Moncef Lyazghi: une lecture des liesses populaires après la qualification en Coupe du Monde

La victoire et la qualification des Lions de l’Atlas a eu un effet mobilisateur jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Tout le Maroc était suspendu au résultat, les rues désertes, et l’ensemble du pays, femmes et hommes, a supporté le Maroc. Moncef Lyazghi, Docteur en politique sportive et sociologie du sport répond à nos questions et nous décrypte ces liesses populaires. 

Moncef Lyazghi: une lecture des liesses populaires après la qualification en Coupe du Monde

Le 13 novembre 2017 à 17h50

Modifié 13 novembre 2017 à 17h50

La victoire et la qualification des Lions de l’Atlas a eu un effet mobilisateur jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Tout le Maroc était suspendu au résultat, les rues désertes, et l’ensemble du pays, femmes et hommes, a supporté le Maroc. Moncef Lyazghi, Docteur en politique sportive et sociologie du sport répond à nos questions et nous décrypte ces liesses populaires. 

-Medias24: Comment peut-on expliquer la joie intense au Maroc après la qualification en Coupe du Monde 

-Moncef Lyazghi: C’est dans ces moments comme ça que nous voyons que ce qui procure une telle joie à tout le peuple marocain, c’est bien le Football. Ceci veut aussi dire que les autres secteurs n’ont pas réussi à fédérer autant que ce sport. N’importe quel exploit réalisé dans un secteur économique ou autre, mis à part le football, ne suscitera jamais une joie égale ni un tel sentiment de fierté.

C’est bien le football qui fait revivre en nous cette belle cohésion sociale. Il faut dire aussi que c’est l’unique chose qui fait sortir les Marocains dans la rue sans qu’aucune force ne le leur demande ni ne l'impose. Là où la politique a échoué, le football a réussi.

Les gens ont laissé de côté tous leurs problèmes quotidiens, qu’ils soient économiques ou sociaux, le temps d’une soirée et ont envahi les rues des villes marocaines. Plus que cela, c’est l’unique moment où les Marocains du Maroc et de la diaspora s’unissent pour les mêmes raisons.

Les Marocains ont même accroché le drapeau sur leurs terrasses pour montrer leur passion pour l’Équipe nationale. Il y a plusieurs années, ce geste était commandé par les autorités alors qu’avec le football, il devient spontané. D’ailleurs, la vente des drapeaux, des maillots et des tee-shirts avec l’étoile verte a explosé entre vendredi et dimanche.

-Cette joie et cet engouement ont touché le plus haut sommet de l’État et l’ensemble des partis politiques et des médias aussi. Ce n’est pas seulement de la ferveur populaire dans ce cas-là, ça devient une affaire d’Etat.

-Les partis politiques ont tous applaudi l’exploit pour essayer de faire partie de la fête. C’est malheureux de voir cela, alors que ces mêmes organisations n’intègrent que très peu le volet sportif dans leurs programmes électoraux. De leur côté, les médias, publics notamment, essaient de suivre le rythme des liesses populaires et transmettent des reportages réalisés partout au Maroc.

Ce sont peut-être les seuls moments durant lesquels le peuple montre son amour et son attachement à son pays. Ce n’est pas une particularité marocaine, c’est le cas un peu partout au monde. Une étude qui a été réalisée en Grande-Bretagne démontre que le premier lien le plus fort qu’ont les Britanniques avec leur pays, c’est l’Équipe nationale. Pour rappel, des pays ont obtenu leur adhésion à l’ONU après leur adhésion à la FIFA. C’est la force du sport.

-Peut-on capitaliser sur cette victoire et cet engouement populaire pour qu’ils ne soient plus des événements ponctuels?

-Il faut se donner les moyens pour qu’il ne soit pas passager. Parce que les chiffres du football national sont très médiocres et il faut une vraie stratégie. Le nombre de footballeurs ayant une licence est très faible et ne dépasse pas 64.000 personnes, soit 0,18% de la population. Très peu en comparaison avec les grandes nations du football comme le Brésil ou l’Allemagne.

Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’après cet exploit, le nombre des pratiquants va augmenter, comme ce qui s’était déjà passé dans les occasions similaires. Les enfants vont y voir des symboles qui vont les motiver à mieux faire et qui vont leur donner de l’espoir. C’est en ayant ce nombre important de pratiquants en plus d’une stratégie bien ficelée que nous allons pouvoir être plus compétitifs.

-Nous manquons de stratégie, mais nous manquons aussi de moyens financiers pour faire mieux, non?

-Historiquement, la FRMF a été l’équivalent d’un enfant gâté pour le Roi Hassan II. Depuis le départ de Housni Ben Slimane, c’est une autre approche que nous avons remarquée. Les budgets servent aussi à construire des stades et d’autres infrastructures pour les clubs. Ils ont aussi financé plusieurs chantiers, comme les formations des entraîneurs et les arbitres par exemple.

Cela dit, la subvention que reçoit la FRMF de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports est presque insignifiante. Ce sont les sponsors et la transmission télé qui font que le budget devient un peu plus conséquent, mais ça reste encore limité. Si nous avons cette approche plus raisonnable, c’est le fruit d’un bon travail fournit ces trois dernières années de la part du président Lekjâa Fouzi. Nous espérons qu’une vision stratégique sera mise en place pour les 10 prochaines années, et qu’elle ne change pas au changement des personnes.

-Il faut dire aussi que nous avons manqué un chaînon si beaucoup de joueurs sont formés à l’étranger et nous avons un sélectionneur français...

-C’est avant tout un aveu de la faiblesse de notre championnat, mais aussi du faible niveau de la formation au Maroc. Car si nous avions un championnat plus fort, notre équipe nationale serait présente plus souvent dans les plus grosses manifestations. Cela dit, les joueurs qui nous ont qualifiés sont tous des Marocains et il ne faut pas polémiquer là-dessus. Ces footballeurs formés en Europe ont le droit de porter et de défendre les couleurs du Maroc.

En tous les cas, le fait de participer à la Coupe du Monde est un signal de bonne santé du pays qu’on renvoie aux autres. Profitons de cet instant pour avoir un meilleur élan.

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