TotalEnergies prend ses distances avec son partenaire gazier russe Novatek

(AFP)

Le 9 décembre 2022

A l'instar de BP et Shell et plus de neuf mois après le début de la guerre en Ukraine, le français TotalEnergies a pris ses distances vendredi avec l'un de ses partenaires russes, Novatek, tout en se maintenant dans le gaz naturel liquéfié (GNL) russe pour l'Europe qui grelotte.

Le groupe français a annoncé vendredi avoir décidé de ne plus comptabiliser dans ses résultats la participation de 19,4% qu'il détient dans le géant du gaz Novatek, son partenaire historique dans le pays.

Pour couvrir son désengagement progressif, TotalEnergies va inscrire une nouvelle dépréciation d'actifs, de 3,7 milliards de dollars, dans ses comptes, soit la quatrième depuis le début de l'année portant sur ses activités russes.

Ceci porte au total à 14,4 milliards de dollars la perte comptable qui sera endossée en 2022 par le groupe français pour couvrir les 13,7 milliards de dollars de capitaux qu'il détenait en Russie avant le déclenchement de la guerre en Ukraine en février, selon un document publié par le groupe.

Contrairement à d'autres majors occidentales, TotalEnergies a maintenu plus longtemps ses investissements en Russie, notamment dans les projets de GNL menés avec Novatek, une société russe privée, cotée à Moscou et à Londres, et qui n'est pas concernée par les sanctions européennes.

La solution envisagée vendredi prévoit aussi de retirer les deux représentants de TotalEnergies du conseil d'administration de PAO Novatek.

Cela isole la participation dans une sorte de cocon dormant qui ne rapporte plus rien au groupe français, sans pour autant favoriser d'éventuels actionnaires russes.

- Dividendes russes -

Le groupe explique vendredi ne "pas être en mesure de céder" ses 19,4% de participation dans Novatek "puisqu'il lui est interdit de vendre des actifs à un des principaux actionnaires de Novatek" qui, lui, est visé par les sanctions européennes, Guennadi Timchenko, un homme d'affaires russo-finlandais.

Mercredi, le britannique BP a indiqué qu'il détenait aussi toujours ses 19,75% du groupe russe Rosneft, en expliquant que leur cession était "complexe" à envisager.

En juin, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné avait de son côté expliqué à Ouest France que "faute de sanctions officielles" de l'Union européenne sur le GNL et Novatek, "dénoncer unilatéralement nos contrats de gaz de long terme avec la Russie obligerait le groupe à verser 40 à 50 milliards de pénalités" aux Russes. "Ce n'est pas raisonnable" avait-il dit.

Le patron répète également que l'Europe a d'autant plus besoin de GNL que les gazoducs de Gazprom ne livrent presque plus de gaz au continent.

Novatek, qui existe depuis 1994, constitue le partenaire historique de TotalEnergies en Russie, avec un mariage scellé en 2011, suivi du lancement en commun de l'exploitation de l'énorme champs gazier Yamal LNG en Sibérie arctique en 2013, dans lequel Totalenergies conserve ses 20%, et de la préparation de l'exploitation d'un deuxième champ gazier Artic LNG 2 (10%), aujourd'hui gelé.

Vendredi TotalEnergies a aussi souligné que son "retrait progressif des actifs russes" se faisait "en veillant à poursuivre l'approvisionnement en GNL de l'Europe".

Le champ Yamal produit 5 millions de tonnes de GNL par an, destinés essentiellement aux pays de l'UE qui ont rompu les liens avec les approvisionnements de Gazprom, fer de lance énergétique et pompe à finance du Kremlin.

Yamal échappe pour l'instant aux sanctions de Bruxelles, qui aura besoin de plus de GNL que dans le passé à partir du printemps pour remplir ses réserves et passer l'hiver prochain, en l'absence du gaz autrefois livré par Gazprom.

Greenpeace a critiqué vendredi le fait que TotalEnergies détienne "toujours des parts" dans Yamal (20%) et Arctic (10%), deux mégaprojets gaziers considérés "comme des bombes climatiques".

Reste aussi une question éthique et financière à résoudre, mise en lumière vendredi par l'économiste Maxime Combes, proche du mouvement Attac, qui demande dans un communiqué si TotalEnergies "va reverser à Kiev les 430 millions d'euros de dividendes reçus de Novatek pour 2022".

Pour Kiev, ces 430 millions d'euros sont "tachés de sang" et devraient être récupérés pour assurer "la reconstruction de l'Ukraine" souligne l'économiste, se faisant l'écho de responsables politiques ukrainiens.

Une conférence sur la reconstruction de l'Ukraine est prévue la semaine prochaine à Paris, à laquelle sont associés plusieurs grands industriels français.

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Le 9 décembre 2022

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