Plongés dans l'incertitude, les Afghans craignent pour leur emploi et leur avenir

(AFP)

Le 9 septembre 2021

Avant le retour des talibans au pouvoir, Latifa Alizada arrivait à faire bouillir la marmite pour ses trois jeunes fils et son mari au chômage grâce à son salaire d'infirmière à l'hôpital Jamhuriat à Kaboul.

Mais depuis le 15 août et la prise de Kaboul par le mouvement islamiste, l'avenir s'est brutalement obscurci pour la jeune Afghane âgée de 27 ans. Elle a quitté son emploi parce qu'elle n'était pas payée, et en raison des règles de non mixité et vestimentaires édictées par le nouveau régime.

"J'ai quitté mon emploi parce qu'il n'y a pas de salaire. Il n'y a pas de salaire du tout", explique-t-elle à l'AFP, en tenant par la main deux de ses fils.

"Si j'y vais, ils me disent: +Ne travaille pas habillée comme ça. Ne travaille pas avec des hommes. Travaille avec des femmes+. C'est impossible", poursuit la jeune femme rencontrée sur un marché de Kaboul. "Pour nous, il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes, car nous sommes des travailleurs médicaux".

Comme Latifa Alizada, de nombreux Afghans abordent les semaines et les mois qui viennent avec appréhension, inquiets pour leur avenir dans un pays, l'un des plus pauvres du monde, à l'économie ravagée par plus de quatre décennies de conflit.

En quelques semaines, le prix des denrées alimentaires est monté en flèche, le coût du carburant a augmenté et les occasions de se faire un peu d'argent se sont réduites comme peau de chagrin.

Tirant la sonnette d'alarme, les Nations unies ont mis en garde contre "des pénuries alimentaires, une inflation plus élevée et une chute de la monnaie" susceptibles d'aggraver encore un peu plus "l'urgence humanitaire dans tout le pays".

- Salaires à la baisse -

Dans certains secteurs, les talibans, dont le défi le plus urgent sera économique, auraient proposé des salaires à la baisse, selon plusieurs témoignages.

Un ancien douanier a confié à l'AFP s'être vu proposer 110 dollars par mois contre 240 dollars précédemment. A prendre ou à laisser.

"C'est à vous de décider si vous voulez continuer votre travail ou démissionner", ont dit les nouveaux maîtres du pays à cet employé, en poste à Spin Boldak, point de passage avec le Pakistan, depuis sept ans.

Après avoir pesé le pour et le contre, notamment le coût du trajet contre son nouveau salaire, le douanier, qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a finalement démissionné.

A Kaboul comme dans le reste du pays, les longues files d'attente devant les banques sont devenues monnaie courante. Pour éviter un effondrement du système financier, les retraits ont été limités à 200 dollars par semaine et par personne.

Mercredi, une bousculade s'est produite devant une succursale de la Kabul Bank, où des employés du gouvernement déchu détiennent encore des comptes.

Abdullah raconte à l'AFP avoir voyagé de nuit depuis la province de Takhar (Nord-Est), à la frontière avec le Tadjikistan, pour se rendre sur place. Il patientait toujours dans la file d'attente à midi.

"Le problème, c'est qu'après l'effondrement du gouvernement, toutes les banques ont été fermées", estime cet ancien commando âgé de 31 ans, précisant de ne pas avoir perçu de salaire depuis la prise de pouvoir des talibans.

"J'étais à mon poste depuis trois ou quatre mois, mon salaire était à la banque mais je n'ai pas pu le récupérer", ajoute-t-il, des propos qui font écho à d'autres témoignages de membres des forces de sécurité se plaignant de ne pas avoir reçu de salaire ces derniers mois.

La situation est tout aussi morose pour les petits commerçants. Assis sur un tabouret devant son magasin d'ustensiles de cuisine, un commerçant de Kaboul, qui requiert l'anonymat, affirme ne plus avoir de clients.

Depuis le 15 août, "toutes les affaires ont cessé", explique-t-il. "Les gens restent chez eux parce qu'il n'y a pas de travail."

"On ne trouve pas d'argent pour se nourrir. Les gens s'inquiètent de savoir comment ils vont manger le matin et le soir. Tout le monde s'inquiète pour son avenir", ajoute-t-il.

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Le 9 septembre 2021

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