l'antenne, a démissionné lundi. Avec d'autres journalistes, elle avait récemment dénoncé les pressions exercées par la hiérarchie de l'audiovisuel public concernant la couverture de la contestation.

"Un volcan de colère"

Bien que largement paralysé depuis un AVC dont il a été victime en 2013, M. Bouteflika, 82 ans, devrait sauf grande surprise voir sa candidature validée par le Conseil constitutionnel.

Largement composé de fidèles du chef de l'Etat, le Conseil doit statuer avant le 14 mars, alors que le retour en Algérie de M. Bouteflika, hospitalisé en Suisse il y a plus d'une semaine pour des "examens médicaux périodiques", n'a toujours pas été annoncé.

L'image que renvoie du pays le président, qui ne s'est plus adressé de vive voix aux Algériens depuis son AVC et qui n'apparaît désormais que rarement en public, fait de l'Algérie "la risée du monde", s'insurge Majda, jeune étudiante en médecine de 23 ans. "On a honte de dire qu'on est Algérien".

La presse indépendante parue lundi affichait elle aussi sa colère.

Selon El-Watan, "en déposant son dossier de candidature, Abdelaziz Bouteflika a affiché son mépris à la face des Algériennes et Algériens".

Cette 5e candidature "est ressentie comme une humiliation insupportable" par la majorité des Algériens, s'indigne le quotidien francophone qui prévient: "L'Algérie est assise sur un volcan de colère".

"Envers et contre le peuple", titre de son côté Liberté, autre quotidien francophone pour qui la promesse d'un mandat raccourci est une "manœuvre" destinée à attendre "de reprendre la main".

Le président "a choisi de ne pas répondre aux demandes du peuple", regrette de son côté le quotidien arabophone El Khabar.

Au total, 20 dossiers de candidature ont été déposés dans les délais, a indiqué l'agence de presse officielle APS, sans donner de noms. Mais aucun candidat de poids ne devrait y figurer, les principaux adversaires politiques de M. Bouteflika ayant déclaré forfait.

A Paris, le Quai d'Orsay dit avoir "pris note de la candidature du président Bouteflika" et rappelle que c'est au "peuple algérien qu'il appartient de choisir ses dirigeants.

(Avec AFP)

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