Exclusif. En direct de Raqqa, la capitale de Daesh

Raqqa, ville située à l’Est de la Syrie, est la capitale de Daesh. Une quinzaine de jeunes activistes dénoncent sur la toile les atrocités des combattants de l'organisation de Baghdadi, au péril de leur vie. Médias 24 a recueilli le témoignage de l'un d’entre eux.

Exclusif. En direct de Raqqa, la capitale de Daesh

Le 14 octobre 2014 à 17h34

Modifié le 14 octobre 2014 à 17h34

Raqqa, ville située à l’Est de la Syrie, est la capitale de Daesh. Une quinzaine de jeunes activistes dénoncent sur la toile les atrocités des combattants de l'organisation de Baghdadi, au péril de leur vie. Médias 24 a recueilli le témoignage de l'un d’entre eux.

Dans les rues de la ville de Raqqa, qui compte quelque 200.000 habitants, des groupes d’hommes armés patrouillent et font appliquer au reste de la population les règles de vie du califat. Hommes, femmes et enfants subissent le diktat des combattants de Daesh depuis que ces derniers se sont emparés de la ville il y a maintenant un an.

Mais depuis mars dernier, un groupe de jeunes activistes ont choisi de dénoncer sur Internet les crimes de l’organisation terroriste. Sous couvert d’anonymat, ils prennent des images terrifiantes qu’ils diffusent ensuite sur les réseaux sociaux et apportent des témoignages en temps réel. «Raqqa se fait égorger en silence» est le nom de ce mouvement de résistance qui compte une quinzaine de membres et qui a lancé le site raqqa-sl.com.

Parmi eux, Abou Ibrahim Raqqaoui, pseudo d’un ancien étudiant en médecine de 22 ans qui a déserté sa fac dès le début de la révolution, en juillet 2011, pour rejoindre les troupes des rebelles syriens. Aujourd'hui, c'est l'une des rares voix qui témoignent au quotidien sur ce qui se passe à l'intérieur de la ville.

Il y a un mois, il a dû quitter Raqqa car les combattants de Daech l’ont condamné à mort. Cela ne l’a pas empêché de poursuivre sa résistance sur la toile. Joint sur Skype par notre rédaction, il nous raconte le quotidien des habitants de la ville.  

«La vie quotidienne à Raqqa est totalement contrôlée par les extrémistes de Daech, après en avoir chassé d’autres djihadistes, ceux du Front al-Nosra. Depuis près d’un an, nous observons plusieurs abus de la part de Daesh contre des rebelles et des civils, incluant des enlèvements et des exécutions publiques», nous raconte-t-il.

«Depuis mars dernier, une quinzaine de jeunes tous âgés entre 20 et 30 ans, et moi-même, avons lancé un mouvement de résistance pour dénoncer les atrocités de Daech», raconte celui qui avait récemment réussi à filmer une vidéo où on voit les djihadistes assassiner plus de 250 soldats du régime de Bachar al-Assad. «Un véritable carnage. Dans la même journée, ils ont tué 400 soldats dans des endroits différents», dit-il.

«Malheureusement, ils ont exécuté un des membres de notre mouvement de résistance de manière très brutale, puis ils ont renvoyé le corps à ses proches. C’était un message pour nous autres. Ensuite, ils ont émis une fatwa pour ordonner mon exécution, qu’ils ont diffusée durant trois prêches consécutifs du vendredi. C’est pour cela que j’ai quitté Raqqa, et que je vies loin de ma famille», regrette Abou Ibrahim Raqqaoui.

«Nous vivons comme au temps de la jâhilîya»

«La vie est devenue extrêmement difficile. Les prix des produits alimentaires ont flambé. Les habitants vivent dans la précarité et la misère (…), l’électricité est coupée 20 heures par jour», témoigne-t-il.

«D’ailleurs, depuis qu’une partie des raids aériens contre les djihadistes de Daesh a touché ses installations pétrolières, les prix de l’électricité ont flambé. Daech a aussi fermé la plupart des écoles tout en imposant aux enfants de porter la tenue islamique. L’organisation terroriste a aussi instauré une taxe pour tous les commerces de la ville et n’hésite pas à fermer les commerces de ceux qui refusent de payer», ajoute-t-il.

«Aujourd’hui, nous vivons comme au temps de la jâhilîya. Les gens sont excédés, mais sont trop pauvres pour quitter la ville. Alors, ils vivent dans la crainte et ne savent pas de quoi demain sera fait».

Les combattants de Daesh sont très puissants

Face à la puissance de l’organisation terroriste, le jeune résistant semble peu confiant en l’avenir: «En réalité, les combattants de Daech sont très puissants. Ils sont armés et disposent d’une expérience poussée des guérillas. Ils occupent la ville d’une main de fer et disposent d’un appareil de propagande particulièrement développé. L’organisation compte aussi un bataillon de combattants constitué de femmes en niqab qui se font appeler Katibat El Khansa. A cause d’elles il nous est encore plus difficile de filmer les crimes de Daech», dit-il.

«De toutes façons, il n’y a eu aucune tentative sérieuse pour sauver la ville. L'Armée syrienne libre a tenté de le faire à deux reprises, en août 2013 puis en janvier 2014. Mais les deux tentatives se sont soldées par des échecs. Pour en finir avec Daech, il faut d’abord faire tomber  le régime de Bachar Al-Assad. Ensuite, il faut soutenir les rebelles syriens et l'Armée syrienne libre », conclut-il.

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