Questions autour d’un armement algérien reçu par le polisario
Le “polisario“ a annoncé par ses canaux officiels ce dimanche 5 mars, avoir reçu un armement “neuf“. Cet armement est visible sur des photos diffusées par le mouvement séparatiste, montrant Ibrahim Ghali présidant une cérémonie de livraison dans ce qui est censé être Bir Lahlou.
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R. B.
Le 6 mars 2017 à 9h28
Modifié 11 avril 2021 à 1h07Le “polisario“ a annoncé par ses canaux officiels ce dimanche 5 mars, avoir reçu un armement “neuf“. Cet armement est visible sur des photos diffusées par le mouvement séparatiste, montrant Ibrahim Ghali présidant une cérémonie de livraison dans ce qui est censé être Bir Lahlou.
Bir Lahlou est un lieu-dit dans le no man’s land situé à l’est de la ceinture de sécurité marocaine. Si cérémonie il devait y avoir, elle ne pouvait décemment avoir lieu à Tindouf. Le polisario l’a donc située à Bir Lahlou. Il est évidemment impossible de savoir si c’est vrai.
Les armes en question sont présentées comme neuves. Un examen des photos montre quelques dizaines de véhicules blindés ou de transport en bon état. Cet armement pourrait être neuf comme il pourrait provenir des stocks de l’armée algérienne. Quoi qu’il en soit, il provient de l’Algérie.
A supposer que cette livraison comprend, comme l’annoncent des sources non vérifiables, des lance-roquettes, elle ne présente pas de menace pour l’armée marocaine.
Depuis que la Libye avait arrêté ses fournitures dans les années 80, l’Algérie est devenue le seul fournisseur du polisario. Au début des années 80, la Libye et probablement Cuba avaient livré des missiles sol-air sophistiqués (SAM-6 notamment), des orgues de Staline, des BMP. Par contre, l’Algérie n’a jamais livré d’armement stratégique ou sophistiqué.
Le nouvel arrivage, s’il était confirmé, est donc au mieux, un renouvellement de matériel existant: blindés légers BTR, véhicules 4x4, canons bitubes, lance-roquettes. Le mouvement garde de l’époque libyenne deux batteries SAM-6 et une batterie SAM-9.
Comme le montre la carte, il est difficile d’accéder à Bir Lahlou sans passer par le territoire mauritanien. Bir Lahlou est déjà assez loin de Tindouf. Guergarate est encore beaucoup plus loin. Il paraît impossible au mouvement séparatiste de lancer des troupes nombreuses et équipées à proximité de Guergarate.
Le mouvement séparatiste dispose de 7.000 à 10.000 hommes. Ils paradent beaucoup, posent devant des caméras, mais cela fait au moins 25 ans, qu’ils évitent tout engagement direct contre les FAR. A Guergarate, ils ont beau avoir installé un barrage, ils n’ont pas tiré une seule balle contre des véhicules qui ont refusé de s’arrêter, se contentant de les caillasser.
La région risque-t-elle de s’embraser? Tout est relatif. Militairement parlant, le dernier mot reviendrait au Maroc, qui nettoierait toutes les zones situées à l’extérieur du mur en quelques semaines.
Cela, tout le monde le sait, dans la région et dans les instances internationales.
Si le polisario attaque le premier, il sera écrasé.
S’il continue ses provocations dans les environs de Guergarate et s’il persiste à ne respecter ni l’accord militaire (avec la Minurso) ni le trafic routier international, le Maroc n’aura d’autres choix que de sécuriser lui-même cette zone.
La situation actuelle en fait ne peut être comprise qu’avec les clés suivantes:
-pour le Maroc, seul le statu quo actuel est inacceptable. Le statu quo actuel, c’est un polisario qui contrôle la route entre Guergarate et la Mauritanie.
Par contre, le retour au statu quo ante ne pose pas problème. Ni une solution militaire qui consisterait à sécuriser toute la zone par une intervention rapide. Cette seconde solution toutefois, peut avoir un coût diplomatique notamment après le retour à l’UA, la demande d’adhésion à la CEDEAO et la prochaine discussion du dossier du Sahara au conseil de sécurité fin avril.
-pour l’Algérie, la situation actuelle présente le gros intérêt de servir d’écran aux revers diplomatiques et économiques accumulés par le régime.
-pour le polisario, les gesticulations actuelles, relayées par des médias, lui permettent d’exister. Ibrahim Ghali a besoin de légitimité. Il veut se construire une stature de leader. Il se met constamment en avant.
Le Maroc va rester certainement très vigilant et veiller à ses intérêts. Toutes les options restent ouvertes.
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