Le président de la Fed maintient le suspense sur le rythme du resserrement monétaire

(AFP)

Le 27 août 2021

Il faudra encore attendre pour savoir quand la Banque centrale américaine (Fed) commencera à réduire ses achats d'actifs, et à quel rythme elle le fera, son président Jerome Powell ayant simplement évoqué vendredi la possibilité de lancer le mouvement en 2021.

"Bien que le variant Delta présente un risque à court terme, les perspectives sont bonnes pour la poursuite des progrès vers le plein emploi", a souligné le président de la Fed lors de son très attendu discours annuel de Jackson Hole (Wyoming).

Autrement dit, l'optimisme est de mise, mais l'institution préfère observer l'évolution de l'économie avant de communiquer un calendrier précis. Les marchés, qui plongent ou bondissent au moindre indice distillé sur le sujet, devront donc patienter encore un peu.

Jerome Powell a ainsi rappelé que lors de la dernière réunion du Comité monétaire de la Fed, fin juillet, il était d'avis, "comme la plupart des participants, que si l'économie continuait à évoluer comme prévu, il pourrait être approprié de commencer à réduire le rythme des achats d'actifs cette année".

Tous les signaux semblaient alors au vert. Mais si, depuis, l'emploi a encore fait d'importants progrès avec les bons chiffres de juillet, de nouveaux risques sont apparus avec la progression du variant Delta aux Etats-Unis, a-t-il souligné: "nous allons soigneusement évaluer les données (économiques) et l'évolution des risques".

Le variant Delta, en effet, qui a fait repartir les cas de contamination au Covid-19 dans le monde entier, y compris aux Etats-Unis, a déjà commencé à faire ralentir la reprise, ajoutant une nouvelle incertitude.

- Les taux attendront encore -

La Fed est "dans l'attente de données supplémentaires avant de s'engager", a commenté Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, qui table sur une annonce lors de la réunion de la Fed en novembre, avertissant cependant qu'"elle pourrait facilement être retardée si le rebond post-Delta prend plus de temps que prévu".

Depuis le début de l'épidémie, la Fed achète chaque mois pour 120 milliards de dollars de bons du Trésor et autres titres pour soutenir la reprise. Elle entend désormais alléger ce soutien qui, en fluidifiant le crédit et poussant les taux à la baisse, a permis aux marchés de rebondir de manière spectaculaire.

L'étape suivante sera de relever les taux directeurs, abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020. Mais cela ne devrait pas se produire avant 2023.

"Le calendrier et le rythme de la prochaine réduction des achats d'actifs ne seront pas destinés à transmettre un signal direct concernant le moment auquel les taux d'intérêt seront relevés", a encore affirmé M. Powell.

"Nous avons dit que nous maintiendrons les taux (...) à leur niveau actuel jusqu'à ce que l'économie ait atteint des conditions compatibles avec le plein emploi, et que l'inflation (...) soit en passe de dépasser modérément 2% pendant un certain temps", a-t-il détaillé.

Or, "nous avons beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre le plein emploi, et le temps nous dira si nous avons atteint 2% d'inflation de manière durable".

- "Néfaste" -

La Fed doit garantir le plein emploi et la stabilité des prix, et, sur ce dernier point, Jerome Powell a de nouveau mis en avant des "facteurs transitoires" pour expliquer la forte inflation des derniers mois. Il a aussi mis en garde sur les risques d'un tour de vis monétaire prématuré.

"Si une banque centrale resserre sa politique en réponse à des facteurs qui s'avèrent temporaires, les principaux effets se produiront probablement lorsque le besoin sera passé", ce qui "ralentit inutilement l'embauche et d'autres activités économiques et pousse l'inflation plus bas que souhaité".

"Aujourd'hui, avec un marché du travail toujours à la peine et la pandémie qui continue, une telle erreur pourrait être particulièrement néfaste", a-t-il mis en garde.

Le discours de Jerome Powell était l'unique intervention d'un symposium annuel de Jackson Hole au format inhabituel, entièrement virtuel pour la deuxième année d'affilée, à cause du Covid, et très resserré, sur une journée seulement.

L'écran d'ordinateur a donc de nouveau remplacé les paysages grandioses de la station de ski huppée du Wyoming, pour la traditionnelle grand-messe des banquiers centraux et économistes.

Les autres banques centrales en sont absentes, tandis que des des tables rondes sont prévues entre économistes, dont l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath.

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Le 27 août 2021

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