Italie: la populiste Giorgia Meloni se convertit à l'orthodoxie budgétaire

(AFP)

Le 21 novembre 2022

Aux antipodes des discours électoralistes, la nouvelle cheffe du gouvernement d'extrême droite italien Giorgia Meloni s'apprête à boucler un projet de budget pour 2023 qui s'inscrit dans le droit fil de la politique prônée par son illustre prédécesseur Mario Draghi.

Giorgia Meloni voudrait éviter à tout prix la mésaventure du dernier gouvernement populiste formé en 2018 par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue (extrême droite), engagé dans une bataille avec Bruxelles sur les déficits avant de faire marche arrière face au tollé sur les marchés.

"L'Italie respectera les règles" européennes, a-t-elle promis lors de son discours de politique générale fin octobre. Alors qu'elle a eu fort à faire pour freiner ses alliés, la Ligue et Forza Italia qui poussent à la dépense, son premier budget devrait passer en conseil des ministres lundi soir.

Le budget consacrera 21 milliards d'euros aux mesures de soutien aux ménages et entreprises face à la flambée des prix de l'énergie, sur un total d'environ 32 milliards d'euros, ce qui laisse très peu de marge pour financer des cadeaux électoraux.

"Jusqu'ici, le gouvernement a fait preuve de pragmatisme et réalisme" et reconnaît que ses promesses électorales ne peuvent pas être réalisées d'un seul coup, mais "s'étaleront sur la période du mandat" de cinq ans, constate Lorenzo Codogno, ex-économiste en chef du Trésor italien.

- Les remèdes de Mario Draghi -

"Avec le ralentissement de l'économie mondiale et la hausse des taux d'intérêt, ils sont obligés de rester prudents", explique-t-il à l'AFP. "Le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti appartient à l'aile modérée de la Ligue, il appliquera principalement les remèdes de Mario Draghi".

M. Giorgetti, ancien ministre du Développement économique de M. Draghi, compte mettre en oeuvre les mesures électorales à des doses homéopathiques, quitte à froisser le chef de son parti, Matteo Salvini.

"C'est un budget prudent et responsable, en continuité avec le gouvernement Draghi, à part quelques mesures symboliques qui ont peu d'impact sur les comptes mais s'adressent à l'électorat", commente pour l'AFP Giuliano Noci, professeur de stratégie à l'école Polytechnique de Milan.

Mesure phare de la coalition, l'extension d'un impôt forfaitaire de 15% pour les auto-entrepreneurs à des revenus annuels de 100.000 euros au lieu de 65.000 actuellement, devrait ainsi s'arrêter à 85.000 euros dans un premier temps.

Alors que Mme Meloni s'est engagée à "réduire la pression fiscale sur les entreprises et les ménages", le rabais pourrait être limité à 2% pour les salaires jusqu'à 35.000 euros par an, comme sous Mario Draghi, et passer à 3% pour les revenus inférieurs à quelque 20.000 euros.

Parmi les promesses électorales figurent aussi des amnisties fiscales pour inciter les contribuables à régulariser leur situation en échange d'une remise sur l'argent dû.

Au programme également, le relèvement du plafond des paiements en espèces qui devrait passer à 5.000 euros, contre 2.000 euros aujourd'hui.

"C'est un voyage en première classe pour les fraudeurs et corrompus qui se promènent avec des pots-de-vin en liquide", a protesté Giuseppe Conte, chef du Mouvement 5 Etoiles.

- Casse-tête des retraites -

Une autre mesure controversée, susceptible de déplaire à Bruxelles, est l'avancement de l'âge de départ à la retraite, qui devrait s'établir à 62 ans à condition d'avoir cotisé pendant 41 ans.

Sans cette mesure transitoire, l'âge de départ à la retraite passerait de 64 à 67 ans en 2023, comme prévu par une réforme datant de 2011.

"Abaisser l'âge de départ à la retraite n'est pas très opportun, car l'Italie compte beaucoup de personnes âgées et peu de jeunes qui travaillent", a mis en garde M. Noci.

Pour financer ces mesures, le gouvernement Meloni compte raboter le revenu de citoyenneté, une aide aux plus pauvres perçue par 2,5 millions de bénéficiaires, pour exclure à terme ceux jugés en état de travailler.

Autre source de financement, la taxation des "surprofits" des géants énergétiques instauré en mars par le gouvernement Draghi pourrait passer de 25% à 33% et se baser sur les bénéfices et non plus le chiffre d'affaires.

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Le 21 novembre 2022

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