Le magnat Gautam Adani dément être redevable à Modi pour son ascension

(AFP)

Le 3 février 2023

Le magnat indien Gautam Adani, en pleine tourmente, a réfuté vendredi l'idée que son ascension au rang d'homme le plus riche d'Asie, titre qu'il a perdu cette semaine dans une phénoménale déroute boursière, soit due au Premier ministre indien Narendra Modi.

Ses commentaires sont intervenus alors que le titre Adani Enterprises, fleuron de son conglomérat, venait de plonger de 10% dès l'ouverture de la Bourse de Bombay, qui a suspendu la cotation de l'action à plusieurs reprises.

Celle-ci a dévissé de 30% dans la matinée et a terminé dans le vert, gagnant 1,25% à 1.584,20 roupies (19,33 USD).

La débâcle boursière du groupe déclenchée par des accusations de fraude comptable de la société d'investissements américaine Hindenburg Research la semaine dernière s'est poursuivie vendredi.

Adani Power, Adani Green Energy, Adani Total Gas, dont le géant français TotalEnergies détient 37,4%, et Adani Transmission ont également vu leur cotation suspendue vendredi matin.

TotalEnergies a jugé vendredi "limitée" son "exposition" liée à ses participations dans plusieurs coentreprises avec le groupe Adani. Le groupe français s'est félicité de l'annonce faite par Adani de "confier une mission d’audit général à l'un des quatre grands cabinets d’audit financier mondiaux".

- Marchés "bien réglementés" -

La ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, a assuré vendredi que les marchés de son pays étaient "bien réglementés" et que la débâcle boursière du conglomérat de Gautam Adani n'affecterait pas la confiance des investisseurs.

"Un seul cas, même s'il a fait couler beaucoup d'encre dans le monde, n'est pas révélateur de la façon dont les marchés financiers indiens sont gouvernés", a souligné Mme Sitharaman.

Le Parlement avait auparavant ajourné sa séance pour le deuxième jour d'affilée, les députés de l'opposition ayant vivement exigé du gouvernement un débat sur Adani et l'exposition des institutions financières indiennes au groupe.

Selon les détracteurs du magnat, sa proximité avec le Premier ministre Narendra Modi, tous deux originaires de l'État du Gujarat, l'a aidé à remporter des marchés et à éviter une surveillance adéquate.

- "Succès professionnel" -

"Ces allégations sont sans fondement", a-t-il objecté vendredi matin sur la chaîne de télévision India Today, ajoutant que le fait que les deux hommes soient nés au Gujarat faisait de lui une "cible facile".

"Le fait est que mon succès professionnel n'est pas dû à un seul dirigeant mais aux réformes politiques et institutionnelles initiées par plusieurs dirigeants et gouvernements sur une longue période de plus de trois décennies", a-t-il ajouté.

Le conglomérat de M. Adani subit les accusations de "manipulation éhontée des actions et d'un système de fraude comptable sur plusieurs décennies" portées par la société d'analyse en investissements Hindenburg Research.

Le groupe y avait réagi dimanche en se disant victime d'une attaque "malveillante" visant à salir sa réputation.

La capitalisation boursière combinée du conglomérat a chuté de plus de 120 milliards de dollars depuis la publication du rapport Hindenburg Research.

Gautam Adani a vu sa fortune personnelle dégringoler de plusieurs dizaines de milliards de dollars, ce quiu l'a fait sortir du Top 10 des grandes fortunes mondiales établi par Forbes en temps réel. Il a perdu son titre d'homme le plus riche d'Asie.

Le groupe Adani a annulé mercredi soir son offre publique de suivi (FPO) de 2,5 milliards de dollars d'actions d'Adani Enterprises qui avait été sursouscrite la veille, le magnat en difficulté ayant considéré qu'il ne serait pas "moralement correct" de poursuivre l'opération.

- "aucun impact immédiat" -

Cette vente était censée contribuer à réduire les niveaux d'endettement préoccupants de l'entreprise et à rétablir la confiance en élargissant sa base d'actionnaires.

Mercredi, le titre de Adani Enterprises avait fini les échanges sur une chute de 28,45%.

Selon l'agence Bloomberg, ce plongeon serait lié à une information selon laquelle le groupe bancaire Credit Suisse avait cessé d'accepter les obligations du conglomérat Adani comme garantie collatérale pour les prêts sur marge accordés à ses clients de la banque privée.

Interrogé par l'AFP, Credit Suisse n'a pas souhaité faire de commentaires.

Depuis, d'autres groupes bancaires comme Citigroup aux États-Unis ont fait de même, toujours selon Bloomberg, suscitant des inquiétudes quant à la manière dont Adani va pouvoir lever des fonds frais.

Les obligations se sont néanmoins légèrement redressées vendredi après que les banques Goldman Sachs et JPMorgan ont informé leurs clients que certaines parts du portefeuille Adani restaient solides, a rapporté Bloomberg, citant des sources ayant requis l'anonymat.

Selon un communiqué de l'agence de notation Fitch Ratings, le rapport Hindenburg n'a "aucun impact immédiat" sur les profils de crédit des entités notées d'Adani.

La banque centrale indienne a demandé aux prêteurs des détails sur leur exposition au groupe Adani dont les intérêts comprennent des ports, des télécommunications, des aéroports, des médias, du charbon, du pétrole et de l'énergie solaire, a rapporté Bloomberg citant des sources anonymes.

Dans son interview de vendredi, M. Adani a affirmé que 32% seulement des prêts contractés par ses entreprises concernaient des banques indiennes et que près de la moitié de leur dette relevait d'obligations internationales.

"Mon groupe et moi-même sommes convaincus que nous pouvons tenir nos promesses et faire des affaires dans n'importe quelle partie du monde", a-t-il également affirmé.

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Le 3 février 2023

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