Inde: médecin et influenceuse, une femme transgenre milite pour la liberté d'“être soi-même”

(AFP)

Le 25 novembre 2021

Militante transgenre indienne, chirurgienne en devenir et influenceuse sur les réseaux sociaux, à 24 ans à peine, Dr Trinetra Haldar Gummaraju se bat pour la liberté d'"être soi-même".

"J'ai toujours été la femme que je suis", affirme-t-elle à l'AFP. Pourtant son entourage ne la percevait pas comme telle.

Dès quatre ans, Trinetra Gummaraju a enduré brimades et moqueries chaque fois qu'elle se faisait surprendre à exprimer sa féminité, comme lorsqu'elle enfilait les saris de sa mère ou tentait de marcher sur des talons hauts.

"Mes parents me voyaient comme un mâle déficient", se souvient-elle.

Des garçons plus âgés l'agressaient, des enseignants l'humiliaient et un psychiatre a conseillé à sa famille de la soumettre à des "influences plus masculines".

Personne n'avait envisagé que Trinetra, aujourd'hui chirurgienne en formation au KMC Manipal, l'un des meilleurs hôpitaux universitaires du pays, puisse être transgenre.

"Je ne m'autorisais pas à remettre en question mon identité sexuelle parce que les transgenres ont une image tellement négative dans ce pays", confie-t-elle, "on les trouve effrayants, vulgaires, dangereux".

Dans le pays de l'hindouisme où une grande majorité de la population vénère des divinités qui se métamorphosent à l'envi, changeant notamment de sexe sans faire sourciller, la communauté transgenre est largement maintenue en marge de la société, livrée à la mendicité et la prostitution pour survivre.

- "Je me reconnaissais enfin" -

A l'adolescence, avec la découverte des moeurs normées d'une société policée, la haine d'elle-même s'est aggravée au point de commencer à se mutiler.

Mais la possibilité d'une place dans le monde s'est matérialisée avec son admission à l'école de médecine, une réussite qui a suscité admiration et respect, même à contre-coeur parmi ses détracteurs.

Là, elle a rencontré une communauté plus solidaire, notamment un thérapeute qui l'a encouragée, avec délicatesse, à assumer son genre. Alors, elle s'y est risquée sur Instagram, dit-elle, "un espace en ligne où je pouvais être moi-même".

Aujourd'hui, plus de 220.000 abonnés suivent son compte. Malgré ses débuts critiqués par certains professeurs et étudiants conservateurs, elle s'exprimait enfin telle qu'elle était vraiment.

Elle est sortie du bois en annonçant qu'elle était transgenre d'abord à sa famille, qui désormais la soutient, puis sur sa page Facebook, suivie par des centaines de personnes.

Elle a commencé par adopter le nom d'une déesse hindoue, Trinetra, puis par suivre un traitement hormonal substitutif en 2018 avant de subir une intervention chirurgicale en février 2019.

Ce fut une période euphorique, se souvient-elle, même si elle a dû rester allongée tout un mois pour sa convalescence. "Voir son corps changer de silhouette, c'est comme voir le brouillard se dissiper", raconte-t-elle, "je me reconnaissais enfin dans le miroir".

- Méfiance cisgenre -

Des répercussions inattendues l'ont toutefois troublée. "C'est fort malheureux que l'une des choses qui m'a fait réaliser que j'étais désormais une femme (...) a été de me faire siffler et peloter", regrette-t-elle.

La jeune femme a également reçu des menaces de viol après avoir posté des "selfies glamour", comme les femmes cisgenres (dont le sexe de naissance et la psychologie sont en accord) en subissent partout, tout le temps. "J'ai découvert beaucoup de points communs avec les femmes cisgenres".

Mais certaines féministes cisgenres occidentales se méfient et refusent que les espaces réservés aux femmes s'ouvrent aux femmes transgenres, estimant que cela s'apparenterait, malgré tout, à une incursion mâle dans le gynécée.

"Certaines femmes ne semblent pas comprendre que nous ne sommes pas des hommes cisgenres. Nous ne sommes pas une menace" pour les femmes, affirme-t-elle, "les discours alarmistes doivent cesser".

La communauté transgenre souffre de multiples préjudices, elle doit réaliser que "les choses s'améliorent", dit-elle encore: "Nous, médecins, savons que les êtres humains sont résilients par défaut. Il faut avoir foi en sa capacité de guérison".

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Le 25 novembre 2021

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