Egypte: Sissi devient président un an après avoir destitué Morsi

L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président de l'Egypte après avoir éliminé toute opposition, a prêté serment dimanche au cours d'une cérémonie qui n'a fait qu'entériner son pouvoir de fait sur le pays depuis près d'un an.

Egypte: Sissi devient président un an après avoir destitué Morsi

Le 8 juin 2014 à 9h34

Modifié le 8 juin 2014 à 9h34

L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président de l'Egypte après avoir éliminé toute opposition, a prêté serment dimanche au cours d'une cérémonie qui n'a fait qu'entériner son pouvoir de fait sur le pays depuis près d'un an.

Elu avec 96,9% des voix, le maréchal à la retraite a "juré au nom de Dieu tout-puissant de préserver le système démocratique et de respecter la Constitution" de l'Egypte devant les juges de la Cour Constitutionnelle suprême et le président par intérim sortant, Adly Mansour.

M. Sissi, alors chef de la toute puissante armée, avait nommé lui-même Adly Mansour le 3 juillet 2013, le jour où il avait destitué et fait emprisonner le président islamiste Mohamed Morsi, premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte mais vite devenu impopulaire.

Puis le gouvernement intérimaire dirigé de fait par M. Sissi a mené une implacable et sanglante répression contre les partisans de M. Morsi, notamment sa confrérie islamiste des Frères musulmans, avant de s'en prendre aux mouvements d'opposition libéraux et laïques, dont les manifestations ont été interdites et les leaders arrêtés et jugés.

Les Frères musulmans avaient remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak après une révolte populaire début 2011, mais le nouveau pouvoir les a interdits et décrétés "organisation terroriste" en décembre dernier.

M. Sissi, qui jouit d'un véritable culte de la personnalité, a ensuite remporté la présidentielle des 26, 27 et 28 mai avec 96,9% des suffrages exprimés, face à un unique et pâle rival, le leader de gauche Hamdeen Sabbahi. La participation avait été de 47,5%.

La Cour constitutionnelle suprême avait été dès samedi soir encerclée par un imposant dispositif de sécurité, dans un pays en proie, depuis la chute de M. Morsi, à une vague d'attentats qui ont tué, selon le gouvernement, plus de 500 policiers et soldats, et revendiqués par des groupes disant s'inspirer d'Al-Qaïda.

La prestation de serment devait être suivie de deux cérémonies dans des palais présidentiels. Hormis quelques souverains du Golfe, le roi de Jordanie et le président palestinien, ainsi que quatre chefs d'Etat africains, peu de personnalités sont attendues.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, qui avaient hésité, avant d'y renoncer, à qualifier la destitution de M. Morsi de "coup d'Etat" mais dénoncé la répression, ont fini par entériner la prise du pouvoir par M. Sissi. Et à se ranger à la nécessité de maintenir des relations fortes avec le plus peuplé des pays arabes, stratégique dans le processus de paix israélo-palestinien et allié-clé dans la lutte contre le "terrorisme" islamiste.

Certes, pour justifier son coup de force, M. Sissi a invoqué les millions d'Egyptiens qui avaient manifesté pour réclamer le départ de M. Morsi, accusé d'avoir voulu accaparer tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et d'islamiser à marche forcée la société.

Mais depuis le 3 juillet, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15.000 Frères musulmans emprisonnés, dont la quasi-totalité de leurs leaders qui encourent la peine capitale, et des centaines ont été condamnés à mort en quelques minutes dans des procès de masse qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" de l'Humanité. Des ONG internationales ont déjà dénoncé le retour à un régime "plus autoritaire que celui de Moubarak".

Aussi, Washington et les capitales de l'Union européenne ont félicité le nouvel élu mais insisté sur la nécessité de respecter au plus vite les droits de l'Homme.

Les Etats-Unis ne sont représentés dimanche que par un conseiller du secrétaire d'Etat John Kerry et les capitales de l'Union européenne par leurs ambassadeurs.

En revanche, à l'exception du Qatar, les pays du Golfe qui ont toujours exprimé un soutien sans faille -surtout financier- à M. Sissi pourfendeur des Frères musulmans qu'ils redoutent sur leurs territoires, seront représentées au plus haut niveau.

L'Arabie saoudite par le prince héritier Salmane ben Abdel Aziz, le Koweït par l'émir, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, et Bahreïn par le roi Hamad ben Issa al-Khalifa.

Les présidents de l'Erythrée Issaias Afeworki, de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, du Tchad Idriss Deby et de la Somalie Hassan Cheikh Mohamoud, sont également annoncés. (Avec AFP)

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