Syrie: Obama fait un pas en arrière

Le président américain Barack Obama a annoncé une action militaire proche contre le régime syrien, sans donner de précision, mais sans avoir à attendre obligatoirement le résultat de l’inspection de l’ONU.

Syrie: Obama fait un pas en arrière

Le 31 août 2013 à 18h10

Modifié le 31 août 2013 à 18h10

Le président américain Barack Obama a annoncé une action militaire proche contre le régime syrien, sans donner de précision, mais sans avoir à attendre obligatoirement le résultat de l’inspection de l’ONU.

S’exprimant à ce sujet vers 18H00 GMT,  il a annoncé que le régime syrien est responsable de cette attaque et qu’il demandera un feu vert du congrès pour lancer des frappes.

« Le droit doit s’imposer dans le monde et pas la force », a-t-il justifié dans son intervention, oubliant les innombrables souffrances du peuple palestinien et les crimes contre l’humanité dont il a été l’objet. En d’autres termes, le droit n’est pas le même pour tous.

L’intervention militaire américaine ne se fera pas sans un vote du congrès, qui prendra du temps obligatoirement. Mais Barack Obama s’est montré déterminé, sans rien dire de précis à part cette détermination.  et un moralisme habituel aux Etats Unis. Il a précisé aussi qu’il n’y aura pas de troupes au sol. Le fantôme de l’Afghanistan, celui de l’Irak rôdent indéniablement dans les couloirs de la Maison Blanche et dans les colonnes des journaux.

Le président élu anti-guerre et prix Nobel de la paix continuera finalement à décevoir tout le monde.

Damas le doigt sur la gâchette

L'armée syrienne a de son côté affirmé samedi avoir "le doigt sur la gâchette" face à une possible frappe étrangère, Washington et Paris semblant tous les deux déterminés à agir contre le régime de Damas.

"L'armée (syrienne) est prête à faire face à tous les défis et à tous les scénarios", a menacé le Premier ministre syrien Waël al-Halqi dans une déclaration écrite, à la télévision d'Etat, laissant entendre la possibilité de représailles contre Israël. "Elle a le doigt sur la gâchette", a-t-il insisté, dans une bravade. Damas n’osera jamais attaquer Israël, personne n’est dupe.

Fidèles alliés du régime de Damas, Téhéran et Moscou sont également de nouveau montés au créneau contre d'éventuelles frappes contre Damas.

"Le fait que les Américains croient qu'une intervention militaire sera limitée à l'intérieur des frontières de la Syrie est une illusion, elle provoquera des réactions au-delà de ce pays", a déclaré le commandant Mohammad Ali Jafari, le chef des Gardiens de la révolution islamique - l'armée d'élite du régime iranien.

Le président russe Vladimir Poutine a de son côté qualifié d'"absurdité totale" les accusations d'utilisation d'armes chimiques par la Syrie, rejetant l'idée que l'armée syrienne ait pu "fournir un tel prétexte" à une intervention étrangère.

Il a demandé aux Etats-Unis de montrer leurs preuves à l'ONU. Sinon, "cela veut dire qu'il n'y en a pas", a insisté le président russe dont le pays a envoyé deux nouveaux bateaux de guerre en Méditerranée."Les forces syriennes sont à l'offensive et cernent l'opposition dans plusieurs régions. Dans ces conditions, fournir un atout à ceux qui appellent à une intervention armée serait une absurdité totale", a encore déclaré M. Poutine.

Le pouvoir syrien - qui nie avoir utilisé des armes chimiques, et qui retourne ces accusations contre les rebelles qui veulent le renverser - qualifie de "mensonges" le rapport des renseignements américains sur une implication de son armée dans une attaque chimique qui a fait 1.429 morts dont 426 enfants, le 21 août près de Damas. Evoquant un bilan encore provisoire, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que plus de 500 personnes, dont 80 enfants, avaient été tuées dans cette attaque présumée du 21 août près de Damas.

Après le départ samedi des experts de l'ONU en armes chimiques de Damas, une fenêtre d'opportunité pour d'éventuelles frappes s'était ouverte selon les experts, alors que M. Obama doit participer les 5 et 6 septembre au sommet du G20 à Saint-Petersbourg.

Les Syriens fuient ou se préparent à une frappe

De son côté, la Ligue des Etats arabes, divisés sur le dossier syrien, a annoncé avoir avancé à dimanche une réunion de ses chefs de la diplomatie au Caire, après avoir fait porter mardi au régime syrien "l'entière responsabilité" de l'attaque chimique présumée.

Malgré l'opposition des autres grandes puissances -Londres, Moscou, Pékin- à une intervention militaire dans la guerre civile en Syrie, les présidents américain Barack Obama et français François Hollande veulent adresser un "message fort" au régime Assad.

Washington a expliqué ne s'attendre à rien de nouveau du rapport onusien sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par Damas.

M. Obama a même condamné "l'impuissance" du Conseil de sécurité de l'ONU face au conflit en Syrie qui a fait depuis mars 2011 plus de 100.000 morts et poussé des millions de personnes à fuir.

"L'enquête de l'ONU ne dira pas qui a utilisé ces armes chimiques. Ils vont seulement dire si de telles armes ont été utilisées. De par son mandat, la mission de l'ONU ne peut rien nous dire que nous n'ayons pas déjà partagé avec vous ou que nous ne sachions pas", a insisté vendredi le secrétaire d'Etat John Kerry, en qualifiant l'attaque de "crime contre l'humanité".

Ces derniers jours, les Etats-Unis ont renforcé leurs capacités près des côtes syriennes et disposent désormais de cinq destroyers équipés de missiles de croisière capables de mener des attaques ciblées contre des dépôts de munitions ou des infrastructures stratégiques du régime.

Les habitants de Damas, habitués au bruit des explosions en raison des combats incessants entre rebelles et soldats en banlieue ou dans des quartiers périphériques, redoutent une frappe.

"Rester à Damas et attendre les coups, c'est terrifiant", a affirmé Joséphine, une mère de famille de 50 ans, qui a décidé de partir au Liban voisin avec ses enfants. A la frontière libanaise, des journalistes de l'AFP ont vu des dizaines de familles syriennes passer samedi matin, dans un afflux régulier de voitures surchargées, passagers hagards et coffres ouverts débordant de sacs et de valises.

Les rues étaient en revanche vides à Damas en ce second jour de week-end, alors que des bombardements résonnaient en banlieue. Les habitants cherchaient à faire des provisions de carburant pour les générateurs électriques.

Un avertissement pour l'Iran et la Corée

Après le coup de théâtre jeudi du refus du Parlement britannique d'une intervention militaire, et face à l'impasse à l'ONU, Washington a dit pouvoir compter sur des alliés comme la France, la Ligue arabe et l'Australie.

Même s'il a affirmé n'avoir pas encore pris de "décision finale", M. Obama a évoqué une action "limitée" en Syrie, disant ne pas "pouvoir accepter un monde dans lequel des femmes, des enfants et des civils innocents sont gazés". Paris et Washington ont souligné ne pas chercher à renverser le régime Assad ni faire pencher l'équilibre des forces du côté des rebelles, mais vouloir faire en sorte que plus personne n'ait recours à des armes chimiques.

Au-delà de la Syrie, une action militaire doit servir d'avertissement à l'Iran, au Hezbollah ou à la Corée du Nord, a expliqué M. Kerry.

(Avec AFP, photo AFP)

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
Tags :

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.