Cinq semaines après l’entrée en vigueur de l'embargo imposé par la Russie aux produits alimentaires européens et américains, la commission mixte maroco-russe était l’un des rendez-vous les plus attendus par les opérateurs marocains qui voient dans cette guerre commerciale une opportunité réelle pour booster leurs exportations. 

Et s’il est vrai que les deux parties ont abordé durant la commission mixte un large éventail de questions liées aux relations bilatérales dans plusieurs domaines tels que les énergies, le tourisme ou encore la coopération scientifique, l’agriculture a été de l’avis de plusieurs experts le fait marquant de cette commission.

Equivalence phytosanitaire

Pour l’heure, aucune convention n’a été signée et aucun projet concret n’a été présenté. Toutefois, plusieurs points importants ont été discutés. Et l’un des points les plus importants concerne le volet phytosanitaire.

Les légumes, les agrumes et le poisson marocains doivent en effet être enregistrés auprès des services phytosanitaires russes. Or, toutes les entreprises exportatrices marocaines ne sont pas enregistrées.

Afin d’y remédier, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et le Service fédéral de la surveillance vétérinaire et phytosanitaire de Russie ont discuté la possibilité de créer une sorte d’équivalence qui consiste à reconnaître mutuellement l’aspect phytosanitaire.

«Concrètement, le service concerné en Russie pourra agréer les compagnies marocaines sur la base d’une liste fournie par l’ONSSA sans aucune obstruction», nous explique une source autorisée au sein de la délégation russe.  

Contacté par nos soins, Ahmed Bentouhami, DG de l’ONSSA, confirme qu’«un dossier concernant l’accélération de l’enregistrement a été abordé durant la commission mixte. Il faut savoir que la Russie travaille selon un système d’enregistrement. Or, toutes les sociétés marocaines exportatrices ne sont pas enregistrées. Donc ce sujet a été discuté et il y a eu beaucoup d’avancées dans ce sens».

En attendant que les discussions pour la création d’une équivalence phytosanitaire puissent aboutir, 87 usines marocaines de produits halieutique ont bénéficié de l'autorisation sanitaire des autorités russes afin de pouvoir exporter leurs produits.

Augmentation des volumes d’échanges

Le second point concerne l’augmentation des volumes d’échanges. D’un côté, la Russie aimerait booster ses exportations de blé vers le Maroc et occuper davantage la part de marché laissée vacante par l’Ukraine. «Durant le premier trimestre de 2014, les exportations russes de blé vers le Maroc ont connu une augmentation de 40% par rapport à la même période une année auparavant en raison de la situation actuelle en Ukraine, qui est un important fournisseur de blé pour le Maroc», nous explique une source de la délégation russe.

De l’autre côté, le Maroc aimerait booster ses ventes d’agrumes et de primeurs- deux produits que le Maroc exporte traditionnellement vers la Russie-, mais aussi ses exportations de poisson et d’huile d’olive.

On retiendra cette déclaration passée presque inaperçue mais qui devrait réjouir les opérateurs marocains. Elle a été prononcée mercredi à Rabat par le ministre de l’agriculture russe, Nikolaï Fedorov: «Les autorités russes sont prêtes à augmenter de 40% les importations agricoles en provenance du Maroc pour cette année».

Présence accrue de la Russie lors du SIAM

Le troisième point concerne la place accordée à la Russie lors du prochain Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM). Les discussions portent d’un côté sur l’organisation d’un forum russo-arabe en marge du salon, avec la présence de plusieurs pays du monde arabe.

«Ce forum sera l’occasion de discuter des questions d’intérêt commun telles que les investissements, les achats de produits, la santé animale, les technologies, les engrais, les équipements et la logistique», lit-on sur le PV signé mercredi entre les deux parties en clôture de la commission.

D’un autre côté, il est prévu qu’un grand pavillon institutionnel russe soit installé au salon organisé à Meknès en avril 2015.  

«Les deux parties ont noté avec satisfaction l’arrangement qui a eu lieu entre le Conseil d’affaire arabo-russe et le Salon international de l’agriculture de Meknès, pour l’installation d’un pavillon institutionnel russe au siam au mois d’avril 2015 », précise le PV.

Des entreprises mixtes pour régler les problèmes logistiques

Afin se faciliter les échanges, des membres de la commission ont suggéré la création d’entreprises mixtes qui auront pour mission la recherche, la production et l’amélioration du volet logistique pour que les produits marocains - notamment les produits halieutiques- puissent arriver à temps auprès des consommateurs russes.