La Lituanie montre l'exemple face à la Chine, dit son ministre des Affaires étrangères

(AFP)

Le 24 novembre 2021

La Lituanie montre au monde l'exemple pour "résister" aux pressions croissantes de la Chine, a déclaré mercredi son ministre des Affaires étrangères dans un entretien avec l'AFP.

"Une des plus grandes leçons que la Lituanie ait à offrir, c'est que l'intimidation économique n'oblige pas nécessairement un pays à renoncer à prendre ses décisions de politique étrangère de manière indépendante", a dit Gabrielius Landsbergis au cours d'une visite à Washington. "Vous allez probablement subir des menaces, vous allez être vilipendés dans les médias chinois, mais vous pouvez résister à cela."

Cet Etat balte, l'un des plus petits pays de l'Union européenne, s'est distingué sur la scène mondiale en laissant Taïwan ouvrir une ambassade de facto à Vilnius, et aussi en accueillant des dirigeants de l'opposition du Bélarus voisin qui revendiquent la victoire aux élections de l'an dernier, officiellement remportées par le président Alexandre Loukachenko.

Le chef de la diplomatie lituanienne a expliqué avoir parlé avec les responsables américains des efforts de son pays pour réduire sa dépendance aux produits chinois, et a appelé à des efforts de long terme pour aider d'autres capitales sous pression.

Alors que les Etats autoritaires évoquent un échec des systèmes occidentaux, "je dois dire que la seule faiblesse des démocraties est de ne pas toujours s'entraider", a-t-il estimé.

La Lituanie, comme la plupart des autres pays, reconnaît officiellement la Chine et non Taïwan, que Pékin considère comme une de ses provinces même s'il ne contrôle pas l'île.

- "Affinités" avec Taïwan -

Mais sa décision de laisser Taipei ouvrir sa représentation à Vilnius a suscité l'ire des autorités chinoises, qui ont limité leurs liens diplomatiques et commerciaux avec le pays européen.

Ces représailles démontrent que la Chine préfère se placer "en position de force et faire pression sur les autres pays" plutôt que de recourir à la "diplomatie", a constaté Gabrielius Landsbergis.

Selon lui, "les pays ont l'impression d'avoir une épée de Damoclès invisible au-dessus de leur tête" s'ils mécontentent Pékin.

Le ministre a assuré que d'autres capitales prenaient langue avec la Lituanie pour mieux connaître son expérience et qu'elles souhaitaient "à 100% avoir plus de marges pour prendre des décisions de politique étrangère de manière indépendante".

Les exportations lituaniennes vers la Chine ne représentent que 250 millions d'euros par an, mais le diplomate a fait valoir que le principal problème était lié aux composants chinois des chaînes d'approvisionnement. Il a évoqué un effort coordonné pour accroître la part des partenaires démocratiques dans ce processus.

Alors que certains Européens ont critiqué une politique étrangère américaine de plus en plus tournée vers l'Asie, Gabrielius Landsbergis a déclaré que son pays voulait être un partenaire "responsable" au sein de l'Otan et montrer son intérêt pour cette région indo-pacifique.

Il a affirmé que les Lituaniens, qui ont vécu sous le pouvoir soviétique, ressentaient des "affinités" avec les Taïwanais.

La relation est plus évidente encore s'agissant du Bélarus, où les opposants sont visés par la répression d'Alexandre Loukachenko.

La Lituanie, qui a accueilli la cheffe de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa, a appelé l'Occident à faire preuve d'unité pour contrer la "manipulation" des migrants par Minsk.

Américains et Européens accusent le président bélarusse d'encourager les flux de migrants du Moyen-Orient à passer par son pays pour entrer dans l'UE.

Par le passé, Alexandre Loukachenko arrêtait puis libérait des prisonniers politiques en échange d'une levée des sanctions, a dit Gabrielius Landsbergis. "C'était sans fin. On a l'impression qu'il veut reproduire quelque chose de ce genre avec les migrants", a-t-il prévenu.

Il a aussi mis en garde contre la possibilité que le président russe Vladimir Poutine, principal allié du dirigeant bélarusse, soit en train de berner tout le monde avec ses actuels mouvements de troupes près de l'Ukraine, qui alarment l'Occident.

"Il n'est pas impossible que Poutine allume suffisamment de feux pour nous empêcher de comprendre quel sera son prochain coup, et que nous nous réveillons un jour avec un Bélarus sous contrôle de l'armée russe" pour éteindre même la "dernière petite flamme de souveraineté" de son voisin, a-t-il dit.

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Le 24 novembre 2021

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